Éric Rohmer est l’auteur d’une œuvre majeure du cinéma français, avec des jalons comme Ma nuit chez Maud, Les Nuits de la pleine lune et Conte d’été.
Des contes de cinéma
Né Maurice Schérer, Éric Rohmer rejoint les Cahiers du Cinéma peu après leur création, et en devient le rédacteur en chef de 1957 à 1963, au début et pendant l’âge d’or de La Nouvelle Vague, mouvement qui vit les rédacteurs de la revue passer derrière la caméra. Il signe lui-même un premier long métrage, Le Signe du lion, en 1959, après plusieurs courts réalisés depuis 1950.
Moins médiatisé que Truffaut, Chabrol ou Godard, Rohmer est le plus discret du mouvement, en ce début des années 60, mais se fait remarquer par deux courts métrages, La Boulangère de Monceau (1962) et La Carrière de Suzanne (1963), qui forment les premiers volets de ses « Contes moraux ».
Les quatre autres volets sont des longs métrages réalisés entre 1967 et 1972 : La Collectionneuse (1967), Ma nuit chez Maud (1969), Le Genou de Claire (1970) et L’Amour l’après-midi (1972). Son dispositif est installé : un cinéma faisant la part belle à des dialogues très littéraires, présentant des personnages empêtrés dans leurs contradictions, avec une prédilection pour les intellectuels et des jeunes gens artistes ou érudits.
Sans musique, ni artifice de mise en scène, le cinéma de Rohmer est épuré et s’impose comme l’un des meilleurs en France, même si son audience reste celle des circuits art et essai. Et si l’on excepte Jean-Louis Trintignant dans Ma nuit chez Maud ou Jean-Claude Brialy dans Le Genou de Claire, il ne dirige pas des vedettes mais de jeunes acteurs dont certains deviendront toutefois célèbres (Fabrice Luchini, Arielle Dombasle).
Éric Rohmer, ou l’art d’un cinéma sophistiqué et fluide
Ours d’argent à la Berlinale pour La Collectionneuse, nommé à l’Oscar du meilleur scénario avec Ma nuit chez Maud, et Prix Louis-Delluc pour Le Genou de Claire, Éric Rohmer devient un auteur coté et réalise dans les années 70 deux films historiques inspirés de matériaux littéraires : La Marquise d’O… (1976), d’après la nouvelle de Kleist, et Perceval le Gallois (1978), d’après Chrétien de Troyes.
Dans les années 80, il entame un nouveau cycle de films, « Comédies et proverbes », qui confirme la singularité de son art. Il s’agit de La Femme de l’aviateur (1981), Le Beau mariage (1982), Pauline à la plage (1983, Ours d’argent à Berlin), Les Nuits de la pleine lune (1984), Le Rayon vert (1986, Lion d’or à la Mostra de Venise) et L’Ami de mon amie (1987). Les Nuits de la pleine lune révèle Pascale Ogier, qui obtient le prix d’interprétation à Venise, avant de décéder un mois plus tard. L’œuvre vaut aussi à Rohmer ses uniques nominations aux César, dans les catégories meilleur film et meilleur réalisateur, mais il est battu par… Claude Zidi.
Après la parenthèse de Quatre aventures de Reinette et Mirabelle (1987), Rohmer, entame un dernier cycle, « Contes des quatre saisons », dans les années 90. Conte de printemps (1990), Conte d’hiver (1992), Conte d’été (1996) et Conte d’automne (1998, prix du scénario à Venise), sont d’une très belle fluidité et confirment que Rohmer est fidèle à sa démarche, sans concessions à un cinéma commercial.
Entre 1993 et 2007, il réalise cinq autres longs métrages dont le film historique L’Anglaise et le duc (2001) et le conte romantique Les Amours d’Astrée et de Céladon (2007), son dernier film.