Révélé par Samedi soir, dimanche matin (1960) de Karel Reisz, Albert Finney devint l’un comédiens les plus doués du Free cinema avant de poursuivre une brillante carrière internationale, de Tom Jones : de l’alcôve à la potence (1963) de Tony Richardson à 7h58 ce samedi-là (2007) de Sidney Lumet, en passant par Voyage à deux (1967) de Stanley Donen.
Albert Finney et le Free cinema
Révélation du cinéma anglais des années 60, Albert Finney connut une brillante carrière internationale, davantage qu’Alan Bates, Richard Harris ou Oliver Reed, et frôlant le prestige des stars Dirk Bogarde et Richard Burton, tout en jouant dans des films de qualité jusqu’aux années 2010. C’est Karel Reisz qui révéla ce puissant comédien dans Samedi soir, dimanche matin (1960), film manifeste du Free cinema, ce courant qui alliait classicisme et liberté de ton dans la lignée de la Nouvelle Vague française alors en pleine expansion. Albert Finney crevait l’écran dans le rôle d’un ouvrier de vingt-quatre ans en proie à des problèmes existentiels et financiers. Un BAFTA de la meilleure révélation récompensa sa composition.
La même année, le jeune acteur donna brillamment la réplique au vétéran Laurence Olivier dans Le Cabotin de Tony Richardson. Mais c’est le succès mondial de Tom Jones : de l’alcôve à la potence (1963), du même réalisateur, qui assura définitivement la notoriété d’un acteur désormais bankable dans la profession. Le métrage relatait les aventures d’un jeune homme de condition modeste éduqué par un noble dans la haute société britannique du XVIIIe siècle et ne manquait pas de verve ni d’élégance, au point d’épater l’Académie des Oscars qui lui accorda la statuette du meilleur film.
Un grand nom du cinéma européen
Tom Jones permit aussi à Albert Finney de gagner le prix d’interprétation à la Mostra de Venise. De cette décennie glorieuse pour lui, on peut aussi citer le délicat Voyage à deux (1966), petit bijou longtemps méconnu de Stanley Donen, malheureusement échec commercial en son temps, et dans lequel il formait un couple inoubliable avec Audrey Hepburn. Des années 70, on retiendra de sa filmographie son rôle d’Hercule Poirot dans l’agréable Le Crime de l’Orient-Express (1974) de Sidney Lumet. Quant aux années 80, elles furent dominées par sa prestation dans Au-dessous du volcan (1984), de John Huston, d’après le roman de Malcolm Lowry.
Par la suite, Albert Finney fut abonné aux lumineuses apparitions en guest-star et aux seconds rôles haut de gamme. Ses meilleures interprétations furent ainsi celles du mafieux Leo l’Irlandais dans le film culte Miller’s Crossing (1990) des frères Coen ; l’avocat Masry dans Erin Brockowich, seule contre tous (2000) de Steven Soderbergh ; Ed Bloom âgé dans Big Fish (2003) de Tim Burton ; ou bien encore le père de Philip Seymour Hoffman et Ethan Hawke dans 7h58 ce samedi-là (2007) de Sidney Lumet. Son dernier rôle à l’écran était dans le James Bond Skyfall (2012) de Sam Mendes.