Robert Shaye

Producteur, Acteur, Réalisateur, Scénariste
Affiche de Mimzy, le messager du futur

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 3 mars 1939, Détroit, Michigan (États-Unis)

Biographie

Note des spectateurs :

Robert Shaye est un producteur américain mythique, fondateur du studio indépendant New Line Cinema en 1967. Retour carrière…

New Line est une success story incroyable. Un distributeur indépendant qui, dans les années 70, se développe en ressortant en salle des classiques (Autant en emporte le vent) ou des films culte un peu zarbis comme Reefer Madness, propagande anti marijuana de 1936, des midnight movies comme La nuit des morts vivants, Massacre à la tronçonneuse ou des production européennes comme le Médée de Pasolini, avec La Callas, mais aussi Calmos de Blier, La marquise d’O d’Eric Rohmer.

Derrière ces audaces, se cache un certain Robert Shaye, passionné de cinéma qui, dès ses 15 ans, avait marqué ses débuts derrière la caméra en écrivant, réalisant, et produisant un documentaire pour former les employés du supermarché de son père, le Big Bear Market. De l’image, du système D et une folie marchande, rien de tel pour que Bob Shaye trouve sa voie et marque l’histoire hollywoodienne en transcendant l’art de la débrouille.

Critters, l'affiche

© 1986 New Line Cinema Corp / Affiche : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.

Ce fils du Michigan, diplômé de commerce et de droit, s’était entiché d’amour et d’intérêt pour les droits cinématographiques. Forcément utile pour celui qui se jouera des trous dans la raquette. L’Américain a beaucoup étudié en Europe, et notamment en Suède, et s’est familiarisé avec la cinéphilie débridée du vieux monde, plus pervertie que celle de la blanche Amérique.

Sa première société, il la nomme Pegasus Productions, en 1965, pour produire un film qu’il a coréalisé à l’université d’Uppsala, On Fighting Witches (1965).

Par la suite, il ne cessera son combat contre le système, brûlant les préjugés de classe. Le petit gars de Détroit devient un géant Californien.

Pote de John Waters dont il sortira le déjanté Female Trouble en 1974 et le mégatrash Desperate Living en 1977, Robert Shaye passe à la production en 1980, et accompagne notamment John Waters qui invente l’Odorama avec Polyester. Un beau succès dans le circuit underground.

Les années 80 réussissent bien à Shaye, avec quelques titres providentiels dont Evil Dead de Sam Raimi, un micro budget dont il tirera un succès colossal au gré des exploitations en tant que simple disributeur, mais aussi XTro, des bisseries italiennes… Des films de genre à la pelle.

L'affiche originale de The Evil Dead

© 1981 Renaissance Pictures / New Line Pictures

En 1984, Robert Shaye connaît alors le plus gros succès de sa société adolescente avec Les Griffes de la nuit, premier Freddy, dont il est aussi le producteur. Le petit budget réalise 26M$ aux USA et va ouvrir la voie à une saga horrifique mythique dont le plus gros carton, Freddy 4, en 1988, approchera les 50M$ en salle aux Etats-Unis.

Avec New Line, Robert Shaye devient un homme très riche qui va produire en série des produits de plus en plus marketés, quand ses concurrents d’antan comme New World, Empire périclitaient.

Parmi les beaux scores de la société de l’ancien businessman de Detroit, Critters (1986), The Hidden de Jack Sholder  (1987), Hairpsray de John Waters (1988) et surtout Les Tortues Ninja, en 1990 qui le fait basculer parmi les nababs, avec 135M$ de recettes aux USA, et une nouvelle franchise en or. Une belle ouverture quand Freddy commence alors à marquer le pas au bout de 5 films.

Affiche de Melki de Freddy 3 les Griffes du CAUCHEMAR

(C) Melki 1987

En 1990, Bob Shaye repasse même derrière la caméra pour réaliser son premier “vrai” film, une comédie romantique gorgée de nostalgie, celle des années 50. Curieusement sans vedettes, la comédie à la BO iconique est un flop. Shaye s’en retourne à la production et distribution de films de séries B improbables ou de petits bijoux indépendants comme My Own Private Idaho de Gus Van Sant, avec River Phoenix et Keanu Reeves. Un road-movie gay par un futur palmé du festival de Cannes.

Les autres succès New Line Cinema de la décennie 90 seront The Lawnmower Man, d’après Stephen King (1992), Twin Peaks le film de David Lynch (en fait un flop, mais l’histoire le réhabilitera), la parodie Alarme fatale (1993), Menace II Society (1993), True Romance (1993)… En 1993, New Line s’approprie le croquemitaine Jason Voorhees quand Paramount s’en est lassé (Jason va en enfer, puis Jason X) et la franchise Massacre à la Tronçonneuse dont elle ne tirera rien d’intéressant.

Puis, vient 1994. Après des productions mainstream comme Malice (1993) d’Harold Becker, avec Alec Baldwin et Nicole Kidman et Blink de Michel Apted, avec Madeleine Stowe, la société de Robert Shaye sort son plus gros succès historique, The Mask de Chuck Russell, avec la nouvelle gloire Jim Carrey, et les gambettes inconnues de Cameron Diaz. On parle ici d’un succès mondial à 352M$.

Seven, l'affiche du film de David Fincher

© 1995 Cecchi Gori Pictures – Juno Pix – New Line Cinema / Affiche : Gayot & Gayot (agence). Tous droits réservés.

Et donc, New Line ne cessera de grossir : Dumb and Dumber, Mortal Kombat, Seven de David Fincher, Michael de Nora Ephron avec John Travolta, Austin Powers…  La société de Robert Shaye signe également Paul Thomas Anderson (Boogie Nights, Magnolia), Tony Kaye (American History X). Tout n’est pas que succès (les revers de Spawn et Perdus dans l’espace de Stephen Hopkins lui restent à travers la gorge), mais il est indéniable que la New Line a l’art de lancer des franchises. En 1998 apparaît le vampire Blade (du Marvel, donc) et Rush Hour qui fait de Jackie Chan une vedette aux USA, puis, en 2000, Destination Finale rejoint Austin Powers parmi les franchises rentables du moment.

Cela fait d’ailleurs la fortune d’un distributeur français qui ne cesse de monter, Metropolitan FilmExport, dont l’ascension suivra la dynamique de la société de Robert Shaye.

En 2001,Bob Shaye, en tant que producteur exécutif et toujours via New Line, connaît l’apogée de sa carrière avec Le seigneur des anneaux qui est un phénomène au box-office, multimilliardaire via la trilogie. Peter Jackson était venu voir le producteur en 1998 pour adapter les trois livres en deux films. Le producteur lui conseille d’en faire une trilogie et lance la production simultanée de la trilogie. Un pari fou, alors unique en son temps.

Affiche française de Le Seigneur des anneaux : Le retour du roi de Peter Jackson

Copyright Metropolitan FilmExport

Alors que la mondialisation force les rapprochements, les rachats grandioses font l’actualité et progressivement New Line perd de sa souveraineté. Turner Broadcasting System avait acquis New Line en 1994, puis, en 1996, lors de la fusion de TBS avec Time Warner Entertainement, la compagnie New Line est passée sous le giron de Warner mais en gardant une grande autonomie… En 2000, avec la fusion Time Warner et America Online, Time Warner resserre un peu l’étau. Mais en février 2008, Time Warner annonce que New Line Cinema intègre Warner Bros, régressant au statut d’unité de production… Une secousse à l’échelle internationale qui met à mal les distributeurs indépendants de grosses séries B américaines comme Metropolitan FilmExport qui doivent se rabattre sur des produits plus mal fagotés, ceux de Nu Image, Millenium, avant de trouver en Lionsgate leur sauveur.

Robert Shaye est poussé vers la sortie, avec son ami Michael Lynne, qui a développé avec lui la société dans les années 80 et 90. Avant de partir, il réalise un second film, Mimzy (The Last Mimzy), film de science-fiction proche de l’esprit d’E.T. de Steven Spielberg, qui connaît un petit échec au box-office.

Avec son partenaire, Shaye fonde Unique Features dès 2008, société 100% indépendante, avec des projets moins ambitieux. L’heure n’est plus à la prise de risque ; il s’agit d’un caprice pour ne pas céder au rappel de la retraite, puisqu’il doit céder New Line à la veille de ses 70 ans.

Rien de grandiose ne sortira d’Unique Features, dont les productions sont aussi présentes sur le petit écran (la série Shadowhunters). Sa plus grosse sortie en salle, The Mortal Instruments : City of Bones, mettra un terme au rêve d’un New Line bis, puisque le budget de 60M$ ne sera jamais remboursé et la tentative de franchise pour adolescents tombera à l’eau. Quant à la production horrifique de VOD que Robert Shaye réalise en 2019, Ambition, qui l’a vue ? En France, très certainement personne. Elle reste toujours inédite. On frémit d’horreur à l’idée d’y jeter un coup d’œil.

Finalement, la Shaye qui aura remporté le plus de succès dans les années 2010, cela sera curieusement la petite sœur de Bob, une certaine Lin, devenue figure iconique de la franchise Insidious reléguant le frérot à l’histoire aux yeux d’une nouvelle génération de cinéphiles qui ignorent complètement l’existence de ce nom majeur du cinéma indépendant américain.

Frédéric Mignard

Filmographies de Robert Shaye

(Réalisateur, longs métrages)
Affiche de Mimzy, le messager du futur

Création : © MàCM11A. TM and © 2007 New Line Productions, Inc. Tous droits réservés / All rights reserved

(Acteur, longs métrages)
  • 1985 : La Revanche de Freddy (A Nightmare On Elm Street Part 2: Freddy’s Revenge) de Jack Sholder
  • 1986 : Quiet Cool de Clay Borris
  • 1988 : Le Cauchemar de Freddy (A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master) de Renny Harlin
  • 1991 : La Fin de Freddy – L’ultime cauchemar (Freddy’s Dead: The Final Nightmare ) de Rachel Talalay
  • 1993 : Alarme fatale (National Lampoon’s Loaded Weapon 1) de Gene Quintano
  • 1993 : Max, le meilleur ami de l’homme (Man’s Best Friend) de John Lafia
  • 1995 : Freddy sort de la nuit (New Nightmare) de Wes Craven
  • 2001 : Festival in Cannes de Henry Jaglom
  • 2003 : Freddy contre Jason (Freddy vs. Jason) de Ronny Yu
  • 2004 : Cellular de David R. Ellis
Elles craquent toutes sauf une, affiche

Book of Love ©️ New Line Cinema. All Rights Preserved.

(Producteur, longs métrages)
  • 1977 : Stunts de Mark L. Lester
  • 1981 : Polyester de John Waters
  • 1982 : Dément (Alone in the Dark) de Jack Sholder
  • 1983 : Xtro de Harry Bromley Davenport
  • 1983 : The First Time de Charlie Loventhal
  • 1984 : Les Griffes de la nuit (A Nightmare on Elm Street) de Wes Craven
  • 1985 : La Revanche de Freddy (A Nightmare on Elm Street Part 2: Freddy’s Revenge) de Jack Sholder
  • 1986 : Critters de Stephen Herek
  • 1986 : Quiet Cool de Clay Borris
  • 1987 : Les Griffes du cauchemar (A Nightmare on Elm Street 3: Dream Warriors) de Chuck Russell
  • 1987 : My Demon Lover de Charlie Loventhal
  • 1987 : Hidden (The Hidden) de Jack Sholder
  • 1987 : Stranded de Fleming B. Fuller et Tex Fuller
  • 1988 : Hairspray de John Waters
  • 1988 : Critters 2 (Critters 2: The Main Course) de Mick Garris
  • 1988 : Le Cauchemar de Freddy (A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master) de Ron Nyswaner
  • 1988 : Le Prince de Pennsylvanie (The Prince of Pennsylvania) de Ron Nyswaner
  • 1989 : L’Enfant du cauchemar (A Nightmare on Elm Street: The Dream Child) de Stephen Hopkins
  • 1990 : Un ange de trop (Heart Condition) de James D. Parriott
  • 1991 : La Fin de Freddy – L’ultime cauchemar (The Final Nightmare) de Rachel Talalay
  • 1994 : Blink de Michael Apted
  • 1994 : Freddy sort de la nuit (New Nightmare) de Wes Craven
  • 2000 : Fréquence interdite (Frequency) de Gregory Hoblit
  • 2001 : Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l’anneau (The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring) de Peter Jackson
  • 2002 : Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (The Lord of the Rings: The Two Towers) de Peter Jackson
  • 2003 : Freddy contre Jason (Freddy vs. Jason) de Ronny Yu
  • 2003 : Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi (The Lord of the Rings: The Return of the King) de Peter Jackson
  • 2007 : Mimzy, le messager du futur (The Last Mimzy) de Robert Shaye
  • 2007 : Hairspray d’Adam Shankman
  • 2007 : À la croisée des mondes : La Boussole d’or (The Golden Compass) de Chris Weitz
  • 2010 : Les Griffes de la nuit de Samuel Bayer
  • 2013 : The Mortal Instruments : La Cité des ténèbres (The Mortal Instruments: City of Bones) de Harald Zwart
  • 2016 : When the Bough Breaks de Jon Cassar
  • 2018 : Dirty Bomb de Valerie McCaffrey
  • 2018 : Haunting on Fraternity Row de Brant Sersen
  • 2019 : Ambition de Robert Shaye
  • 2021 : Night Teeth de Adam Randall
  • 2022 : Space Oddity de Kyra Sedgwick
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