Richard Donner

Réalisateur, Producteur
Superman le film, affiche du film

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 24 avril 1930 à New York (États-Unis)
  • Date de décès : 5 juillet 2021 à Los Angeles, Californie (États-Unis)
  • Crédit visuel : © 1978 Warner Bros. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Richard Donner est un faiseur de blockblusters en série. Beaucoup d’entre eux ont accouché de franchises mondialement connues.

Né en 1930, Richard Donner ne se prédestine pas au cinéma. Ce fils d’un fabricant de meubles fait des études commerciales, mais s’intéresse toutefois au théâtre dont il suit des cours à l’université de New York.

Sa rencontre avec le cinéaste Martin Ritt, alors qu’il est un acteur totalement inconnu, est providentielle. Il devient son assistant, s’établit à Los Angeles et va faire ses premières armes dans la réalisation de publicités, de films industriels et de documentaires.

En 1960, il connaît un vrai succès à la télévision avec la série de Thomas Carr, Au nom de la loi, Steve McQueen, dont il tourne six épisodes. Il tourne énormément pour le média télévisuel, avec des épisodes de L’homme à la carabine, Des agents très spéciaux, Kojak, Les rue de San Francisco, Le fugitif ou Les mystères de l’Ouest. C’est toutefois sur la saison 5 de La quatrième dimension entre 1963 et 1964 qu’il se distingue avec six épisodes, dont le segment Nightmare at Twenty Thousand Feet, épisode de terreur aérienne qui sera repris par l’éminent George Miller dans la version cinéma de La quatrième dimension que Spielberg produira, en 1983.

La malédiction, the Omen, affiche française du film de Richard Donner

Copyright © 1976 Twentieth Century Fox

Quand Richard Donner réalisait Lolita

Ses premiers longs métrages de cinéma, il les tourne dans les années 60. X-15, avec Charles Bronson, est son tout premier long métrage, en 1961. En France, le film d’aviation est vu par 170 000 spectateurs. Il est suivi en 1968 de Sel, poivre et dynamite, avec Sammy Davis Jr. et Peter Lawford. Richard Donner retrouve en 1970 Charles Bronson pour L’ange et le démon. Bronson y incarne un représentant du milieu de la pornographie qui tombe amoureux d’une jeune femme de 16 ans, Twinky, jouée par Susan George. Cette variation de Lolita, dans la tendance des thématiques adultes et sociétales des années 70, sera le seul film vraiment audacieux du cinéaste. Il devra toutefois se contenter d’une carrière très moyenne de par chez nous, avec 272 000 spectateurs. Très loin des deux succès à venir du cinéaste.

Richard Donner l’un des maîtres du box-office des années 70

En effet, Richard Donner connaît la gloire dans les années 70 avec deux des plus grands succès de la décennie. La malédiction, cousin de L’Exorciste et Rosemary’s Baby, met en scène les méfaits du fils de Satan, Damien, enfant tueur qui reviendra dans le cadre d’une trilogie, dont l’ultime épisode est interprété par Sam Neill. Un reboot américain sortira sans grand succès quarante ans plus tard, en 2006, mais ne réalisera que 54M$ contre 48.5M$ pour l’original, soit l’équivalent de plus de 365M$ aujourd’hui. La production horrifique de la Fox achève sa carrière à la septième place annuelle faisant de Richard Donner un cinéaste bankable.

Superman le film, affiche du film

Copyright © 1978 Warner Bros, DC Comics

Superman, une page déterminante de l’histoire d’Hollywood

Warner l’engage alors sur un projet qui bouleverse le cours de l’histoire hollywoodienne, Superman. Sorti peu avant les fêtes de Noël, l’adaptation du comics est le plus gros budget de son époque, suite à un tournage sur deux ans. Le succès phénoménal du film avec Christopher Reeve et surtout Marlon Brando (134M$, soit l’équivalent aujourd’hui de plus de 500M$) envoyait un signal intergalactique aux producteurs : les super-héros avaient soudainement le pouvoir de battre des records et la formule sera reprise pendant des décennies, notamment par Warner avec Batman, dès 1989.

Pendant le tournage du premier Superman, Donner réalise de nombreuses scènes pour le second épisode. Des désaccords artistiques avec le studio conduisent ce dernier à l’évincer du montage final et placer Richard Lester au générique. Lester tourne des scènes supplémentaires et alternatives. Marlon Brando décide de se retirer du sequel. En 2006, Richard Donner, préfigurant ce qui arrivera à Zack Snyder sur Justice League, réalise sa propre version : Superman II: The Richard Donner Cut qui sort en vidéo à l’occasion du revival Superman autour de l’événement Superman Returns de Bryan Singer.

Rendez-vous raté

En réponse à son éviction, Richard Donner décide d’abandonner provisoirement les films de studios couteux pour une production indépendante dite à statuettes. Rendez-vous chez Max’s (Inside Moves). Ce drame humain, sans effets spéciaux, évoque le suicide raté et le handicap d’un homme qui trouve refuge dans un bar de marginaux. John Savage ne convaincra pas les spectateurs à honorer ce rendez-vous raté.

En 1982, le cinéaste change de genre avec le remake de la comédie de Francis Veber, Le jouet. Dans The Toy, sorti directement en VHS en France, le comique Richard Pryor remplace Pierre Richard et Veber collabore au scénario. Démonté par la critique, le film est un succès conséquent au box-office nord-américain, avec 47M$, soit l’équivalent aujourd’hui de 143M$.

Retour aux effets-spéciaux

Richard Donner attend trois ans avant de revenir. Il réalise un conte médieval, plus proche de l’heroic fantasy que de La guerre des étoiles, pour reprendre les styles à la mode. En 1984, il s’inspire d’une légende du Moyen Age et sort Ladyhawke, la femme de la nuit. Il s’agira d’un demi-succès au box-office malgré la présence charismatique de Michelle Pfeiffer dans le rôle-titre et du jeune Matthew Broderick qui confirmait toute l’énergie déployée dans WarGames, de John Badham, quelques mois plus tôt. Ladyhawke réalise 18 400 000$ aux USA, soit 47M$ si l’on ajuste le prix de la place. C’est un échec en France, avec 269 000 spectateurs. Le film de la Fox n’est pas aidé par une affiche ratée.

The Goonies, final cut, édition Titans of Cult chez Warner

The Goonies, final cut, édition Titans of Cult chez Warner Copyrights 2021 : Warner Bros

Les Goonies : le refuge Steven Spielberg et un phénomène américain

Le cinéaste new-yorkais, en perte de vitesse, prend moins de risques en 1985 en rejoignant l’écurie Spielberg le temps des Goonies. Le film typique de l’esprit adolescent des années 80 est un pur produit Amblin Entertainment, la société “emblématique” du réalisateur des Dents de la mer qui impose un style années 80 à tout un tas de productions dites pour adolescents.

Le succès des Goonies est important aux USA où la comédie, qui croise l’esprit d’aventures d’Indiana Jones et le temple maudit et l’esprit gamin d’E.T. remporte une septième place annuelle avec 61M$ (158M$ aujourd’hui). En France, Les Goonies se contentera d’ 1 300 000 curieux et d’une petite trente-troisième place annuelle. C’est surtout sur le temps que le culte s’est construit autour de cette production qui fut largement exploitée en VHS, à la télévision, puis en DVD et désormais en Blu-ray (un coffret collector est prévu pour 2021).

Richard Donner, Joel Silver et Mel Gibson : L’arme fatale

A partir de 1987, Richard Donner lance sa troisième franchise, L’arme fatale, et s’associe au producteur à la mode Joel Silver qui travaille pour Warner Bros. Le succès colossal du tandem Mel Gibson Danny Glover n’était pourtant pas original puisqu’il reprenait une idée exploitée par 48 heures de Walter Hill, avec Eddie Murphy et Nick Nolte (1982) mais il allait exploser le box-office mondial en 1987. Aux USA, les recettes sont équivalentes à celles d’Etroite surveillance de John Badham, autre buddy movie dans le domaine du FBI, avec Richard Dreyfuss et Emilio Estevez. Une coïncidence qui en dit long sur les formules à succès des années 80. A l’international, en revanche, Mel Gibson en imposera davantage et le cinéaste réalisera 3 suites aux succès confortables, une en 1989, l’autre en 1992, et la dernière, L’arme fatale 4, en 1998.

Affiche de l'arme fatale (Lethal Weapon) avec Danny Glover et Mel Gibson

© Warner Bros Entertainment

Six films avec Mel Gibson

Dès L’arme fatale en 1987, Mel Gibson et le cinéaste Richard Donner semblent inséparables. Ils tourneront ensemble pas moins de six films, puisqu’aux quatre Lethal Weapon, on peut ajouter le western Maverick, avec Jodie Foster (1994), et Complots, avec Julia Roberts (1996).

En dehors de ses interactions avec la star australienne, Richard Donner a connu des fortunes diverses. Fantômes en fête (Scrooged) espérait être un triomphe pendant les fêtes de Noël mais le casting, malgré la présence de Bill Murray, n’allait pas dans le sens de l’époque qui marquait les débuts du jeunisme hollywoodien. La superproduction achève sa carrière en quatorzième place annuelle avec 52M$, soit 132M$. A l’international et notamment en France, la comédie fantastique ne réalisera pas un bon score.

Radio Flyer de Richard Donner, affiche

Copyright © 1990 Columbia Pictures

Le flop d’une carrière : Radio Flyer

Son plus gros échec, Richard Donner le connaît avec une chronique de jeunesse intimiste, sur le rêve d’envol de deux enfants battus qui cherchent à fuir l’emprise de leur père. Produit par Michael Douglas pour la Columbia, qui venait alors d’être rachetée par Sony, Radio Flyer, devient Le rêve de Bobby en VHS en France. L’aventure se détache des effets spéciaux et des pressions des blockbusters que Donner avait tournés jusqu’alors, mais son résultat au box-office est affligeant, avec des recettes qui ne dépassent pas les 4 651 000$, soit 10M$ si l’on ajuste le ticket à l’inflation. Les spectateurs n’y ont pas accroché dès les projections tests où la fin avec le narrateur adulte, joué par Tom Hanks est coupée. Cette contreperformance éloignera définitivement Richard Donner de ce type de productions.

Cinéaste vétéran à la dérive

La suite n’impressionne plus. Le cinéaste de plus de 60 ans n’a plus forcément la passion dans ses nouveaux projets. En dehors de ses collaborations avec Mel Gibson, il cachetonne en 1995 un Assassins de sinistre mémoire (30M$ alors/60M$ en recettes ajustées). On y retrouvait Stallone, Banderas et Julianne Moore en tête d’affiche.

A plus de 70 ans, sa présence au générique d’un film adolescent de science-fiction, Prisonniers du temps avec Paul Walker et Gerard Butler (2003), est farfelue. Dépassé par les enjeux du roman de Michael Crichton, il livre un produit bâclé et impersonnel. Le désaveu est total (19M$ au box-office américain).

En 2006, Donner, “old kid on the block” réalise à 75 ans son ultime long métrage, 16 Blocks, polar explosif avec Bruce Willis et Mos Def pour la touche jeune. L’international permettra de doubler les recettes américaines décevantes. Le film est mauvais, mais les chiffres engrangés en Europe et sur le marché du DVD le sauvent du flop intégral.

Assassins de Richard Donner, affiche (Stallone, Banderas, Julianne Moore)

Copyright © 1995 Warner Bros

Richard Donner, producteur exécutif à succès

Parmi les aventures cinématographiques à succès du cinéaste, on peut citer la production. Il a encouragé différents projets comme Génération perdue de Joel Schumacher (1987), la trilogie Sauvez Willy (93-95-97), L’enfer du dimanche d’Oliver Stone, et même X-Men (2000) et Wolverine (2009)Il produisait avec son épouse, Lauren Shuler Donner, au sein de la société qu’ils avaient créée, The Donners’ Company.

L’héritage

Avec la disparition de Richard Donner le 5 juillet 2021, à l’âge de 91 ans, une trace impressionnante est laissée dans le domaine du divertissement, avec une franchise fantastique (La malédiction) qui a influencé autant qu’elle était sous influence, une complicité avec Mel Gibson lors des années de popularité du comédien qui jalonnait les étés cinématographiques post-1987, et surtout le succès triomphal de Superman dont l’ampleur du phénomène commercial et médiatique déteindra sur les années 90, 2000 et évidemment post-2010, avec la quasi-obsession des majors pour ce type de cinéma. A vrai dire, la formule n’a guère changé depuis et la dichotomie entre le super-héroïsme sombre et celui débordant d’humour demeure la même qu’à l’époque de son litige avec Warner, en 1979.

Incontournable du septième art récréatif, Richard Donner est l’un de ses artisans les plus puissants et charismatiques, de ceux qui ont su fédérer plusieurs générations sur différents genres, en donnant la tendance ou en l’exploitant, souvent avec un savoir-faire et une légèreté qui ont rendu jaloux d’autres réalisateurs commerciaux aujourd’hui oubliés.

Frédéric Mignard

Mort de Richard Donner

Copyright : La malédiction (The Omen), Twentieth Century Fox

Filmographie (réalisateur, longs métrages)

  • 1961 : X-15 (idem)
  • 1968 : Sel, poivre et dynamite (Salt and Pepper)
  • 1970 : L’Ange et le démon (Lola)
  • 1976 : La Malédiction (The Omen)
  • 1978 : Superman
  • 1980 : Rendez-vous chez Max’s (Inside Moves)
  • 1982 : Le Jouet (The Toy)
  • 1985 : Ladyhawke, la femme de la nuit (Ladyhawke)
  • 1985 : Les Goonies (The Goonies)
  • 1987 : L’Arme fatale (Lethal Weapon)
  • 1988 : Fantômes en fête (Scrooged)
  • 1989 : L’Arme fatale 2 (Lethal Weapon 2)
  • 1991 : Le Rêve de Bobby (Radio Flyer)
  • 1992 : L’Arme fatale 3 (Lethal Weapon 3)
  • 1994 : Maverick (idem)
  • 1995 : Assassins (idem)
  • 1996 : Complots (Conspiracy Theory)
  • 1998 : L’Arme fatale 4 (Lethal Whepon 4)
  • 2003 : Prisonniers du temps (Timeline)
  • 2006 : 16 blocs (16 Blocks)
  • 2006 : Superman II: The Richard Donner Cut (idem)
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