Harry Potter à l’école des sorciers, premier épisode de la saga, a le mérite de présenter de manière convaincante un univers foisonnant et des personnages attachants. Il manque toutefois d’une vraie vision de cinéma pour pleinement emporter l’adhésion.
Synopsis : Harry Potter, un jeune orphelin, est élevé par son oncle Vernon et sa tante Pétunia qui le détestent.
Alors qu’il était haut comme trois pommes, ces derniers lui ont raconté que ses parents étaient morts dans un accident de voiture.
Le jour de son onzième anniversaire, Harry reçoit la visite inattendue d’un homme gigantesque se nommant Rubeus Hagrid. Celui-ci lui révèle qu’il est en fait le fils de deux puissants magiciens et qu’il possède lui aussi d’extraordinaires pouvoirs.
C’est avec joie que le garçon accepte de suivre des cours à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie. Il a enfin la chance de se faire des amis. Blâmé par le professeur Severus Rogue qui lui enseigne les potions et protégé par Albus Dumbledore, le directeur de l’établissement, Harry va tenter d’élucider le mystère de la pierre philosophale.
Critique : Lorsqu’en 1997 la romancière J. K. Rowling publie enfin le premier tome de la saga Harry Potter après avoir essuyé de nombreux refus de la part d’éditeurs peu clairvoyants, personne ne peut imaginer le phénomène que va générer cette aventure littéraire riche de sept volumes étalés sur dix ans. Si le premier tome se vend correctement, il ne provoque pas encore de raz-de-marée éditorial, plus orienté qu’il est vers un public enfantin. Toutefois, chaque nouveau volume – de plus en plus épais d’ailleurs – vient renforcer l’impact émotionnel ressenti par les lecteurs. Et dès le troisième opus publié en 1999, le phénomène commence à prendre de l’ampleur, le bouquin étant même plébiscité par les adultes. Il n’en fallait pas plus pour que les producteurs de cinéma s’emparent de la franchise, mettant sur pied une entreprise colossale qui, si elle rencontrait le succès, pourrait s’étaler sur plusieurs longs-métrages durant une bonne dizaine d’années.
Un monument pour les enfants à 125 000 000$ !
Afin de traduire la richesse de l’univers de J.K. Rowling, le studio Warner – en coproduction avec le Royaume-Uni – aligne un budget conséquent estimé à 125 millions de dollars, d’autant plus risqué que le projet ne repose sur aucune tête d’affiche, mais sur les épaules de trois gamins. Sans doute pour se rassurer quant au rendu final, le studio charge le réalisateur Chris Columbus de la confection puisque celui-ci est habitué à travailler avec des enfants et adolescents (Nuit de folie en 1987, Maman j’ai raté l’avion en 1990 et sa suite en 1992, mais aussi les scripts des Goonies et des Gremlins). Ce spécialiste de la comédie se lance donc dans un projet pharaonique et livre un résultat honorable, mais sans grand éclat sur le plan cinématographique.
Harry Potter à l’école des sorciers impose un univers foisonnant
Ce premier épisode a le grand mérite de poser les bases d’un univers foisonnant en prenant son temps pour développer les personnages. Ainsi, la première heure et demie consiste essentiellement en une visite guidée de l’univers magique parallèle, mais aussi des différents occupants de Poudlard, tout en présentant aussi pour la première fois Voldemort, telle une ombre menaçante. L’intrigue proprement dite centrée sur la pierre philosophale n’occupe donc que le dernier tiers du film et se révèle légèrement frustrante tant elle s’achève par un combat trop rapide, expédié en trois petites minutes. Pris séparément des autres volets, Harry Potter à l’école des sorciers n’a donc pas beaucoup d’intérêt, hormis celui de présenter des personnages auxquels on s’attache immédiatement. Car le véritable talent de Chris Columbus et de ses directeurs de casting est d’avoir réuni à l’écran un trio d’enfants immédiatement attachant et en totale alchimie. La bouille du jeune Daniel Radcliffe (onze ans à l’époque) respire la malice, tandis que Rupert Grint (douze ans) incarne avec beaucoup de conviction le meilleur copain un peu lourdaud, mais terriblement sympa, et qu’Emma Watson (dix ans) représente à elle seule toutes les petites filles sages qui tentent désespérément de plaire aux adultes, tout en dégageant déjà une forte personnalité. Leur complicité à l’écran est tout bonnement exemplaire et contribue indubitablement à la réussite de ce premier volet.
Un premier volet fondateur essentiellement pour les enfants
Les enfants sont habilement secondés par un casting so british comprenant des acteurs chevronnés comme Richard Harris, Maggie Smith, John Hurt, Ian Hart et un magnifique Alan Rickman. Par ailleurs, le métrage n’est pas exempt de quelques bons moments, comme la séquence du jeu d’échecs, plutôt originale. On peut sans doute regretter l’excès de comédie grimaçante occupant les vingt premières minutes du film, défaut qui nous renvoie inexorablement à la filmographie pathétique de Chris Columbus. Il faudra malheureusement attendre le troisième épisode réalisé par Alfonso Cuarón pour que la saga se dote enfin d’un ton plus sombre et plus mature, doublé d’une réalisation vraiment personnelle et ambitieuse, et non simplement illustrative comme ici.
Encore une fois, ce premier volet doit donc être vu comme un film pour enfants, à l’image du premier roman de la saga pour être apprécié. Il n’est jamais désagréable, bénéficiant de la musique ample de John Williams et d’effets spéciaux globalement convaincants (même s’ils commencent déjà à vieillir quinze ans plus tard). La mission fut largement remplie pour l’équipe du film puisque le film a obtenu un succès mondial phénoménal, entrainant au passage une vente record des romans (420 millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble de la saga publiée dans 140 pays). Le premier volet cinématographique a, quant à lui, rapporté près d’un milliard de dollars de recettes dans le monde. En France, le métrage est devenu le plus gros succès de l’année 2001 avec 9 359 812 entrées. Autant dire que le feu vert a immédiatement été donné pour adapter les autres romans dans la foulée, à la vitesse d’un par an. Un défi relevé haut la main, faisant de la saga Harry Potter la plus importante des années 2000.
Critique du film : Virgile Dumez