Creepshow : le dossier critique autour du film du tandem George Romero et Stephen King (1983)

Horreur, Film à Sketchs, Comédie horrifique | 1h50min
Note de la rédaction :
9/10
9
L'affiche du film culte Creepshow par Melki

  • Réalisateur : George A. Romero
  • Acteurs : Stephen King, Adrienne Barbeau, Hal Holbrook, Leslie Nielsen, Ted Danson, Ed Harris, Fritz Weaver, Carrie Nye, E.G. Marshall, Viveca Lindfors, Tom Atkins
  • Date de sortie: 22 Juin 1983
  • Titre original : Creepshow
  • Scénariste : Stephen King (scénario original)
  • Directeur de la photo : Michael Gornick
  • Producteurs : Richard P. Rubinstein pour Laurel Entertainment, Salah M. Hassanein, David E. Vogel
  • Compositeur : John Harrison
  • Maquilleur, Concepteur effets spéciaux : Tom Savini
  • Distributeur : Arts et Mélodie (A.M. Films)
  • Distributeur américain : Warner Bros (sortie le 12 novembre 1982) dans 1 132 cinémas
  • Editeur vidéo : Hollywood Vidéo (VHS), TF1 Vidéo (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 18 juillet 2001 (DVD)
  • Box-office USA : 21 028 755$ (5 semaines d'exploitation)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 384.587 entrées / 129.551 entrées
  • Illustration : Melki (France) / Joann Daley (Etats-Unis) / Enzo Sciotti (Italie) / Tom Chantrell (Royaume Uni)
Note des spectateurs :

Creepshow est un monument de comédie macabre, conçu par deux maîtres de l’épouvante qui connut, à sa sortie, un succès international éminent. Une référence dans le film à sketchs.

Synopsis : Billy est puni. Son père furieux vient de découvrir que son fiston s’adonnait au plaisir des lectures d’épouvante. Dans un accès de colère, le paternel jette la BD horrifique à la poubelle et envoie son fils au lit. Mais, le spectral The Creep, le héros favori de Billy, se matérialise à la fenêtre du jeune garçon et donne vie aux personnages des cinq histoires dans une ultime danse macabre.

 

Critique : Tentative tardive de relancer le film à sketchs horrifique très à la mode, notamment au Royaume-Uni, au début des années 70 (Histoires d’outre-tombeLe caveau de la terreur), Creepshow est né au début des années quatre-vingt, de la rencontre providentielle entre deux maîtres du genre, George A. Romero, le fondateur du mythe des morts vivants qui sortait du succès de Zombie (1978), et Stephen King, jeune écrivain prodige fraîchement adapté au cinéma par des cinéastes talentueux comme Brian De Palma (Carrie) ou Stanley Kubrick (Shining).

Fluffy, le yéti affamé de Creepshow

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros.

Creepshow, la rencontre au sommet entre Stephen King et George A. Romero

 

En 1979, Romero devait déjà mettre en scène Les vampires de Salem (Salem’s lot) pour Warner, mais, au grand désespoir du studio, le réalisateur de Martin s’était retiré du projet lorsque la firme légendaire décida d’en faire une adaptation pour la télévision sur un format de trois heures, celle connue aujourd’hui, que Tobe Hooper allait signer.

 

Hommage aux E.C. Comics

Au moins, ce projet avorté permit aux deux hommes de se rencontrer et de découvrir leur passion commune pour les E. C. Comics (Entertainment Comics), des bandes dessinées d’épouvante très populaires chez les adolescents des années 50, composées d’histoires fantastiques courtes, mais fortes, caractérisées par une chute imparable.

 

Nourris à cette même poésie macabre, King et Romero décidèrent avec le producteur Richard P. Rubinstein, proche de Romero, de concocter, dès 1981, un hommage à ce type de littérature qui va prendre les traits de Creepshow“le film monstre” (célèbre accroche proposée par le distributeur français).

Le Pariscope du 22 juin 1983, avec Creepshow en couverture

Les archives de CinéDweller – Copryights : Tous droits réservés

Le partage des tâches.

 

Le King en écrivit très rapidement le scénario, historiquement son premier scénario original, puisqu’auparavant, il n’avait pas été sollicité pour participer aux scripts des quatre adaptations dont il avait fait l’objet. Pour lui, il s’agissait d’entrer dans le cinéma par la grande porte et de répondre à l’affront que Stanley Kubrick lui avait fait, par rapport à son propre scénario de The Shining (1981), que le réalisateur d’Orange Mécanique n’avait même pas daigné lire pour accoucher, selon les termes de King, d‘un film froid, artistiquement beau, mais narrativement réfrigérant.

 

En quelques mois, King livra donc cinq histoires de comédie et de terreur pures, peuplées d’un monstre poilu issu d’une exploration centenaire, d’un homme se métamorphosant en plante (Stephen King, lui-même), de morts-vivants aquatiques vengeurs, d’un zombie fétichiste de la Fête des pères, et d’une armada de cafards carnivores. Si les histoires sont globalement originales, deux d’entre elles, notamment The Crate, avaient déjà été publiées à l’identique dans un magazine masculin façon Playboy, en 1979.

The Creep, articulé par Tom Savini dans Creepshow

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros.

L’ambition au détriment de l’efficacité ?

 

Le résultat est ambitieux et dure deux heures, d’aucuns trouvèrent cela excessif à sa sortie, chacun allant du sketch qu’il aurait fallu amputer… Il est vrai que celui sur le péquenaud Jordy Verill, qui va se transformer progressivement en herbe extra-terrestre, a un ton loufoque, très BD, malgré son final tragique, qui tranche moins et surtout, pèche par son rythme. Stephen King acteur, dans le rôle de Verill, est livré à lui-même, seul, avec ses mises en scène mentales chez un médecin qu’il imagine lui amputer ses membres en train de se végétaliser…

 

Ce problème de durée – le film durait initialement près de trois heures et un montage cannois diffusé en 1982 dépassait les 2 heures – fut d’ailleurs amputé d’un segment en Allemagne qui trancha pour le bien-être des spectateurs. Pour Creepshow 2, en 1987, la production ne reproduira pas cette erreur de jugement, décidant de diminuer le script à trois histoires.

 

Un style graphique original

 

Romero mit en scène l’ensemble des récits de manière “cartoonesque”, multipliant les vignettes de BD et les éclairages outranciers pour coller au style des comics. Il est aidé dans son travail par le forcené Michael Gornick à la photographie. Ce dernier, qui réalisera le second opus de Creepshow en 1987, se fait plaisir, justifiant au passage des effets flashy très années 80, par cet hommage aux vignettes colorées d’antan.

Fluffy s'apprête à sortir de sa caisse : lobby card française Creepshow

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros.

Un pour tous, tous pour un

 

Le résultat est à l’arrivée formidable de cohérence malgré la pluralité des récits : Creepshow est unité dans la beauté visuelle, ses trouvailles de réalisation et se trouve consolidé par un récit cadre, essentiellement animé, autour d’un enfant qui conjure l’apparition d’un spectre à sa fenêtre, le soir où son père le punit pour avoir dissimulé des bandes dessinées de monstre. Les transitions sont fluides et assurent le visionnage d’un projet entier, ne nous laissant jamais l’impression d’assister à des segments maladroitement mis bout à bout.

Les lobby cards françaises de Creepshow (Arts et mélodie)

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Archives : Frédéric Mignard

Outre le travail de Gornick à la photo, il faut citer tous les talents qui ont largement contribué à faire de cette anthologie un monument de son époque, que ne seront jamais Cat’s Eye, Dark side les contes de la lune noire, En plein cauchemar, pour ne citer que quelques productions identiques qui s’inspirèrent du procédé de Creepshow.

 

Tom Savini aux entrailles

 

Tom Savini, le maquilleur star du début des années 80, spécialiste du slasher et du gros bouillon qui tache, a conçu un carnaval de créatures remarquables, qui, pour la promotion  du film, allaient défiler sur la Croisette. Même si le film ne se veut pas hardcore ou violent, l’aspect horrifique n’est pas émoussé, The Crate et son monstre Fluffy s’avérant respectivement sanglant et vorace. Quant au sketch final, avec le corps d’un vieillard (E.G. Marshall) qui se décompose lorsque les cafards qui se sont introduits en lui, s’échappe de tous ses orifices, la douleur et le dégoût est bien palpable. Romero est bien le réalisateur de La nuit des morts vivants et de Zombie, Savini le maquilleur de Zombie, Maniac ou de Vendredi 13 ; il fallait donc bien que ces deux gentlemen de la contre-culture se lâchent.

1982, premier sktech Father's day - Viiveca Lindfors dans Creepshow

1982 © Laurel Entertainment

Casting royal

Le casting, par ailleurs, est copieux, faisant appel à des comédiens de premier choix. Beaucoup de grands noms des décennies précédentes : Leslie Nielsen, méconnaissable en époux machiavélique, prêt à fomenter un plan sadique pour se débarrasser de femme adultère et de son amant, est différent du benêt maladroit canonisé dans les parodies des ZAZ (Y a-t-il un flic…), les éternels seconds rôles Hal Holbrook, Fritz Weaver, E.G. Marshall, mais aussi la vedette suédoise Viveca Lindfors. Celle-ci, présente en tante Bedelia dans le premier sketch, est excellente ; on comprend qu’elle ait vite oublié ses réticences à l’idée de jouer dans un film d’horreur, alors qu’on la surnommait dans les années 50 la Garbo suédoise, et délivre une composition particulièrement haute en couleur.

Melki et Viveca Lindors Creepshow

Creepshow : bandeau / A partir d’un document de Melki

Ed Harris et Ted Danson assurent

 

La relève est aussi là : Ted Danson, future vedette comique, déjà populaire à la télévision (la série Cheers), et Ed Harris, bien avant L’étoffe des héros ou Abyss de James Cameron dans un rôle qui démontre que fumer, dans un cimetière, tue ! Autre valeur sûre de l’époque, Adrienne Barbeau, scream queen et épouse de John Carpenter :  la comédienne est jubilatoire en épouse castratrice odieuse qui ne suce pas que des glaçons. Sa mort tant attendue, après les humiliations répétées qu’elle fait subir à son époux (Hal Holbrook, lavette à l’extérieur, bouillonnant de haine à l’intérieur) est un paroxysme pour le spectateur qui, après l’empathie, se lâche. Barbeau, si douce dans Fog (1981) est devenue une harpie détestable que l’on aime voir être dévorée par ce yéti oublié dans une caisse d’exploration, au cœur d’une vieille université. C’est qu’après cent ans de diète que le monstre avait fait, il fallait bien que quelqu’un aille mesurer de plus près la taille de ses dents. Les dialogues assez grossiers de cette histoire courte sont relevés, et l’humour assure de vrais beaux moments.

Promotion Marketing et Merchandising Creepshow

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Archives : Frédéric Mignard

Une bande-son d’anthologie

 

Creepshow, visuellement bluffant, appartient par ailleurs à ces productions horrifiques d’envergure, qui comptent aussi de par leur bande originale. On se souvient du poids de la musique dans Halloween de Carpenter ou dans Phantasm de Don Coscarelli. Le score de John Harrison, également assistant réalisateur, et futur réalisateur du Grand Prix d’Avoriaz Dark Side, est probablement l’un des plus riches dans son genre. Entre musique classique et nappe de synthé ambiantes, il contribue énormément à la réussite de cette anthologie, avec des développements et un thème qui donnent des frissons. C’est beau, sombre, jamais répétitif, traitant chacun de ces récits pluriels avec un environnement musical propre. Le 33 tours de la bande originale (chez Milan) parvint à de belles ventes, avec des rééditions en CD successives pour alimenter le culte. La France commercialisa même, en 1983, un 45 tours et un maxi 45 tours, tous deux opportunistes, à destination des discothèques de province. Interprétée par The Creep/Le Spectre, la ringardise n’a rien à voir avec l’œuvre originale et se situe bien loin des hits des clubs de l’époque…

Entretien Laurent Melki Frédéric Mignard

Illustration : Laurent Melki / Montage : Frédéric Mignard CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros.

La force d’un plan de marketing exceptionnel

Inoffensive dans le genre horrifique malgré ses nombreux plans saignants, la comédie horrifique privilégie la carte de l’humour (un zombie part à la recherche de son gâteau de la fête des pères dans le premier sketch) et un marketing de qualité qui va dans ce sens. Les monstres connurent les joies d’un merchandising et d’un marketing inédits pour un film de ce genre. Le plan média est impressionnant : hologrammes de spectres flottant devant les caisses, machines à fumée lourde pour générer un halo de brume coulant au sol, tapis parlant, cassettes personnalisées pour les salles l’exploitant… Warner l’annonçait fièrement après les beaux résultats du film, lors de ses cinq premiers jours d’exploitation : there’s no business like Creepshow business.

EXCLUSIF, la toute première affiche française de Creepshow

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros.

Les affiches monstres

 

Pour les affiches, on employa le talent de grands illustrateurs pour concevoir des visuels différents à l’international. Alors que l’affiche américaine de la grande Joann Daley reste encore, en 2019, un classique, d’autres visuels marquèrent les esprits : c’est ainsi que Melki, en France, alors tout jeune illustrateur, travaillant essentiellement sur des jaquettes VHS pour Hollywood Vidéo et Metropolitan FilmExport, signa l’illustration la plus importante de sa carrière, ce que l’on appelle un career-changing success en anglais, quand Enzo Sciotti, en Italie, immortalisa l’œuvre dans un visuel d’une incroyable beauté morbide, centré également sur le pivot du film : le Spectre, c’est-à-dire « The Creep », qui sert de fil conducteur aux cinq récits. Au Royaume-Uni, en 1982, Tom Chantrell, artiste britannique très à la mode, qui officia notamment sur Star Wars, réalisa une affiche marquante, influencée par le travail de Bernie Wrightson, auteur de BD cultes à qui on demanda de faire de cette fausse adaptation de comics, un authentique livre de bandes dessinées qui fut très vite en rupture de stock, avant de connaître une réédition en France en 2012, soit trente ans après la sortie de la BD originelle qui se vendait à des prix faramineux sur Internet.

Affichettes de Creepshow par Joann Daley

Illustratrice : Joann Daley / CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Archives : Frédéric Mignard

Ersatz, suite, reboots…

 

Romero et Stephen King parvinrent à relancer le genre moribond du film à sketchs horrifiques, puisque, coup sur coup, on vit sortir des ersatz comme En plein cauchemarCat’s eye (adapté du King) ou Tales from the darkside, réalisé par le compositeur de Creepshow, John Harrison. La télévision ne manqua pas le coche en faisant resurgir Les contes de la crypte d’un passé bien lointain. Creepshow connut évidemment un deuxième volet, réalisé par Michael Gornick, le directeur de la photographie du premier opus, mais cette suite bancale qui sortit tardivement, en 1987, ne connut qu’un succès mineur, faute d’un engagement convaincant de la part de Stephen King et Romero.

 

Classique un jour, oublié le lendemain

 

Le fantastique ne faisant plus recette à la fin des années 80, la franchise fut délaissée et le film disparut des mémoires alors que son réalisateur allait être évincé des devants de la scène fantastique pendant plus de dix ans, durant une décennie 90 où les mythes d’Universal (Frankenstein, Dracula, le loup-garou) devinrent plus populaires que les zombies du cinéaste de Pittsburgh et où les teen movies tranchants, de ceux qui étaient à la mode au début des années 80, redevenaient objets de succès au box-office, après le triomphe de Scream de Wes Craven.

Rareté : le 45 tours de Creepshow

Illustration de la Creepshow Dance, par Melki

Creepshow et les années 2000

 

Si Romero revint triomphal en 2005 avec Land of the dead, la mode des sequels et des remakes a permis à Creepshow de redevenir tendance. Taurus, une compagnie indépendante américaine, produit en effet un troisième volet, au budget dérisoire, sans aucun lien avec les deux premiers films. Le résultat catastrophique est digne d’une série Z et le film ne sera rien d’autre qu’un vulgaire direct-to-video.

Creepshow 1 en quelques DVD et blu-ray internationaux

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Collection : Frédéric Mignard

Tandis que Warner Bros annonce la mise en route d’un remake du film de 1982, aussi tardif qu’imprévu, il faut rappeler que les années 2000 furent celles des grandes relectures des classiques de l’épouvante : Massacre à la tronçonneuse, Zombie, Les griffes de la nuit, La Malédiction, Amityville, Hitcher, La dernière maison sur la gauche, Piranha, Vendredi 13, La colline a des yeux, Vampire vous avez dit vampire ?, Evil Dead… tous les hits des années 70-80 se voient reliftés, avec plus ou moins de bonheur. Mais finalement, Creepshow et son format bancal plus propice à celui des séries télévisées qui gagnent en aficionados au fil des deux dernières décennies, sera abandonné par Warner, dans son positionnement cinématographique pour devenir en septembre 2019, sur la plateforme horrifique américaine Shudder, une série horrifique à part entière, qui replace le Spectre du premier film, Romero et Stephen King, au cœur de l’hommage. Le fils de Stephen King, Joe King (accessoirement le gamin qui ouvre et ferme le film originel, et aujourd’hui un romancier à succès), a d’ailleurs réalisé un épisode, John Harrison également…

 

Creepshow, voire bouillant

 

Ce conte de la crypte est donc loin d’être enterré et sa résurrection bien que tardive démontre l’influence énorme que le diptyque Ça (Warner) a pu avoir sur la carrière de Stephen King, redevenu soudainement hype, après des années au purgatoire, loin des écrans de cinéma.

 

Creepshow-business : Creepshow s'affiche dans Variety

CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Archives : Frédéric Mignard

Et le box-office dans tout cela ?

Au USA, Creepshow devint un hit évident : 8 000 000$ en 5 jours, dans seulement 1 127 salles. Le film fut lancé pour Halloween, en 1982, à grand renfort de publicité, avec de gros efforts de la part du département promotionnel de Warner, alors dirigé par Ernie Grossman qui comptait sur la convergence des médias autour de cet événement, à la fois cinématographique, littéraire, et artistique (Variety fut d’une grande aide, à ce niveau).

Finalement, aux USA, le week-end d’Halloween fut très favorable à ce film train-fantôme, mais le blockbuster de l’effroi ne parvint pas à tripler sa première semaine, avec un total de 21 028 755 de recettes, autant que Cujo, Christine et Dead Zone, à vrai dire.

Au Royaume-Uni, le film parut en novembre 1982 et ouvra en deuxième place, derrière un certain Tron de Disney.

Pour la France, Samuel Hadida, qui allait devenir le grand manitou de Metropolitan FilmExport, et son complice Bernard Dauman, réussirent à susciter l’attention du public, avec une sortie estivale, au début de l’été 1983, alors que le film sera parallèlement disponible en VHS.

Stephen King Christine

Box-office France

Creepshow devait initialement sortir le 27 avril 1983. Sa sortie sera repoussé à la dernière minute en juin.

Distribué le 22 juin 1983, en même temps que Monty Python Le sens de la vie (26 salles à P.P.) et A bout de souffle Made in USA, remake du Godard avec Richard Gere (32 salles), Creepshow affrontait également deux films érotiques bénéficiant du même nombre de salles que lui (24 écrans), à savoir Les aventures sexuelles de Néron et Poppée et Femmes. Sans oublier une belle reprise de L’espion qui m’aimait (James Bond) sur 21 écrans. Nonobstant, Creepshow s’octroya le 3e meilleur score du mercredi, avec 8 791 curieux sur la capitale. La production indépendante entrera donc en 3e position du box-office parisien à l’issue de sa première semaine, avec 63 464 spectateurs, fort de très beaux chiffres au George V (7 003 entrées) et au Miramar (7 868). Ce film d’épouvante hors normes était aussi à l’affiche de l’Elysée Lincoln, du St-Germain Huchette, du Gaumont les Halles, du Gaumont Sud, du Gaumont Richelieu, du Lumière, de l’Athéna, du Fauvette, et des Images.

Visuel promotionnel exclusif de Creepshow, issu en 1983

Visuel promotionnel exclusif de Creepshow, issu en 1983 – Les archives de CinéDweller

Plus dure sera la chute

En 2e semaine sur Paris-Périphérie, malgré une hausse de ses écrans  à 28, l’anthologie glisse à 38 909 entrées (pour un total de 102 373). Elle passe à 15 376 entrées en 3e semaine, malgré une belle combinaison de 19 salles, et se retrouve quasi décimée en 4e semaine, avec 5 460 clients dans désormais 6 salles.

 

Pour sa 5e semaine parisienne, dans un circuit limité à 4 écrans, le tandem Stephen King-Romero attire encore 4 032 spectateurs, mais dans un contexte d’exploitation comble, la série B vit une dernière semaine, sa 6e semaine, donc, dans deux cinémas, le George V et le Miramar, où il affiche encore 2 370 spectateurs, pour un total définitif de 129 551 entrées.

La première cassette VHS de Creepshow en France

Illustrateur : Melki / CREEPSHOW © 1982 Laurel Show Inc. All Rights Reserved. Under exclusive license from Warner Bros. / Collection : Frédéric Mignard

Et la VHS dans tout cela ?

 

Creepshow fut également l’un des gros cartons des vidéoclubs, alors en pleine expansion. Avec des dizaines et des dizaines de parutions mensuelles, le film se forgea une belle entrée parmi les trente films les plus loués lors de son mois de sortie, parvenant,
en août 1983, à obtenir la 28e place mensuelle, selon le magazine spécialisé d’époque Vidéo 7.

 

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 22 juin 1983

Les adaptations de Stephen King sur CinéDweller

 

 

L'affiche du film culte Creepshow par Melki

1982 © Melki (illustration)

Entretien avec Melki

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L'affiche du film culte Creepshow par Melki

Bande-annonce de Creepshow

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