Jean Negulesco

Réalisateur, Scénariste
Papa longues jambes, l'affiche

Personal Info

  • Nationalité : Roumain, puis Américain
  • Date de naissance : 26 février 1900 à Craiova (Roumanie)
  • Date de décès : 18 juillet 1993 à Marbella (Espagne)
  • Crédit visuel : © 1955 Twentieth Century Fox / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur et scénariste roumain naturalisé américain, Jean Negulesco est né en 1900 à Craiova en Roumanie. S’il passe une partie de son adolescence à Vienne, il retourne ensuite en Roumanie pour étudier l’art pictural. Initialement, le jeune homme se destine à la peinture. Dans ce cadre, il séjourne un temps à Paris dans les années 20 et devient notamment un élève du sculpteur Brancusi et de Modigliani. Talentueux, le jeune artiste se rend à New York pour exposer ses premiers travaux et décide de migrer définitivement aux Etats-Unis, s’installant à Los Angeles où il officie comme portraitiste.

Jean Negulesco, dix ans de formation dans l’arrière-cour des studios hollywoodiens

Toutefois, le monde du cinéma lui fait de l’œil et il entre au début des années 30 à la Paramount en tant que conseiller technique. A force de naviguer sur les plateaux, Jean Negulesco devient assistant-réalisateur de Frank Borzage sur L’adieu au drapeau (1932) avec Gary Cooper et Helen Hayes. Après un passage par la Universal où il coréalise L’agent Cyclone (1936) avec William Nigh, il entre enfin à la Warner où on le cantonne au rôle de scénariste-maison. On lui doit notamment quelques scripts pour Laurel et Hardy, mais aussi celui de Rio (John Brahm, 1939). On le retrouve également en réalisateur de seconde équipe sur le classique du film de pirates L’aigle des mers (Michael Curtiz, 1940) avec Errol Flynn.

Pendant cette période, Jean Negulesco se fait la main sur une dizaine de courts-métrages qui lui permettent d’acquérir une solide expérience. Toutefois, il désespère de pouvoir percer un jour en tant que réalisateur, sachant qu’il a déjà dépassé la quarantaine.

La percée dans le film noir

Pourtant, l’expérience de son premier vrai long-métrage en solo intitulé Singapore Woman (1941) est malheureuse et le cinéaste repart tourner des courts pendant de nombreuses années. Il en aligne ainsi plus d’une trentaine. Finalement, il se voit confier la réalisation d’un film noir intitulé Le masque de Dimitrios (1944). Il s’agit du film qui va lancer sa carrière après tant d’années d’hésitations de la part des grands studios. Dans ce vrai premier coup de maître, le cinéaste forme le couple Peter Lorre et Sydney Greenstreet qui sera reformé de nombreuses fois par la suite.

Humoresque, l'affiche

© 1946 Warner Bros. / Affiche : Y. Cintellys. Tous droits réservés.

Negulesco retrouve son duo d’acteurs sur Les conspirateurs (1944) et l’excellent film noir Three Strangers (1946). Il change ensuite de registre pour aborder le mélodrame avec l’excellent Humoresque (1946) porté par le duo Joan Crawford et John Garfield. Le film reçoit une nomination aux Oscars, preuve de l’ascension du cinéaste au sein de l’industrie hollywoodienne. Le mélodrame attire tout de même 337 644 spectateurs en France. Le cinéaste continue à œuvrer dans le genre qui a fait son succès avec Johnny Belinda, l’enfant du silence (1948) qui offre à Jane Wyman l’Oscar de la meilleure actrice en 1949. On notera d’ailleurs que le film a également été présenté en compétition au Festival de Venise.

De la Warner à la Fox

Malgré ce beau succès, Jean Negulesco quitte la Warner et passe à la 20th Century-Fox où il débute par La femme aux cigarettes (1948) que beaucoup considèrent comme son meilleur film. Il est porté de bout en bout par l’actrice Ida Lupino.

Malheureusement, la suite de sa carrière dépend beaucoup des projets que lui confie Darryl F. Zanuck. On lui doit ainsi le drame de guerre Captives à Bornéo (1950) avec Claudette Colbert, Le moineau de la Tamise (1950) avec Alec Guinness. Petit à petit, il se spécialise dans les films de femmes comme Appel d’un inconnu (1952) avec Bette Davis et Shelley Winters. Il intègre le film à sketchs La sarabande des pantins (1952) où son travail côtoie celui d’Henry Hathaway, Howard Hawks, Henry King et Henry Koster. Le résultat final n’est guère passionnant. En 1953, on lui doit une version de la tragédie du Titanic dans un film éponyme, mais il rencontre surtout un énorme succès avec la comédie Comment épouser un millionnaire (1953) où il fait tourner Marilyn Monroe. Le long-métrage est un triomphe international et même la France succombe avec 1 381 809 entrées. Il s’agit assurément de son film le plus populaire.

Comment épouser un millionnaire, l'affiche

© 1953 Twentieth Century Fox / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.

Après avoir tourné quelques scènes supplémentaires lors de la post-production de La rivière sans retour (Otto Preminger, 1954), Jean Negulesco réalise un autre succès intitulé La fontaine des amours (1954) qui obtient deux Oscars pour sa photographie en couleurs et sa musique. Ensuite, il réalise la comédie musicale Papa longues jambes (1955) avec Fred Astaire et Leslie Caron.

Le déclin des années 60

Pourtant, la fin des années 50 voient un fléchissement dans la qualité de ses productions qui deviennent de plus en plus superficielles et anecdotiques. Dès lors, il incarne le strass et les paillettes d’un Hollywood totalement vain. Ses films deviennent alors peu intéressants comme Ombres sous la mer (1956) malgré la présence de Sophia Loren au générique. Il signe alors bon nombre de comédies et de romances acidulées comme J’ai épousé un Français (1959) avec Maurice Chevalier.

Le réalisateur se fait plus rare sur les plateaux durant les années 60, même s’il officie sur quelques scènes de La plus grande histoire jamais contée (George Stevens, 1965) sur la vie de Jésus. Par la suite, il se fourvoie encore avec un film d’action peu réputé intitulé Les héros de Yucca (1970) avec Stuart Whitman et Elke Sommer.

La fin calamiteuse de sa carrière a eu tendance à faire oublier la qualité de ses œuvres tournées entre 1944 et 1955, au point d’être grandement méconnu par les cinéphiles. S’il se retire du milieu du cinéma en 1970, Jean Negulesco a ensuite passé une longue retraite, s’éteignant en 1993 dans sa résidence de Marbella en Espagne des suites d’une insuffisance cardiaque. Il avait l’âge respectable de 93 ans.

Virgile Dumez

Ils nous ont quittés en 1993

Filmographie :

Réalisateur (longs-métrages de cinéma uniquement) :

  • 1936 : L’Agent Cyclone (Crash Donovan) (coréalisé avec William Nigh
  • 1941 : La Femme de Singapour (Singapore Woman)
  • 1944 : Le Masque de Dimitrios (The Mask of Dimitrios)
  • 1944 : Les Conspirateurs (The Conspirators)
  • 1946 : Trois Étrangers (Three Strangers)
  • 1946 : Meurtre au port (Nobody Lives Forever)
  • 1946 : Humoresque
  • 1947 : Le Repaire du forçat (Deep Valley)
  • 1948 : Johnny Belinda, l’enfant du silence (Johnny Belinda)
  • 1948 : La Femme aux cigarettes (Road House)
  • 1949 : La Rue interdite (Britannia Mews)
  • 1950 : Captives à Bornéo (Three Came Home)
  • 1950 : La Belle de Paris (Under My Skin)
  • 1950 : Le Moineau de la Tamise (The Mudlark)
  • 1951 : Le Temps des cerises (Take Care of My Little Girl)
  • 1952 : Appel d’un inconnu (Phone Call from a Stranger)
  • 1952 : Lydia Bailey
  • 1952 : Prisonniers du marais (Lure of the Wilderness)
  • 1952 : La Sarabande des pantins (O’Henry’s Full House – segment The Last Leaf)
  • 1953 : Titanic
  • 1953 : Vicky (Scandal at Scourie)
  • 1953 : Comment épouser un millionnaire (How to Marry a Millionaire)
  • 1954 : La Fontaine des amours (Three Coins in the Fountain)
  • 1954 : Les femmes mènent le monde (Woman’s World)
  • 1955 : Papa longues jambes (Daddy Long Legs)
  • 1955 : La Mousson (The Rains of Ranchipur)
  • 1957 : Ombres sous la mer (Boy on a Dolphin)
  • 1958 : La Femme que j’aimais (The Gift of Love)
  • 1958 : Un certain sourire (A Certain Smile)
  • 1959 : J’ai épousé un Français (Count Your Blessings)
  • 1959 : Rien n’est trop beau (The Best of Everything)
  • 1962 : La Sage-femme, le Curé et le Bon Dieu (Jessica)
  • 1964 : Trois filles à Madrid (The Pleasure Seekers)
  • 1970 : Les Héros de Yucca (The Invincible Six)
  • 1970 : Hello-Goodbye (coréalisé avec Ronald Neame)
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