Jeune premier des années 50 et 60 et star des années 70, Jean-Louis Trintignant a souvent opté pour des choix exigeants.
Du cinéma italien à Rohmer et Costa-Gavras
Si le célèbre Et Dieu créa la femme (1956) de Roger Vadim le propulse vedette, c’est le cinéma italien qui lui donne ses plus beaux rôles dans la première décennie des années 60 : il est ainsi le jeune homme amoureux dans Été violent (1959) de Valerio Zurlini, ou l’étudiant charrié par Vittorio Gassman dans Le Fanfaron (1962) de Dino Risi, sommet de la comédie italienne. En France, il connaît un triomphe en 1966 en étant dirigé par Claude Lelouch dans Un homme et une femme et il séduit les cinéphiles grâce à Eric Rohmer qui lui confie le rôle de l’ingénieur catholique dans Ma nuit chez Maud (1969). Il enchaîne alors les succès et obtient le prix d’interprétation au Festival de Cannes 1969 pour son rôle du juge d’instruction dans Z de Costa-Gavras.
Ce film marque sa collaboration à un certain cinéma politique de l’époque, ce qui lui vaut d’être dirigé par Bernardo Bertolucci dans Le Conformiste, en 1970, d’après Moravia : sa composition d’un responsable fasciste hanté par de vieilles culpabilités est un modèle de puissance dramatique et de jeu intériorisé. Il connaît alors sa décennie de cinéma la plus prestigieuse, consolidant son statut de vedette populaire avec Yves Boisset (L’Attentat), Jacques Deray (Flic story), Philippe Labro (Sans mobile apparent) ou Christian de Chalonge (L’Argent des autres), tout en prenant davantage de risques sous la direction de Nadine Trintignant (son épouse d’alors) ou Alain Robbe-Grillet.
Jean-Louis Trintignant brillant à l’écran comme sur la scène
Il décide même de se lancer dans la réalisation avec deux longs métrages dont Le Maître-nageur (1979), une jolie comédie décalée, avec Guy Marchand. Dans les années 80, il trouve son plus beau rôle en incarnant le protagoniste de Vivement dimanche ! (1983), le dernier film de François Truffaut. Mais il faudrait redécouvrir aussi Eaux profondes (1981) de Michel Deville, sombre adaptation de Patricia Highsmith. Malgré des exceptions comme Krzysztof Kieslowski, Pierre Boutron ou Michael Haneke dans les années 2010, les réalisateurs lui confient surtout des rôles de personnages secondaires à partir du milieu des années 80. Il s’adapte alors avec aisance aux univers de Régis Wargnier, Patrice Chéreau ou André Téchiné, pour lequel il interprète le metteur en scène de Rendez-vous (1985).
Son triomphe dans Amour (2012) de Michael Haneke, qui lui vaudra son unique César, marque la consécration d’une carrière remarquable. Jean-Louis Trintignant a aussi été un grand comédien de théâtre. Il fut un éblouissant Hamlet et mit son beau timbre de voix et sa prestance au service des écrits de Ionesco, Claudel et Giraudoux. On a pu aussi l’admirer dans Arts de Yasmina Reza, Poèmes à Lou d’Apollinaire (avec sa fille, Marie Trintignant dans une mise en scène de Samuel Benchetrit), ou Poètes libertaires, d’après Desnos, Prévert et Vian.
L’acteur décède en 2022 à l’âge de 91 ans.