Rollerball : la critique du film (1975)

Science-Fiction, Action | 2h05min
Note de la rédaction :
7/10
7
Rollerball, l'affiche

  • Réalisateur : Norman Jewison
  • Acteurs : James Caan, John Houseman, Maud Adams, John Beck, Moses Gunn
  • Date de sortie: 17 Sep 1975
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Éditeur vidéo : L'Atelier d'images
  • Sortie vidéo : Le 4 décembre 2018
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 591 535 entrées / 251 845 entrées
  • Box-office USA : 30 M$
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans
Note des spectateurs :

Dénonciation un peu pâteuse des dérives de notre société, Rollerball est toutefois une œuvre intéressante et diablement efficace, à défaut d’être fine.

Synopsis : En l’an 2018, les nations ont disparu, remplacées par des technocrates qui donnent au peuple l’aisance matérielle, au détriment de leur libre arbitre. Le jeu le plus apprécié est le Rollerball, sorte de jeu du cirque romain ultra-violent. Devenant de plus en plus populaire, le capitaine de l’équipe de Houston gêne le pouvoir en place qui cherche à l’écarter, mais le citoyen docile qu’il était jusqu’alors prend conscience de sa condition et se révolte.

Critique : Cinéaste plutôt connu pour son engagement à gauche, Norman Jewison n’a eu de cesse de fustiger les dérives du système américain des années 70. Il s’inscrit ainsi pleinement dans la vague paranoïaque que représente également l’œuvre d’un Sydney Pollack. Ici, il s’empare d’un script de William Harrison pour évoquer la dérive des grands groupes qui finissent par constituer un mur de l’argent infranchissable. Sous couvert de bien-être dispensé à la populace, une élite en profite pour supprimer toutes les libertés individuelles et par manipuler l’opinion à l’aide de programmes télévisuels abrutissants.

Rollerball dénonce la violence tout en s’y complaisant

Si les auteurs semblent bien fustiger cette tendance au voyeurisme et la dérive de divertissements de plus en plus violents, le film en profite pour donner au spectateur ce qu’il est venu voir, à savoir une œuvre violente.

© 1975 Metro-Goldwyn-Mayor Studios Inc. Tous droits réservés.

En pleine contradiction, Norman Jewison semble condamner le système capitaliste, mais finalement, il met en avant un traditionnel héros américain qui doit s’individualiser pour pouvoir gagner le respect du spectateur avide d’un héros. Sur ce point, le métrage de Jewison demeure ambigu puisque l’on n’arrive pas à saisir si la fin est ironique ou si le réalisateur chante réellement les louanges du personnage principal, devenu le symbole du triomphe de l’individualisme sur le collectif. Cette ambiguïté manifeste n’est jamais pleinement levée et le spectateur devra donc se faire sa propre idée puisque le réalisateur se refuse à prendre parti.

Norman Jewison propose une vision futuriste proche d’Huxley et d’Orwell

C’est la principale limite d’une œuvre qui a toutefois le mérite de proposer une vision du futur très proche de celle d’Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes auquel on pense beaucoup ici. Le 1984 d’Orwell n’est pas très loin également.

Des séquences d’action efficaces, mais qui vieillissent mal

Rollerball sait se faire efficace lors des trois grosses scènes d’un jeu qui devient de plus en plus violent à mesure que l’intrigue se corse. Le cinéaste livre des morceaux de choix en matière d’action, du moins pour son époque. Il est pourtant essentiel de signaler que ces séquences ont vieilli et que le film se rapproche davantage d’une esthétique années 70 que de celle plus audacieuse des années 80. En gros, Jewison n’est pas George Miller, son cinéma étant plus policé et plus traditionnel. Il s’appuie sur l’interprétation correcte de James Caan et d’un casting plutôt bon, même si l’on ne tombe jamais en admiration devant leurs prestations.

Lors de sa sortie, le film fut un gros succès en France avec plus d’un million et demi de spectateurs sur le territoire national. On peut aisément le comprendre, même si le film n’est clairement pas le meilleur dans la catégorie des dystopies. Il a ensuite fait l’objet d’un remake éponyme qui relève du navet pur et dur, sorte de chant du cygne de John McTiernan en 2002.

Le test blu-ray

Le film est réapparu fin 2019 dans une édition blu-ray steelbook collector chez L’Atelier d’images.

Compléments & packaging : 4/5

De très nombreux bonus donnent de la voix au film. Le vétéran Norman Jewison appose ses commentaires audio. Le scénariste William Harrison, lui-même à l’origine du film, via une nouvelle, se livre au même exercice.

On retrouve un making of d’époque de 7mn qui délivre des notes d’intentions intéressantes. Des bonus inédits donnent la parole à un autre vétéran, James Caan, qui revient entre autres sur la réception du film ; les cascades à motos sont également largement évoquées dans un autre long document qui donne la parole à un cascadeur, 40 ans après. Dans La 4e ville, on découvre où sont implantés tous les bâtiments futuristes du film, à savoir notamment, le stade qui sert de décor mythique au film, un complexe de basket spectaculaire qui avait été construit deux ans auparavant pour les Jeux Olympiques, des tours modernes…

La liste des bonus est longue et mérite qu’on s’y attarde pour mieux remettre en contexte ce classique de la science-fiction des années 70. Certains suppléments proviennent du récent blu-ray Arrow sorti en 2015.

Image : 3,5 

Inégale, l’image ne souffre que de rares défauts temporels. La copie est plutôt belle, car douce et lumineuse, sans pour autant investir dans des détails colorimétriques et épidermiques, ce qui laisse une certaine marge de progrès pour la prochaine sortie en haute définition de ce classique de la MGM.

Son : 3.5 

Deux pistes VO et VF d’époque, mais proposées en (DTS HD) 5.1. Pas mal pour une œuvre initialement tournée en Mono qui ne souffre pas de l’artifice de la spatialisation. Doublage convaincant.

Test blu-ray de Frédéric Mignard

Critique de Virgile Dumez

© 1975 Metro-Goldwyn-Mayer Corporation – Affiche : Jouineau Bourduge. Tous droits réservés.

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