Monkey Man : la critique du film (2024)

Action, Thriller | 2h01min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Monkey Man, l'affiche

  • Réalisateur : Dev Patel
  • Acteurs : Dev Patel, Sharlto Copley, Pitobash Tripathy, Vipin Sharma
  • Date de sortie: 17 Avr 2024
  • Année de production : 2021-2024
  • Nationalité : Américain, Indien, Canadien, Singapourien
  • Titre original : Monkey Man
  • Titres alternatifs : L'homme singe (Québec) / Homem Macaco (Portugal) / Monkey Man: El Despertar De La Bestia (Mexique) / A Majomember (Hongrie) / Fúria Primitiva (Brésil)
  • Autres acteurs : Sikandar Kher, Sobhita Dhulipala, Ashwini Kalsekar, Adithi Kalkunte, Makarand Deshpande
  • Scénaristes : Dev Patel, John Collee, Paul Angunawela
  • D'après : une histoire de Dev Patel
  • Monteurs : Dávid Jancsó, Tim Murrell
  • Directeur de la photographie : Sharone Meir
  • Compositeur : Jed Kurzel
  • Chef Maquilleur : -
  • Chef décorateur : Pawas Sawatchaiyamet
  • Directeur artistique : Ahmad Zulkarnaen
  • Producteurs : Ian Cooper, Christine Haebler, Basil Iwanyk, Bavand Karim, Erica Lee, Anjay Nagpal, Dev Patel, Jordan Peele, Win Rosenfeld, Samarth Sahni, Jomon Thomas
  • Producteurs exécutifs : Jason Cloth, Jonathan Fuhrman, Aaron L. Gilbert, Cheryl Leib, Suraj Maraboyina, Natalya Pavchinskaya, Alison-Jane Roney, Adam Somer, Andria Spring, Steven Thibault
  • Sociétés de production : Bron Studios, Thunder Road Pictures, Monkeypaw Productions, Creative Wealth Media Finance, Lost Winds Entertainment, Lucky Elephant Media, Minor Realm, S'YA Concept
  • Distributeur : Universal
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : 15 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux -12 ans avec l’avertissement : Certaines scènes particulièrement violentes sont susceptibles de choquer un public sensible
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Atmos
  • Festivals : -
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © L.A. (affiche). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Universal Studios. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : -
  • Tagline : Une simple braise peut tout réduire en cendres.
Note des spectateurs :

Film coup de poing à la réalisation survitaminée, Monkey Man s’en prend directement aux inégalités de la société indienne avec une rage non contenue. L’ensemble est motivant bien qu’inégal à cause d’une réalisation tantôt brillante, tantôt irritante.

Synopsis : Kid est un gamin des rues qui, après l’horrible massacre de son village natal, a grandi orphelin dans les bas-fonds de la ville fictive de Yatana. Il finit par gagner sa vie dans un club qui organise des combats clandestins où dissimulé derrière un masque de gorille, il se laisse battre au sang par des adversaires pour de l’argent. Après toutes ces années à contenir sa rage le jeune homme trouve le moyen d’accéder à la sinistre élite de la ville. Subitement submergé par son traumatisme d’enfance, il va se retourner violemment contre ceux qui lui ont tout pris et trouver ce que les mystérieuses cicatrices de ses mains cachent en vérité.

Un long processus créatif

Critique : Monkey Man parvient sur nos écrans après une très longue odyssée qui a nécessité des années pour sa conception, puis sa distribution. Il a déjà fallu environ huit ans à l’acteur Dev Patel (Slumdog Millionaire en 2008) pour écrire et finaliser le scénario de ce qui devait être son tout premier film de réalisateur. Vers 2018, le projet est enfin annoncé et finit par se tourner dans les studios de Batam en Indonésie, mais aussi à Mumbai. Bien entendu, le tournage n’a pas été simplifié par la crise de la Covid-19, mais les prises de vues ont été achevées en 2021. Pourtant, le métrage initialement vendu à Netflix pour la coquette somme de 30 millions de dollars afin d’être projeté sur ses plateformes du monde entier semble trop bon à ses producteurs pour être sacrifié sur l’autel anonyme du streaming.

Monkey Man, photo d'exploitation 1

© 2024 Universal Studios . All Rights Reserved.

Ainsi, les producteurs ont dénoncé leur contrat avec Netflix afin que le film soit racheté par une compagnie qui permettrait au long métrage de sortir dans les salles de cinéma. Finalement, le cinéaste Jordan Peele a fait partie des candidats au rachat à travers sa société Monkeypaw Productions. Ainsi, il a poussé Universal à se porter acquéreur des droits de distribution du film d’action badass. Toutes ces tractations ont pris un temps fou, repoussant de près de trois ans la sortie mondiale de ce Monkey Man qui débarque enfin au printemps 2024, aussi bien aux States qu’en France. La question est de savoir si le résultat en valait la peine ?

Monkey Man, une série B au discours social et politique

Il faut tout d’abord rappeler que le long métrage n’aurait coûté initialement qu’une quinzaine de millions de dollars et il ne faut donc pas que les spectateurs s’attendent à une débauche de scènes d’action esthétisantes comme on peut en trouver dans les derniers John Wick (qui, pour mémoire, coûtent dix fois plus cher comme l’imposant chapitre 4). Dans Monkey Man, on est plutôt face à une série B musclée qui rêve d’égaler ses maîtres à filmer, dont les auteurs de John Wick, mais aussi Gareth Evans (The Raid en 2011) ou Park Chan-wook (Old Boy en 2003). Dev Patel fait donc preuve de beaucoup d’ambition sur le plan visuel, même s’il n’a pas toujours les moyens d’y parvenir.

Afin de se distinguer du tout-venant du film d’action burné, Dev Patel a ajouté à son scénario une dimension sociale et politique bienvenue. Certes, son long métrage se déroule dans une ville fictive d’Inde, mais il n’est pas trop difficile d’y lire une critique du fonctionnement actuel de la démocratie indienne, notamment depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre nationaliste Narendra Modi en 2014. Il n’est pas interdit de voir dans la figure de l’autoritaire Baba Shakti (personnage fictif incarné dans le film par Makarand Deshpande) une version à peine déguisée de Narendra Modi. De même, l’idéologie défendue par le parti politique du film ressemble pour beaucoup à celle du Bharatiya Janata Party (BJP) qui est au pouvoir en Inde depuis maintenant dix ans. On y retrouve notamment l’autoritarisme, la corruption et l’oppression des minorités du pays.

Gare à la vengeance des déclassés!

Visiblement très critique envers le gouvernement indien, Dev Patel fustige à travers son premier film les politiques d’exclusion menées contre les minorités ethniques et religieuses. Cette critique intéressante est enrobée dans un scénario classique de vengeance comme on a pu en voir des milliers depuis le western spaghetti jusqu’aux films d’arts martiaux des années 70 à nos jours. La plus-value de Monkey Man vient donc de ce contexte inhabituel et de la rage avec laquelle Dev Patel entend traiter le sujet des inégalités. Ainsi, il ne faut pas chercher ici de nuance puisque tous les personnages se révèlent archétypaux, comme dans la plupart des films de genre.

Monkey Man, photo d'exploitation 2

© 2024 Universal Studios . All Rights Reserved.

Le héros souffre le martyr durant plus d’une heure, victime d’un trauma enfantin particulièrement atroce qui sera révélé dans une scène clé totalement mélodramatique qui fait son petit effet. Face à lui, les élites sont toutes corrompues, baignant dans le stupre, la prostitution et la drogue. Ils deviennent dès lors des figures maléfiques qui doivent être éradiquées par un être vengeur quasiment divinisé. Dans ce rôle de nettoyeur, Dev Patel impressionne fortement par ses capacités physiques (il fut champion de taekwondo durant son adolescence, avant de devenir acteur) et un corps sculpté comme celui de Bruce Lee. Au cours du film, le personnage se transforme en véritable machine à tuer qui va faire des ravages durant la dernière demi-heure, survitaminée et ultraviolente.

Dev Patel a mis tout son cœur et ses tripes dans ce premier essai

Si l’acteur est impeccable et que plusieurs séquences d’action s’avèrent remarquables, on peut toutefois regretter la tendance du cinéaste à multiplier les gros plans, suscitant l’asphyxie progressive du spectateur. De même, l’usage de la caméra portée à l’épaule peut se révéler fatiguant à la longue, notamment lors d’une scène de combat centrale où les plans sont tellement immersifs que cela confine parfois à l’abstraction. L’efficacité est réelle, mais l’impression de surcharge peut également indisposer. En cela, on préfère largement la gestion de l’espace de la dernière demi-heure, nettement plus pertinente en termes de réalisation.

Alternativement enthousiasmant et parfois irritant, Monkey Man n’est assurément pas à mettre devant tous les publics du fait de son extrême violence qui confine parfois au gore, mais aussi par son ambiance très sombre qui peut marquer durablement le spectateur. Que l’on aime ou non ce premier long métrage de Dev Patel, on ne peut nier que l’acteur a mis toutes ses tripes dans cette œuvre très ambitieuse et qui, parfois, manque sans aucun doute de modestie et de recul. Ses premiers chiffres décevants prouvent bien que l’on n’est pas ici face à un film consensuel, et c’est sans nul doute sa plus belle qualité.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 17 avril 2024

Monkey Man, l'affiche

© 2024 Universal Pictures / Affiche : L.A. Tous droits réservés.

Biographies +

Dev Patel, Sharlto Copley, Pitobash Tripathy, Vipin Sharma

Mots clés

Film d’action, L’Inde au cinéma, La vengeance au cinéma

 

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Monkey Man, l'affiche

Bande-annonce de Monkey Man (VF)

Action, Thriller

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