Halloween, 20 ans après, il revient est une tentative plutôt réussie de revitaliser une franchise usée en lui appliquant la recette à succès de Scream. Le tout est fort agréable, même si totalement dispensable.
Synopsis : Vingt ans ont passé depuis le drame d’Halloween, la nuit des masques. Laurie Strode tente péniblement d’oublier le passé. Devenue directrice du collège privé d’une petite ville, elle mène une vie tranquille auprès de son fils de dix-sept ans et de son compagnon. Pourtant Mike Myers continue à hanter ses nuits. A la veille d’Halloween, elle se dispute violemment avec son fils qui veut participer à la fête. Finalement elle le convainc de rester au collège et de fêter Halloween en petit comité. Tout ce petit monde ignore que Mike Myers a recommencé à assassiner.
Comment revitaliser une franchise en voie d’extinction ?
Critique : Au milieu de la décennie 90, la saga Halloween est désormais vieille de 20 ans et elle arrive à bout de souffle à force de suites indignes et toutes interchangeables. Le très médiocre Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers (Joe Chappelle, 1995) a connu une carrière décevante aux Etats-Unis et n’est même pas sorti sur les écrans français, le slasher devant se contenter d’une édition en VHS vers 1998 chez Hollywood Pictures Home Vidéo.
Déjà produit par la firme Miramax des frères Weinstein, ce sixième épisode n’a laissé aucune trace dans les mémoires des cinéphiles et les exécutifs du studio en ont bien conscience. Or, depuis le succès inattendu de Scream (Wes Craven, 1996), les frères Weinstein comprennent que l’heure du revival du slasher a sonné et exploitent le filon à travers leur société Dimension Films. Ils invitent donc leur poulain, le jeune scénariste star Kevin Williamson à plancher sur un retour de Michael Myers.
Une entorse à la continuité
S’il accepte la mission en demandant d’être associé en tant que producteur exécutif, l’ambitieux créateur de la saga Scream insiste pour faire table rase des événements situés dans les suites, tandis que Jamie Lee Curtis fait savoir qu’elle est prête à reprendre son rôle de Laurie Strode abandonné depuis Halloween 2 (Rick Rosenthal, 1981). Qu’à cela ne tienne, il est donc décidé d’effacer la continuité classique et de donner suite au numéro 2, considéré comme le dernier bon volet de la saga.
Exit donc la fille de Laurie Strode nommée Jamie Lloyd qui était au centre des numéros 4, 5 et 6 puisque Laurie Strode a finalement survécu et qu’elle a donné naissance à un garçon interprété par Josh Hartnett dans ce septième volet intitulé Halloween H20 : 20 Years Later (1998). Au passage, le titre français est parfois ambigu puisque les sites proposent souvent sa version courte Halloween, 20 ans après, alors que l’affiche indique clairement le titre complet d’Halloween, 20 ans après, il revient.
Halloween H20, comme des airs de Scream
Comme les principales idées proposées par Kevin Williamson n’ont pas été retenues, le script a finalement été rédigé par Matt Greenberg et Robert Zappia. Toutefois, dès l’introduction, on reconnaît la patte du scénariste avec la présence à l’écran de teenagers qui ont vocation à rajeunir la franchise et de clins d’œil méta comme le port du masque de Jason Voorhees par un des ados ou encore la présence à l’écran de Janet Leigh qui évoque à elle seule l’influence de Psychose (Alfred Hitchcock, 1960).
Réalisé par Steve Miner qui a autrefois officié dans le slasher sur la franchise concurrente Vendredi 13 (il a tourné Le tueur du vendredi en 1981 et Meurtres en 3 dimensions en 1982), ce septième volet avait également pour mission de redonner du lustre à une saga abîmée par une succession de téléastes peu inspirés sur le plan visuel. Ainsi, dès la première séquence de meurtre, Steve Miner s’emploie à proposer des plans de cinéma, avec d’élégants mouvements de caméra et l’usage de grues.
Laurie Strode, à nouveau au cœur de la saga
Afin de plaire aux jeunes de l’époque, il met en scène un groupe d’ados menés par le juvénile Josh Hartnett dont ce fut la première apparition à l’écran, auquel il adjoint le talent de la toute jeune Michelle Williams. Redevenue la vedette de la saga, après le long passage de relais au docteur Loomis et donc Donald Pleasence qui venait de décéder, Jamie Lee Curtis prend visiblement beaucoup de plaisir à retrouver son personnage culte de Laurie Strode qu’elle incarne plus de quinze ans après le numéro 2. C’est d’ailleurs dans ce Halloween, 20 ans après, il revient qu’elle construit réellement son personnage de femme traumatisée, mais combattive et déterminée à exterminer son frangin. Cela sera encore plus prégnant dans la reprise plus récente de la saga par le réalisateur David Gordon Green en 2018.
Sur le plan du script, pas grand-chose à signaler si ce n’est une longue présentation des différents personnages qui n’emballe pas forcément. L’ensemble est parfois languissant malgré une durée finale très courte. Heureusement, lorsque le serial-killer teigneux retrouve sa sœurette dans l’école privée où elle se terre avec son ado de fils, le long-métrage revêt enfin des atours plus percutants et la plupart des séquences horrifiques s’avèrent efficaces. On signalera d’ailleurs la présence de davantage de sang que dans les épisodes précédents, suivant en cela la mode initiée par Scream. En fait, le métrage tient surtout grâce à un décor saisissant et bien utilisé par un cinéaste rompu à l’exercice et grâce à la prestation très correcte des acteurs. En l’occurrence, ce septième opus est de loin le meilleur de la saga depuis de nombreuses années, ce qui peut expliquer son succès.
Un beau succès aux States et en France
En ce qui concerne la musique, John Ottman n’a pas eu le temps de finaliser son score orchestral pour des raisons de timing trop serré lors de la sortie du film. Ainsi, sa partition a été largement charcutée et arrangée par Marco Beltrami. On note toutefois un bel effort pour adapter le célèbre thème composé par John Carpenter, sans le répéter pour autant. Sans doute un peu frustrant par sa durée très courte, Halloween, 20 ans après, il revient est toutefois une agréable surprise au sein d’un corpus souvent gagné par la torpeur et la médiocrité. Il reste pourtant bien loin de la maestria des deux premiers volets.
Budgété à 17 000 000 $ (soit 31 780 000 $ au cours de 2024), le slasher a profité du retour de hype du slasher pour atteindre le très beau score de 55 041 738 $ (soit 102 890 000 $ au cours de 2024). Il s’agit du 38ème plus gros succès de l’année 1998 en Amérique du Nord. Sorti début décembre 1998 en France, le slasher se hisse à la deuxième place des nouveautés du moment (derrière le navet Perdus dans l’espace de Stephen Hopkins) et ramasse 154 992 entrées dès ses sept premiers jours. Il s’agit d’une surprise puisque la France n’avait jamais été une terre d’accueil favorable à la saga jusque-là.
L’un des plus gros succès de la franchise Halloween en France
Preuve d’un bon bouche-à-oreille, le film se maintient très bien en deuxième septaine avec 119 346 retardataires, ce qui permet au film d’approcher les 300 000 tickets vendus en quinze jours. La chute est encore peu importante en troisième semaine avec encore 94 601 adolescents qui prennent plaisir à se faire peur durant les vacances de Noël. Le film commence toutefois à dévisser en quatrième semaine, alors que les fêtes s’éloignent. Il termine tout de même sa très belle carrière avec 450 450 victimes à son compteur, ce qui en faisait à l’époque le plus gros succès de la franchise en France.
En matière d’exploitation vidéo française, H20 pour les intimes a été édité en VHS et très rapidement en DVD, support alors en pleine ascension, sous son titre intégral d’Halloween, 20 ans après, il revient. Il réapparaît en 2023 avec une édition en 4K UHD sous le titre Halloween H20, 20 ans après.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 9 décembre 1998
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Jamie Lee Curtis, Joseph Gordon-Levitt, Janet Leigh, Michelle Williams, Josh Hartnett, LL Cool J, Steve Miner, Adam Arkin
Mots clés
Franchise Halloween, Slasher, Les tueurs fous au cinéma