Suite directe de D’Artagnan, Les trois mousquetaires : Milady s’inscrit pleinement dans la lignée du précédent avec une réalisation dynamique et des acteurs au diapason. Seule l’intrigue est trop connue pour passionner tout à fait.
Synopsis : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Milady, digne suite de D’Artagnan
Critique : Réalisé conjointement à la première partie intitulée Les trois mousquetaires : D’Artagnan sortie au mois d’avril dernier, ce deuxième épisode titré Les trois mousquetaires : Milady en constitue la suite directe. Martin Bourboulon a d’ailleurs la judicieuse idée de rafraichir la mémoire des spectateurs en proposant un petit résumé du premier épisode afin que certains rebondissements liés aux péripéties précédentes ne soient pas cryptiques pour le spectateur lambda qui n’aurait pas eu à cœur de se replonger dans l’intrigue du roman touffu d’Alexandre Dumas.
Le long-métrage s’inscrit dans la plus fidèle continuité avec son prédécesseur. Il en possède donc les mêmes qualités et les quelques défauts déjà précédemment évoqués dans notre article du mois d’avril. Ainsi, Martin Bourboulon a eu l’intelligence de moderniser cette histoire rebattue en la tournant avec les techniques actuellement en usage. Il a notamment poussé les acteurs à effectuer eux-mêmes leurs cascades et leurs passes d’armes afin de pouvoir filmer ces évolutions en continu sans effectuer de coupes. Il donne ainsi à sa réalisation une belle fluidité qui rendent les affrontements d’autant plus impressionnants qu’ils sont tournés en longs plans séquences.
De l’action bien menée, au milieu de décors magnifiques
On notera d’ailleurs que cette seconde partie est légèrement plus dynamique que la précédente puisque l’intrigue en est moins touffue. Dès lors, il s’agissait surtout de se concentrer sur les moments de bravoure et d’action comme l’attaque de La Rochelle. A l’aide de décors naturels fabuleux qui mettent une fois de plus en évidence la richesse du patrimoine français, Milady est plutôt impressionnant dans sa volonté de créer un spectacle total qui rendrait hommage aussi bien aux films de cape et d’épées français des années 50 qu’aux grands chefs d’œuvre américains de l’âge d’or hollywoodien, époque Errol Flynn pour n’en citer qu’un seul.
Tout en étant plutôt fidèle à l’œuvre de Dumas, les scénaristes Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont apporté quelques touches plus contemporaines qui ne feront pas que des heureux, mais qui ne sont pas trop appuyées. Tout d’abord, en approfondissant la psychologie de Milady – toujours aussi charismatique Eva Green – ils en font à la fois une antagoniste redoutable, mais aussi une femme qui a énormément souffert et qui rejette la faute sur les hommes qui ont le malheur de croiser sa route.
Un monument (trop) connu de notre patrimoine, légèrement actualisé
Enfin, dans le genre inclusif, les auteurs ont ajouté un mousquetaire de couleur. Cela pourrait effectivement sembler une concession à l’air du temps si ce personnage n’avait pas réellement existé. Ainsi, Hannibal (ou plus souvent Aniaba) fut bel et bien un prince venu de Côte d’Ivoire qui fut fait filleul de Louis XIV et qui a servi dans le corps des mousquetaires. Si Alexandre Dumas n’a pas intégré ce personnage réel à son intrigue, cela ne dépareille aucunement, sachant que lui-même était fils d’un mulâtre (donc d’un métis).
Ces quelques éléments ne viennent en tout cas jamais perturber l’œuvre qui évoque avec panache les tensions religieuses présentes en France entre catholiques et protestants. Le film ne se veut être rien d’autre qu’un grand film populaire capable de divertir toutes les générations à partir d’un monument de notre patrimoine littéraire. D’ailleurs, il s’agit de la principale limite du film que de nous conter une énième fois la même histoire de complot, vue dans des dizaines et dizaines d’adaptations précédentes. Celle-ci n’est aucunement mauvaise, mais n’apporte pas grand-chose non plus, si ce n’est une vision un peu plus contemporaine et un style formel plus alerte.
Un casting de haute volée et en parfaite harmonie
Finalement, de cet ensemble très correct et professionnel, on retiendra surtout l’implication impeccable de tous les acteurs. Certes, on aime toujours autant Vincent Cassel, François Civil, Romain Duris, Pio Marmaï et surtout Eva Green dont le rôle est ici plus étoffé, mais de nombreux rôles de soutien prennent également plus de poids dans cette deuxième partie. On songe par exemple à Marc Barbé, Patrick Mille ou encore Julien Frison, parfait en frère du Roi – impérial Louis Garrel. Aidé par la musique emphatique de Guillaume Roussel, Milady offre quelques très belles séquences comme celle de la confrontation entre Vincent Cassel et Eva Green ou encore le duel final entre l’antagoniste féminine et François Civil au milieu des flammes.
Réussite patente, Les trois mousquetaires : Milady se termine sur un nouveau cliffhanger qui suppose la volonté de toute l’équipe de nous offrir dans quelques années une suite à ces aventures trépidantes. Honnêtement, on est partants !
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 13 décembre 2023
Biographies +
Martin Bourboulon, Romain Duris, François Civil, Pio Marmaï, Vincent Cassel, Eva Green, Louis Garrel, Lyna Khoudri, Camille Rutherford, Patrick Mille, Marc Barbé, Vicky Krieps, Julien Frison, Eric Ruf
Mots clés
Pathé Distribution, Fresque historique, Les grandes adaptations littéraires au cinéma