Richard Donner est un faiseur de blockblusters en série. Beaucoup d’entre eux ont accouché de franchises mondialement connues.
Né en 1930, Richard Donner ne se prédestine pas au cinéma. Ce fils d’un fabricant de meubles fait des études commerciales, mais s’intéresse toutefois au théâtre dont il suit des cours à l’université de New York.
Sa rencontre avec le cinéaste Martin Ritt, alors qu’il est un acteur totalement inconnu, est providentielle. Il devient son assistant, s’établit à Los Angeles et va faire ses premières armes dans la réalisation de publicités, de films industriels et de documentaires.
En 1960, il connaît un vrai succès à la télévision avec la série de Thomas Carr, Au nom de la loi, Steve McQueen, dont il tourne six épisodes. Il tourne énormément pour le média télévisuel, avec des épisodes de L’homme à la carabine, Des agents très spéciaux, Kojak, Les rue de San Francisco, Le fugitif ou Les mystères de l’Ouest. C’est toutefois sur la saison 5 de La quatrième dimension entre 1963 et 1964 qu’il se distingue avec six épisodes, dont le segment Nightmare at Twenty Thousand Feet, épisode de terreur aérienne qui sera repris par l’éminent George Miller dans la version cinéma de La quatrième dimension que Spielberg produira, en 1983.
Quand Richard Donner réalisait Lolita
Ses premiers longs métrages de cinéma, il les tourne dans les années 60. X-15, avec Charles Bronson, est son tout premier long métrage, en 1961. En France, le film d’aviation est vu par 170 000 spectateurs. Il est suivi en 1968 de Sel, poivre et dynamite, avec Sammy Davis Jr. et Peter Lawford. Richard Donner retrouve en 1970 Charles Bronson pour L’ange et le démon. Bronson y incarne un représentant du milieu de la pornographie qui tombe amoureux d’une jeune femme de 16 ans, Twinky, jouée par Susan George. Cette variation de Lolita, dans la tendance des thématiques adultes et sociétales des années 70, sera le seul film vraiment audacieux du cinéaste. Il devra toutefois se contenter d’une carrière très moyenne de par chez nous, avec 272 000 spectateurs. Très loin des deux succès à venir du cinéaste.
Richard Donner l’un des maîtres du box-office des années 70
En effet, Richard Donner connaît la gloire dans les années 70 avec deux des plus grands succès de la décennie. La malédiction, cousin de L’Exorciste et Rosemary’s Baby, met en scène les méfaits du fils de Satan, Damien, enfant tueur qui reviendra dans le cadre d’une trilogie, dont l’ultime épisode est interprété par Sam Neill. Un reboot américain sortira sans grand succès quarante ans plus tard, en 2006, mais ne réalisera que 54M$ contre 48.5M$ pour l’original, soit l’équivalent de plus de 365M$ aujourd’hui. La production horrifique de la Fox achève sa carrière à la septième place annuelle faisant de Richard Donner un cinéaste bankable.
Superman, une page déterminante de l’histoire d’Hollywood
Warner l’engage alors sur un projet qui bouleverse le cours de l’histoire hollywoodienne, Superman. Sorti peu avant les fêtes de Noël, l’adaptation du comics est le plus gros budget de son époque, suite à un tournage sur deux ans. Le succès phénoménal du film avec Christopher Reeve et surtout Marlon Brando (134M$, soit l’équivalent aujourd’hui de plus de 500M$) envoyait un signal intergalactique aux producteurs : les super-héros avaient soudainement le pouvoir de battre des records et la formule sera reprise pendant des décennies, notamment par Warner avec Batman, dès 1989.
Pendant le tournage du premier Superman, Donner réalise de nombreuses scènes pour le second épisode. Des désaccords artistiques avec le studio conduisent ce dernier à l’évincer du montage final et placer Richard Lester au générique. Lester tourne des scènes supplémentaires et alternatives. Marlon Brando décide de se retirer du sequel. En 2006, Richard Donner, préfigurant ce qui arrivera à Zack Snyder sur Justice League, réalise sa propre version : Superman II: The Richard Donner Cut qui sort en vidéo à l’occasion du revival Superman autour de l’événement Superman Returns de Bryan Singer.
Rendez-vous raté
En réponse à son éviction, Richard Donner décide d’abandonner provisoirement les films de studios couteux pour une production indépendante dite à statuettes. Rendez-vous chez Max’s (Inside Moves). Ce drame humain, sans effets spéciaux, évoque le suicide raté et le handicap d’un homme qui trouve refuge dans un bar de marginaux. John Savage ne convaincra pas les spectateurs à honorer ce rendez-vous raté.
En 1982, le cinéaste change de genre avec le remake de la comédie de Francis Veber, Le jouet. Dans The Toy, sorti directement en VHS en France, le comique Richard Pryor remplace Pierre Richard et Veber collabore au scénario. Démonté par la critique, le film est un succès conséquent au box-office nord-américain, avec 47M$, soit l’équivalent aujourd’hui de 143M$.