Harry Potter et l’ordre du Phénix est un épisode marqué par une caractérisation toujours plus satisfaisante, mais également une réalisation poussive à l’esthétique clinquante. A suivre tout de même.
Synopsis : Alors qu’il entame sa cinquième année d’études à Poudlard, Harry Potter découvre que la communauté des sorciers ne semble pas croire au retour de Voldemort, convaincue par une campagne de désinformation orchestrée par le Ministre de la Magie Cornelius Fudge. Afin de le maintenir sous surveillance, Fudge impose à Poudlard un nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dolorès Ombrage, chargée de maintenir l’ordre à l’école et de surveiller les faits et gestes de Dumbledore. Prodiguant aux élèves des cours sans grand intérêt, celle qui se fait appeler la Grande Inquisitrice de Poudlard semble également décidée à tout faire pour rabaisser Harry. Entouré de ses amis Ron et Hermione, ce dernier met sur pied un groupe secret, “L’Armée de Dumbledore”, pour leur enseigner l’art de la défense contre les forces du Mal et se préparer à la guerre qui s’annonce…
Critique : Il y a quelque chose d’attachant à voir grandir Harry et ses amis. Le temps passe, les volets se suivent, mais les personnages changent, loin de l’immobilisme psychologique de nombreuses sagas. Alors que progressivement on oublie l’enfant qu’il a été pour ne garder en tête que le jeune homme qu’il est devenu, on se remémore aussi ses nombreuses aventures toutes marquées par le sceau de la mort. Une estampille indélébile qui a beaucoup fait évoluer le jeune écolier de Poudlard en un être complexe nourri à la peur, à la colère et à la frustration de ne pas pouvoir se conformer.
Dans Harry Potter et l’ordre du Phénix, le sort s’acharne injustement sur lui (Dumbledore ne lui dit-il pas que la vie n’est qu’injustice ?). Raillé par sa famille, inculpé à tort d’avoir usé de la magie chez les humains, puis relaxé, mais toujours suspecté par la rumeur, ébranlé par de sombres découvertes sur son père et surtout pourchassé et manipulé mentalement par Voldemort, il y aurait de quoi le faire basculer du côté obscur de la force. Si l’enjeu reste en suspens à la fin de l’épisode, qui ne marque qu’une première étape de la guerre contre le sorcier maléfique, les tourments d’Harry, eux, ne cessent de grossir. Ils nourrissent brillamment un scénario ingénieux, remarquable synthèse en 2h17 d’un roman massif difficilement adaptable. Entre une foultitude de péripéties spectaculaires incluant un géant, des centaures et tout un tas de créatures hybrides qui font de la série une vraie mythologie en elle-même, Harry Potter s’interroge sur ses relations aux autres, au bien et au mal, sans pour autant nous lasser ou nous apitoyer mièvrement. Un caractère fort pour de petits spectateurs coriaces à qui l’on ne laisse vraiment pas le temps de s’ennuyer.
Les grands de leur côté seront plus partagés. Ce cinquième segment ne sera pas la grande réussite qu’ils attendaient. La richesse psychologique et la force scénaristique sont contrebalancées par une mise en scène relativement décevante. En s’installant à la réalisation David Yates essaie d’imposer un style visuel différent des deux précédents numéros, mais sa patte n’est que laideur. La campagne publicitaire assez quelconque qui entourait sa sortie n’était donc pas mensongère. Les images manquent d’ampleur et sont bien souvent clinquantes ; les caméras virtuelles n’ont pas la légèreté magique de celles des troisième et quatrième numéros et certains effets spéciaux lumineux marquent une régression criarde vers le mauvais goût prononcé des années 80. Cela fera plaisir aux aficionados du Retour du Jedi, mais gâchera un peu le plaisir des adultes qui avaient appris à prendre au sérieux cette fresque pour gamins depuis le formidable Prisonnier d’Azkaban, qui pour mémoire était une merveille artistique à tous les niveaux. Le film d’Alfonso Cuarón restera inégalé dans la saga.
La franchise Harry Potter
Sorties de la semaine du 11 juillet 2007
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Test DVD (2008)
Une édition consistante, techniquement irréprochable, mais légèrement convenue dans ses suppléments.
Compléments : 2 /5
L’édition collector est armée d’un deuxième disque plutôt bien fourni, sans pour autant être transcendant. Le meilleur des suppléments consiste en un long module de 44 minutes revenant sur Les secrets cachés d’Harry Potter. Un parfait résumé de la saga, établissant de nombreuses liaisons et autres parallèles entre les différents segments, soulignant ainsi l’impressionnante arborescence du récit.
Un document de 5 minutes intitulé Harry Potter et la magie du montage permet à David Yates et à son monteur de revenir sur l’importance fondamentale du montage. Certes, l’exercice est didactique, mais court et clair comme il est, il permet aux jeunes spectateurs, assez ignorants dans le domaine, de découvrir l’importance artistique et émotionnelle de ce stade de la création. On nous propose même à la fin du bonus une table de montage virtuelle pour monter à sa manière une scène du film. Ludique et amusant.
Autre supplément charismatique, La visite du plateau avec Tonks. L’on suit la comédienne qui interprète ce personnage parcourir une carte du Maraudeur, nous présentant ainsi, en vrai boute-en-train, les différentes composantes du plateau. Celui est réellement impressionnant de gigantisme et mérite bien une petite visite. Enfin, Warner propose de jeter un coup d’œil sur dix minutes de scènes supplémentaires. Celles-ci – principalement longues de quelques secondes et offrant un montage rallongé de séquences déjà présentes dans le film – n’apportent pas grand-chose au métrage. A noter au passage l’absence des teasers et des bandes annonces de ce volet et de ses prédécesseurs.
Cet épisode est également disponible en DVD simple, sans aucun bonus, en blu-ray et HD DVD. Une réédition interviendra en 2016. Ainsi qu’un Ultra HD 4K en 2017.
Image & son : 4.5 / 5
Techniquement performante, cette édition propose un piqué des couleurs et une profondeur de champ remarquables pour une copie SD. La limpidité des images est particulièrement visible lors des scènes d’obscurité, le noir y apparaît profond et pur. Un vrai régal. On imagine bien le résultat en haute définition. Le son 5.1 est puissant et distille de nombreux effets dans les enceintes arrière sans jamais faire de l’ombre aux voix, aussi bien en VO qu’en VF.