Fauchée comme les blés, Terreur extra-terrestre est une petite série B qui distille une ambiance nocturne séduisante. Malheureusement, le scénario n’est pas toujours à la hauteur pour passionner sur la durée.
Synopsis : Une région reculée des Etats-Unis. Un chasseur et son fils échappent de peu à de créatures volantes aussi modestes par la taille que dangereuses. Peu de temps après, ce sont de jeunes campeurs qui subissent la même attaque… Conscient du danger qu’elles représentent, Joe Taylor prend ces étranges prédateurs dans sa ligne de mire. Très vite, il découvre que, dans cette affaire, la proie c’est lui.
Une série B tournée en 3 semaines pour 150 000 $
Critique : Acteur de séries Z durant toutes les années 70, Greydon Clark est ensuite devenu réalisateur de petites bandes fauchées destinées aux drive in ou à la vidéo. Il a ainsi tourné une vingtaine de longs-métrages dans tous les genres à la mode, de la blaxploitation au film de SF, comme c’est le cas avec ce Terreur extra-terrestre qui a même eu les honneurs d’une sortie en salles en France le 26 novembre 1980, avec pour sous-titre Warning (contraction du titre original, Without Warning)
Tourné en moins de trois semaines pour la dérisoire somme de 150 000 dollars dont la moitié a servi à payer les deux stars du film (Jack Palance et Martin Landau), Terreur extra-terrestre tente de pallier le manque de moyens par une certaine inventivité dans le traitement de son sujet. Ainsi, le film démarre sur les chapeaux de roue en proposant un nombre conséquent de meurtres mystérieux durant sa première demi-heure. Le rythme soutenu permet au spectateur de prendre plaisir au spectacle et ceci malgré la minceur du budget.
Une ambiance qui compense en partie les moments de creux
Malheureusement, le cinéaste ne parvient pas à maintenir cette tension jusqu’au bout. Alors qu’ils déambulent dans la nature depuis un bon moment, les héros tardent à rencontrer l’extraterrestre du titre. Pendant ce temps, le spectateur trouve le temps long, d’autant que les acteurs ont tendance à cabotiner un maximum pour compenser le manque d’intérêt de leurs dialogues – mention spéciale à Martin Landau qui écarquille les yeux pour bien montrer à quel point il est fou.
Heureusement, Greydon Clark connaît ses classiques de la série B des années 50 et soigne son ambiance. On notera ainsi la contribution majeure de Dan Wyman qui propose une bonne musique synthétique. L’artiste est plus connu pour sa fructueuse collaboration avec John Carpenter. Ce n’est d’ailleurs pas le seul collaborateur prestigieux que Greydon Clark a réussi à embarquer dans son projet puisque la photographie est signée du grand Dean Cundey qui venait de triompher avec Halloween, la nuit des masques (Carpenter, 1978).
Des artisans de grande qualité pour une série B sympathique
Le chef opérateur a d’ailleurs amené avec lui son équipement et notamment la toute récente steadicam qui donne aux images une formidable fluidité, absente des précédentes réalisations de Greydon Clark. Enfin, la créature au design assez remarquable a été créée par le célèbre Rick Baker qui a pris en charge la conception, tandis que c’est son assistant Greg Cannom qui a réalisé les effets spéciaux directement sur le tournage. Et il faut admettre que le résultat est tout à fait probant. On se souviendra longtemps des armes de l’alien en forme de frisbee (certains diront plutôt des œufs sur le plat). Cela occasionne quelques bons plans gore qui relèvent le niveau du spectacle.
Greydon Clark s’est également entouré d’un casting de vieilles gloires puisque le cinéphile apercevra au fil des bobines Cameron Mitchell (environ 200 rôles de méchant à son actif, notamment dans des westerns), Neville Brand (plus de 130 titres dont une palanquée de westerns et de films policiers) et Ralph Meeker dont ce fut la dernière apparition (après une centaine de films dont En quatrième vitesse en 1955 et Les sentiers de la gloire en 1957). Au milieu de ces vétérans, les amateurs de la série télévisée Les experts pourront identifier la chevelure rousse de David Caruso dans un de ses premiers rôles.
Terreur extra-terrestre, un beau succès… qui n’a pas profité à Greydon Clark
Doté d’un casting rêvé pour l’amateur de série B, Terreur extraterrestre s’avère donc être un agréable divertissement, même si le manque patent de moyens l’empêche d’atteindre totalement sa cible. Et ce n’est pas la maladroite métaphore sur la guerre du Vietnam et la thèse de l’ennemi intérieur qui permettent de compenser les multiples trous d’air narratifs d’un film qui pâtit d’un scénario trop léger.
Tourné en totale indépendance, Terreur extra-terrestre a été distribué aux États-Unis par AIP au moment de son rachat par une autre entité, ce qui a entravé ses chances de bonne réception en salles. Toutefois, le métrage a été vendu dans le monde entier. Il a notamment eu droit à une sortie française réussie puisque la série B fauchée a emballé 391 216 fans de SF horrifique sur l’ensemble de l’Hexagone. Par la suite, le film a été édité maintes fois en VHS avec encore un certain succès. Plus récemment, il a fait l’objet d’une édition Mediabook chez Sidonis, qui bénéficie de bons suppléments et d’une copie correcte, sans être exceptionnelle.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 26 novembre 1980
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Greydon Clark, Cameron Mitchell, Jack Palance, Neville Brand, Ralph Meeker, David Caruso, Martin Landau, Tarah Nutter, Christopher S. Nelson, Larry Storch