Borgo : la critique du film (2024)

Drame, Policier | 1h57min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Affiche de Borgo (2024)

  • Réalisateur : Stéphane Demoustier
  • Acteurs : Hafsia Herzi, Pablo Pauly, Vincent Colombe, Fanny Guidecoq, Florence Loiret Caille, Henri-Noël Tabary, Cécile Ducrocq, Moussa Mansaly, Michel Fau, Louis Memmi
  • Date de sortie: 17 Avr 2024
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Borgo
  • Titres alternatifs : Ibiza (titre de tournage)
  • Autres acteurs : Cédric Appietto, Anthony Morganti, Thomas Muziotti
  • Scénaristes : Stéphane Demoustier, avec la collaboration de Pascal-Pierre Garbarini
  • Monteur : Damien Maestraggi
  • Directeur de la photographie : David Chambille
  • Compositeur : Philippe Sarde
  • Cheffe Maquilleuse : Flore Chandes
  • Cheffe décoratrice : Catherine Cosme
  • Directeur artistique : -
  • Producteur : Jean des Forêts
  • Productrice exécutive : Amélie Jacquis
  • Sociétés de production : Petit Film, France 3 Cinéma
  • Distributeur : Le Pacte
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : 3 950 000 €
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Festival du film francophone d'Angoulême 2023 : avant-première / Reims Polar 2024
  • Nominations : -
  • Récompenses : Reims Polar 2024 : Grand Prix
  • Illustrateur/Création graphique : © Silenzio (affiche). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Petit Film, France 3 Cinéma. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachée de presse : Marie Queysanne
  • Tagline : Ici, on n'oublie personne.
Note des spectateurs :

A partir d’un fait divers étonnant, Borgo s’insinue dans le quotidien d’une prison corse pour en dévoiler les dessous. Efficace, le résultat est intéressant, mais manque sans doute d’une conclusion vraiment marquante.

Synopsis : Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d’un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

Borgo, très librement inspiré d’un fait divers

Critique : La sortie de Borgo a été émaillée d’une énième polémique dont les médias raffolent puisque le long métrage qui s’inspire d’un fait divers intervenu en Corse en 2017 paraît sur les écrans alors que le procès de la gardienne de prison incriminée n’a pas encore commencé. Mais une fois de plus, il s’agit d’un débat stérile sur la problématique de la présomption d’innocence puisque le film n’entretient que peu de rapport avec la réalité de l’affaire. En fait, le réalisateur et scénariste Stéphane Demoustier n’a aucunement cherché à se renseigner sur les tenants et aboutissants de cette affaire dont il n’a repris que la conclusion tragique, à savoir l’exécution de deux hommes devant l’aéroport de Poretta. Tout le reste de l’intrigue a été intégralement inventé par le scénariste, sur les conseils de l’avocat Pascal Garbarini qui a longtemps défendu les nationalistes corses.

Dans Borgo – nom de la ville où se trouve une célèbre prison de l’île de beauté – le réalisateur Stéphane Demoustier entend raconter le glissement progressif d’un personnage féminin vers la criminalité. Il en profite également pour décrire un système carcéral original puisque la section 2 de la prison est connue pour n’abriter que des Corses qui s’autogèrent. Ainsi, Borgo constitue un film carcéral étonnant puisque le réalisateur échappe aux clichés attachés à ce lieu. De ce fait, il invite le spectateur à découvrir en même temps que son héroïne – très crédible Hafsia Herzi – un univers aux règles inhabituelles. Comme l’indique très justement la directrice de l’établissement dans les dialogues, il s’agit d’une prison où ce sont les prisonniers qui semblent surveiller les matons.

Un petit service en entraîne un autre…

De ce constat, Stéphane Demoustier ne tire pourtant pas de grande théorie sociale puisqu’il préfère se concentrer sur le basculement d’une matonne dans la délinquance, puis la criminalité, à cause de liens affectifs trop poussés avec des détenus, et notamment le jeune Saveriu interprété par le nouveau venu Louis Memmi. Avec son air juvénile, l’acteur attire immédiatement la sympathie du spectateur – et de la surveillante – alors même qu’il sera à l’origine de sa chute. En commençant par rendre des menus services aux détenus, la matonne met le doigt dans un engrenage qui va s’avérer fatal.

Borgo, photo d'exploitation

© 2024 Petit Film, France 3 Cinéma. Tous droits réservés.

Afin de mieux faire comprendre ce glissement progressif vers la criminalité, le cinéaste évoque la vie privée houleuse de la jeune femme, en couple avec un déclassé (très juste Moussa Mansaly) qui tend à boire plus que de raison. Le cinéaste laisse entendre que le couple est en crise, sans doute en lien avec une ancienne infidélité de la gardienne. Précisons que le personnage défendu par Hafsia Herzi est d’une belle complexité. Capable de mentir à l’ensemble de son entourage – et peut-être à elle-même – cette femme n’est jamais décrite de manière univoque. A la fois sérieuse dans son travail, capable d’autorité, mais également sensible au malheur des détenus, elle finit par être séduite par ces gens de la marge qui lui offrent un autre horizon dans une vie très normée.

Deux temporalités pour une même histoire

Pour agrémenter son récit, Stéphane Demoustier a eu l’intelligence de suivre conjointement deux temporalités. Ainsi, nous suivons en parallèle le basculement de la jeune femme dans la criminalité et l’enquête menée par Michel Fau et Pablo Pauly après le fameux fait divers sanglant. Le cinéaste parvient à un bel équilibre entre ces deux lignes narratives, ce qui permet de dynamiser son récit et de rendre la projection très efficace. D’abord vue à travers des caméras de surveillance, la fameuse exécution donne lieu par la suite à un plan séquence qui démontre la capacité du réalisateur à gérer l’espace de manière convaincante.

Pourtant, Borgo manque sans doute d’une dernière séquence marquante pour s’imprimer durablement dans l’esprit du spectateur. Sans doute entravé dans sa narration par d’éventuelles poursuites juridiques, le cinéaste interrompt son film à un moment où l’on s’attendrait à avoir une conclusion plus frappante. Tel quel, Borgo est un bon thriller, doté d’une réelle efficacité, mais qui échoue in fine à marquer les esprits. Il ne risque pas non plus de réconcilier les continentaux avec la Corse puisque la région insulaire est décrite comme une terre vouée à la violence, au gangstérisme et au racisme le plus quotidien.

Sorti dans une combinaison de 232 salles, le thriller corse semble avoir trouvé son public lors de sa première journée d’exploitation le mercredi 17 avril avec 17 000 entrées. Cela en fait la troisième meilleure moyenne du jour, démontrant une réelle curiosité du grand public pour ce film réussi qui a aussi obtenu le Grand Prix à Reims Polar 2024.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 17 avril 2024

Affiche de Borgo (2024)

Création : Silenzio © Petit Film, France 3 Cinéma. Tous droits réservés.

Biographies +

Stéphane Demoustier, Hafsia Herzi, Pablo Pauly, Vincent Colombe, Fanny Guidecoq, Florence Loiret Caille, Henri-Noël Tabary, Cécile Ducrocq, Moussa Mansaly, Michel Fau, Louis Memmi

Mots clés

La Corse au cinéma, Film de prison, Les faits divers au cinéma

 

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