Réalisateur, producteur, scénariste et acteur canadien, David Cronenberg étudie à la fois les sciences et la littérature. Il se tourne vers la scène underground de sa ville, Toronto, et commence à tourner des courts-métrages expérimentaux au milieu des années 60. Afin de pouvoir tourner des longs-métrages en toute indépendance, il accepte d’être financé par des compagnies de production pornographique.
Cronenberg, maître de l’horreur clinique
Il tourne ainsi Stereo (1969) et Crimes of the Future (1970). Face à la difficulté de monter ses projets, il accepte de réaliser plusieurs courts-métrages pour la télévision canadienne et revient au long de cinéma avec Frissons (1975). Le succès commercial commence à poindre avec Rage (1976) et surtout Chromosome 3 (1979) qui établissent sa prééminence dans le domaine de l’horreur clinique. Il est alors conspué par les critiques traditionnels qui voient en lui un pornographe de l’horreur.
Après un Fast Company (1979) oubliable, il revient à l’horreur avec Scanners (1981) et creuse des thématiques encore plus personnelles avec l’excellent et très étrange Videodrome (1983). Si l’on excepte Scanners qui approche les 600 000 entrées sur la France, la plupart de ses films ne sortent guère du giron des fans d’horreur.
Cela commence à évoluer avec Dead Zone (1984) qui profite de l’engouement autour du nom de Stephen King pour dépasser les 700 000 entrées. Le cinéaste continue à explorer ses thématiques, mais en mettant un peu la pédale douce sur l’horreur graphique.
L’heure de la reconnaissance critique
En s’attaquant à un remake de La mouche noire (Neumann, 1958), David Cronenberg obtient enfin une reconnaissance internationale, en même temps que son plus gros succès commercial. La mouche glane plus de 2 millions de spectateurs en France, tout en obtenant le Prix spécial du jury au festival d’Avoriaz et un Oscar pour les meilleurs effets spéciaux.
A partir de cette époque, David Cronenberg va signer plusieurs œuvres étranges comme Faux-semblants (1988), Le festin nu (1991), M Butterfly (1993) où il perd peu à peu ses admirateurs dans des délires abscons.
Vers un assagissement ?
Tout en conservant son originalité, David Cronenberg tourne à nouveau des œuvres plus tenues avec Crash (1996), eXistenZ (1999) et Spider (2002). Rien ne laisse alors présager sa mue artistique vers un cinéma noir plus traditionnel qu’il entame avec History of Violence (2005) et qu’il continue avec Les promesses de l’ombre (2007).
Après l’académique A Dangerous Method (2011), Cronenberg revient à l’étrangeté avec Cosmopolis (2011) et Maps To The Stars (2014).
Alors qu’il n’a cessé de faire l’acteur dans des rôles secondaires depuis sa participation remarquée à Cabal (Barker, 1990), il semble se consacrer uniquement à cette activité depuis 2014, jouant notamment dans la série télévisée Alias Grace en 2017.
Le grand retour du cinéaste canadien s’opère toutefois en 2022 avec Les crimes du futur sélectionné à Cannes. Pour l’occasion, il retrouve son acteur fétiche Viggo Mortensen, mais également Léa Seydoux et Kristen Stewart.