Réalisateur, scénariste, écrivain et dramaturge français, Bertrand Blier est le fils de l’acteur Bernard Blier. Il commence sa carrière de manière classique en étant l’assistant de Georges Lautner sur quatre de ses films. Dès 1963, il se fait remarquer par la réalisation du documentaire Hitler, connais pas ! (1963). Toutefois, son premier vrai galop d’essai dans la fiction s’intitule Si j’étais un espion (1967) où il dirige son père. Le long-métrage est un cuisant échec commercial qui douche ses espoirs de percer. Dès lors, il redevient simple scénariste pour Georges Lautner.
La révélation des Valseuses, gros succès de scandale
Il doit attendre 1974 pour retourner derrière une caméra pour Les valseuses. Avec plus de 5 millions d’entrées et une quatrième place sur le podium national du box-office 1974, le film est un triomphe doublé d’un film générationnel. Outrancier dans ses dialogues, particulièrement crus, le long-métrage scandalise les bourgeois et emballe une jeunesse avide de liberté sexuelle. Une œuvre bien de son temps en quelque sorte.
Ce triomphe lui permet de tourner Calmos (1976) qui ne rencontre pas le succès. Il retrouve alors son duo Gérard Depardieu – Patrick Dewaere pour Préparez vos mouchoirs (1978) qui reçoit un excellent accueil critique et public (plus d’un million d’entrées). Le long-métrage obtient même l’Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood. C’est dire !
Blier, roi des années 80
Avec Buffet froid (1979), le succès est moindre, mais le film deviendra rapidement culte auprès des amateurs d’humour noir. Beau-père (1981) permet à Bertrand Blier de retrouver son public avec un score au-dessus du million d’entrées. Il enchaîne alors avec la comédie La femme de mon pote (1983), qui est un autre succès public grâce à la présence de Coluche et Thierry Lhermitte qui doivent se partager les faveurs d’Isabelle Huppert.
Décidément très en verve au cours des années 80, Bertrand Blier propose un autre couple de cinéma en réunissant Alain Delon et Nathalie Baye dans Notre histoire (1984). La star Delon tente de modifier son image publique et le film ne convainc pas au box-office où il échoue sous la barre des 800 000 entrées. Pourtant, il est bon et reçoit un César du meilleur scénario.
Après cette déception, Bertrand Blier tutoie à nouveau les sommets en 1986 avec Tenue de soirée. Le « putain de film » comme le clamait son affiche fait salle comble et devient le deuxième plus gros succès commercial de son auteur avec plus de 3 millions de billets vendus. Il entame une mue artistique en allant de plus en plus vers l’abstraction pour Trop belle pour toi (1989). Le succès est à nouveau au rendez-vous avec plus de 2 millions de fidèles et une pluie de récompenses : Grand Prix du jury au festival de Cannes, 5 César dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur. Désormais, Bertrand Blier est adoubé par le public et les critiques.
Un lent déclin au cours des années 90
Les années 90 vont voir un revirement de la critique et du public face à un auteur qui se radicalise. Désormais, Bertrand Blier se joue de la narration classique et propose des objets filmiques de plus en plus insolites, voire parfois hermétiques. Il signe notamment Merci la vie (1991) qui attire encore un million de fidèles dans les salles, mais déçoit les attentes. La chute est évidente avec Un, deux, trois, soleil (1993) qui s’écrase à 417 948 spectateurs dans des salles désertes. Même désaveu pour Mon homme (1996) malgré la présence de Gérard Lanvin au générique.
Les années 2000 ou la décennie maudite d’un auteur passé de mode
Rien ne laissait présager l’échec du film suivant, Les acteurs (2000) qui proposait pourtant un casting impressionnant réunissant tout le gratin du cinéma français. Le film, assez médiocre, se plante autour de 400 000 spectateurs. La chute est encore plus rude avec Les côtelettes (2003) : l’adaptation cinéma de sa pièce de théâtre à succès s’écrase sous la barre des 100 000 spectateurs. L’année suivante, il signe le script de Pédale dure (2004) pour Gabriel Aghion, suite déplorable du succès Pédale douce. Décidément quand cela ne veut plus.
Petit sursaut avec Combien tu m’aimes ? (2005) qui réunit plus de 500 000 entrées, et surtout du Bruit des glaçons (2010) qui fédère davantage public et critique (743 201 entrées). Bertrand Blier semble à nouveau capable de raconter une histoire avec ce long-métrage porté par Jean Dujardin et Albert Dupontel.
Bertrand Blier peut-il encore être audible dans la société actuelle ?
Peu, voire pas actif durant la décennie suivante, Blier nous revient en 2019 avec la comédie Convoi exceptionnel qui se fait éreinter par la critique et s’écrase au box-office national (autour de 120 000 entrées) malgré son duo de stars (Depardieu et Clavier). On peut d’ailleurs se demander si Bertrand Blier n’est pas devenu un auteur totalement décalé par rapport au temps présent. Que peut bien penser de lui une jeune génération qui se scandalise pour un rien, alors que l’homme pratique toujours un cinéma sans filtre ? Il restera donc comme un pur produit de son époque où la liberté d’expression n’était pas qu’une pétition de principe. Rien que pour cela, on admire vraiment ce grand Monsieur du cinéma français.