Épisode de transition, Harry Potter et la chambre des secrets développe l’humour et l’insouciance du premier, tout en annonçant par quelques séquences horrifiques la noirceur à venir.
Synopsis : Alors que l’oncle Vernon, la tante Pétunia et son cousin Dudley reçoivent d’importants invités à dîner, Harry Potter est contraint de passer la soirée dans sa chambre.
Dobby, un elfe, fait alors son apparition. Il lui annonce que de terribles dangers menacent l’école de Poudlard et qu’il ne doit pas y retourner en septembre. Harry refuse de le croire.
Mais sitôt la rentrée des classes effectuée, ce dernier entend une voix malveillante. Celle-ci lui dit que la redoutable et légendaire Chambre des secrets est à nouveau ouverte, permettant ainsi à l’héritier de Serpentard de semer le chaos à Poudlard.
Les victimes, retrouvées pétrifiées par une force mystérieuse, se succèdent dans les couloirs de l’école, sans que les professeurs – pas même le populaire Gilderoy Lockhart – ne parviennent à endiguer la menace.
Aidé de Ron et Hermione, Harry doit agir au plus vite pour sauver Poudlard.
Critique : Le tout premier Harry Potter a été une magnifique affaire pour la Warner puisqu’il a permis au studio d’amasser une somme approchant le milliard de dollars – uniquement avec l’exploitation cinéma – pour un budget de 125 millions de billets verts. Il n’en fallait pas plus pour mettre en chantier les suites qui doivent désormais sortir à un an d’intervalle afin de conserver le même casting pour toute la saga.
Deuxième épisode d’un phénomène cinématographique et littéraire
Bizarrement, le second volet des aventures du célèbre sorcier a coûté moins cher que le précédent, à savoir 100 millions de dollars (hors frais de promotion). Cela ne se ressent à aucun moment tant le rendu des effets spéciaux demeure identique à celui du précédent épisode. Si le personnage numérique de Dobby est une vraie réussite, de même que les araignées et le serpent géant, on ne peut toujours pas en dire autant des objets volants, toujours handicapés par des surimpressions hasardeuses. La partie de Quidditch souffre de ce défaut, de même que les interventions de la voiture volante. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant.
Reprenant la structure narrative du premier volet, Harry Potter et la chambre des secrets débute une fois de plus dans la famille d’adoption du jeune sorcier, donnant lieu à de nouvelles scènes de comédie qui sont l’apanage du réalisateur Chris Columbus. Toujours dans l’outrance, le cinéaste signe là des moments qui divertiront les petits, mais risquent fort d’indisposer les adultes. Le résultat n’est jamais insupportable, mais la saga semble ici reproduire les mêmes erreurs que précédemment en se concentrant sur un public jeune uniquement.
Toutefois, après cette première demi-heure assez peu enthousiasmante car entièrement vouée à la comédie, le film devient peu à peu plus sombre une fois que le trio de sorciers se retrouve à Poudlard. L’intrigue fait intervenir une menace pesant sur l’école, lieu familier de nos chères têtes blondes, avec possibilité d’une trahison interne, le tout baignant dans une atmosphère gothique bien venue.
Certes, les éléments comiques continuent à innerver le film (notamment à travers le personnage incarné avec beaucoup d’autodérision par Kenneth Branagh), mais l’ambiance devient de plus en plus inquiétante, ouvrant les portes pour l’épisode suivant, définitivement le plus sombre de la saga. Ici, les enfants devront s’armer de courage lors de la séquence avec les araignées géantes, particulièrement réussie dans sa noirceur extrême, mais également lors de l’affrontement entre Harry Potter et le serpent géant. La photographie de Roger Pratt prend acte de cet aspect en étant plus axée sur le clair-obscur et en enfermant les personnages dans des décors moins éclairés que sur l’épisode précédent. L’esthétique est donc davantage soignée et les mouvements de caméra sont également plus amples et inspirés. Reste un scénario qui ne semble pas encore capable de tracer tous les contours des bouquins et donne donc l’impression de faire du surplace par rapport au précédent.
Harry Potter et la chambre des secrets vers plus de noirceurs
Le gros point positif vient de l’interprétation toujours formidable du trio de tête – avec un Daniel Radcliffe un peu plus grand – à l’alchimie impeccable. Ils sont secondés par la dream team des acteurs anglais avec tout de même Kenneth Branagh, Maggie Smith, Alan Rickman, John Cleese et bien entendu Richard Harris dans sa dernière apparition à l’écran.
Harry Potter et la chambre des secrets peut donc apparaître rétrospectivement comme un épisode de transition qui conserve la légèreté du volet instigateur dans son premier tiers, mais annonce petit à petit l’évolution de la saga vers davantage de noirceur. Le public, lui, fut encore une fois fidèle au poste, même si les résultats mondiaux se tassent un peu (près de 900 millions de dollars tout de même). Avec un peu plus de 9 millions d’entrées en France, le film rate la première place du classement annuel chez nous – et ceci à cause du triomphe phénoménale d’Astérix et Obélix : mission Cléopâtre d’Alain Chabat – mais ne démérite pas pour autant. Chris Columbus, de son côté, passera la main à Alfonso Cuarón qui signera le meilleur opus de la série, mais aussi le moins lucratif.
Critique du film : Virgile Dumez
Sorties de la semaine du 4 décembre 2002
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Chris Columbus, Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Kenneth Branagh, Maggie Smith, Alan Rickman, John Cleese, Richard Harris, Harry Melling, Robert Hardy, Gemma Jones, Jason Isaacs, Richard Griffiths, Leslie Phillips, Robbie Coltrane, Julian Glover, Tom Felton, Adrian Rawlins, Julie Walters