Veuve mais pas trop : la critique du film (1989)

Comédie policière | 1h44min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Veuve mais pas trop, l'affiche

  • Réalisateur : Jonathan Demme
  • Acteurs : Alec Baldwin, Michelle Pfeiffer, Charles Napier, Joe Spinell, Dean Stockwell, Oliver Platt, Joan Cusack, Matthew Modine, Todd Solondz, Mercedes Ruehl
  • Date de sortie: 18 Jan 1989
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Married to the Mob
  • Titres alternatifs : Die Mafiosi-Braut (Allemagne) / Casada con todos (Espagne) / Viúva... Mas Não Muito (Portugal) / Poślubiona mafii (Pologne) / Casada con la mafia (Mexique) / Una vedova allegra... ma non troppo (Italie) / De Caso com a Máfia (Brésil)
  • Année de production : 1988
  • Scénariste(s) : Barry Strugatz, Mark R. Burns
  • Directeur de la photographie : Tak Fujimoto
  • Compositeur : David Byrne
  • Société(s) de production : Orion Pictures, Mysterious Arts
  • Distributeur (1ère sortie) : 20th Century Fox
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Gaumont Columbia TriStar Home Vidéo (DVD, 2000) / MGM (DVD, 2003)
  • Date de sortie vidéo : 6 mai 2003 (DVD MGM)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 83 097 entrées / 49 462 entrées
  • Box-office nord-américain : 21,4 M$ (48,7 M$ au cours ajusté en 2021)
  • Budget : 10 M$ (22,7 M$ au cours ajusté en 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby SR
  • Festivals et récompenses : Oscar 1988 : 1 nomination pour le meilleur second rôle pour Dean Stockwell / 3 prix d'interprétation dans un second rôle pour Dean Stockwell aux Kansas City Film Critics Circle Awards 1989 ; National Society of Film Critics Awards 1989 et New York Film Critics Circle Awards 1988 / Mercedes Ruehl meilleure second rôle féminine aux National Society of Film Critics Awards 1989.
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Orion Pictures, MGM
Note des spectateurs :

Entre parodie, vaudeville et comédie bitchy, Veuve mais pas trop impose surtout la belle Michelle Pfeiffer comme star incontournable des années 80-90. Classique et efficace.

Synopsis : Angela est membre de la mafia par son mariage avec Frank de Marco, l’homme de main de l’irréductible Tony. Ne supportant plus cette vie et souhaitant élever son fils dans un milieu plus honnête, elle profite du décès de son époux pour s’éloigner du clan “familial”. Mais l’on ne quitte la Mafia que les pieds devants…

Une nouvelle comédie déjantée pour Jonathan Demme

Critique : En 1988, les scénaristes Mark R. Burns et Barry Strugatz parviennent à vendre à la compagnie Orion Pictures leur script de Veuve mais pas trop qui s’inspire pour partie des souvenirs d’enfance de Burns. Le scénario, considéré comme un modèle de comédie, échoue dans les mains du réalisateur Jonathan Demme qui vient justement de tourner une comédie policière déjantée intitulée Dangereuse sous tous rapports (1986). Le réalisateur y faisait preuve d’un réel sens de l’efficacité, tout en sachant ménager des moments de pure folie comique. Exactement le ton recherché pour Veuve mais pas trop dont l’histoire pouvait aussi bien donner lieu à un drame qu’à une comédie.

Le réalisateur précise lors de la sortie du film (source : Première, janvier 1989, page 29) :

A la lecture de la première version du scénario, j’ai eu envie de le faire parce que c’était un moyen de régénérer un genre usé et qu’il y avait là beaucoup d’humour dans l’histoire de cette femme qui lutte envers et contre tout pour mener une vie honnête et abandonner son passé.

Veuve mais pas trop, jaquette DVD

© 1988 Orion Pictures – Mysterious Arts / MGM. Tous droits réservés.

Un temps envisagée pour Jessica Lange qui était le premier choix du réalisateur, mais aussi pour Tom Cruise et Ray Liotta, la comédie tombe finalement dans l’escarcelle de la lumineuse Michelle Pfeiffer. La comédienne est en voie de starification en cette année 1988 qui la voit enchaîner les rôles majeurs dans Les liaisons dangereuses (Frears, 1988) ou Tequila Sunrise (Towne, 1988). Elle venait d’ailleurs de jouer un rôle comique étonnant dans Les sorcières d’Eastwick (Miller, 1987) et s’apprêtait à porter sur ses épaules Susie et les Baker Boys (Kloves, 1989). On peut donc considérer que l’année 1988 est celle de l’éclosion d’une actrice pourtant déjà présente sur les écrans depuis le début des années 80.

Un casting de haute volée

Pour lui donner la réplique, la production engage Matthew Modine qui vient tout juste d’achever le tournage éprouvant de Full Metal Jacket (Kubrick, 1987) et accepte le rôle pour pouvoir échapper au cauchemar dépressif du maître. Enfin, en lieu et place de Ray Liotta, Jonathan Demme donne sa chance à Alec Baldwin qui venait tout juste de connaître le succès grâce à Beetlejuice (Burton, 1987). Il écope ici d’un rôle très court, mais plutôt marquant.

A ce casting de jeunes gloires, Demme ajoute la présence de Dean Stockwell. L’enfant star des années 40-50 a effectivement effectué un beau come-back dans les années 80, jouant des seconds rôles savoureux. Son emploi de parrain de la mafia dans Veuve mais pas trop lui a d’ailleurs valu sa seule nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur second rôle masculin. Enfin, le long-métrage ne serait pas aussi drôle sans la présence au générique de la bombe comique Mercedes Ruehl qui n’a joué que des rôles minimes lorsqu’elle aborde celui de la femme jalouse du parrain. Son abattage formidable a beaucoup fait pour la réputation du film.

Quiproquos à tous les étages

Il faut dire que Veuve mais pas trop démarre plutôt doucement, avec une peinture de la mafia amusante, mais pas nécessairement hilarante. Comme dans les comédies classiques des années 40-50, les auteurs prennent leur temps pour définir leurs personnages et poser leur intrigue. Si le début du long-métrage s’inscrit d’abord dans une veine légèrement parodique, les auteurs préfèrent ensuite suivre les traces du vaudeville. Alors qu’elle cherche à se séparer définitivement du milieu de la mafia, la jeune mère de famille incarnée par Michelle Pfeiffer va en réalité se trouver coincée entre deux feux. Elle est ainsi à la fois traquée par le mafieux libidineux interprété avec rouerie par Stockwell et espionnée en secret par le FBI. Bien entendu, l’agent joué par Matthew Modine tombe peu à peu sous le charme de la donzelle, par ailleurs totalement innocente.

A cette situation compliquée, il faut encore ajouter la jalousie maladive de la femme du parrain (hilarante Mercedes Ruehl) qui vient mettre son grain de sel dans une mécanique policière trop bien huilée. Lors de ces séquences où les portes claquent et les quiproquos s’enchaînent, le cinéaste Jonathan Demme n’a pas peur de pousser ses comédiens à forcer le trait. Cela n’est pas toujours très fin, mais demeure compensé par une écriture plutôt juste des personnages et une réalisation très dynamique qui a su tailler dans le vif. En témoigne d’ailleurs le générique de fin où Demme a choisi de compiler toutes les séquences coupées au montage, preuve d’un charcutage volontaire, dans le but d’être plus efficace.

Un beau succès, mais pas trop…

Souvent drôle, parfois franchement hilarant dès que les auteurs se laissent aller à un humour bitchy (qu’il développeront encore plus dans She-Devil avec Meryl Streep l’année suivante), Veuve mais pas trop a obtenu d’excellentes critiques à sa sortie, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France. En Amérique du Nord, la comédie a été un beau succès, parvenant à doubler sa mise de fonds initiale sur le seul territoire nord-américain. En France, la situation fut moins idyllique malgré une présentation publique au Festival de Deauville. Le film distribué par Columbia TriStar n’a guère fait de vagues à sa sortie en janvier 1989, pris dans la tourmente de la grave crise de fréquentation des salles. Ils n’ont été que 83 097 curieux à faire le déplacement malgré un soutien franc de la presse spécialisée. La première semaine a été laborieuse, ternissant l’avenir de la comédie sur le sol et même si le film parvint à tripler son nombre d’entrées initial sur Paname, le mal était fait.

Pourtant, la comédie est plutôt réussie et s’avère encore très fréquentable de nos jours, faisant partie des bons films dans la filmographie inégale de Jonathan Demme. Ce dernier allait passer à la vitesse supérieure avec son long-métrage suivant, le tétanisant Silence des agneaux.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 18 janvier 1989

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