Grande actrice de l’âge d’or hollywoodien, Shelley Winters a souvent incarné avec brio des femmes de caractère plus ou moins inquiétantes, et a tourné avec Mann, Laughton, Kubrick, Polanski…
Shelley Winters, une professionnelle formatée Actors Studio
Formée à l’Actors Studio, Shelley Winters débute au cinéma en 1943, engagée par la Columbia. Elle joue des petits rôles au cours de cette décennie, mais dans des films dont certains sont signés Boetticher, Dassin, Cukor, Siodmak ou Hawks.
La Paramout Pictures lui fait signer un contrat en 1949 et lui propose des personnages plus importants, comme dans Une place au soleil (1951) de George Stevens, pour lequel elle obtient une nomination à l’Oscar du second rôle. Mais elle brille aussi dans des productions d’autres firmes. Universal Pictures la confronte à James Stewart dans le western Winchester 73 (1950) d’Anthony Mann.
United Artists la jette dans l’univers du film noir avec Menace dans la nuit (1951) de John Berry, lui donne Alan Ladd comme partenaire dans le western La Brigade héroïque (1954) de Raoul Walsh, et lui fait incarner l’épouse assassinée de Robert Mitchum dans le désormais culte La Nuit du chasseur (1955) de Charles Laughton.
Quant à la MGM, elle lui fait intégrer le casting prestigieux de La Tour des ambitieux (1954) de Robert Wise. Au cours de cette décennie, Shelley Winters est également à l’affiche du Grand couteau (1955) de Robert Aldrich, et du Journal d’Anne Frank (1959) de George Stevens, qui lui vaut son premier Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.
De Kubrick à Campion en passant par Polanski
De la vingtaine de films qu’elle tourne dans les années 60, on retiendra surtout Lolita (1962) de Stanley Kubrick, où son rôle de mère volubile et exubérante inaugure une série d’emplois de mégères et femmes de caractère. Sa composition de mère délabrée dans Un coin de ciel bleu (1965) de Ralph Nelson lui vaut ainsi son second Oscar du second rôle. On la remarque aussi Le Temps du châtiment (1961) de John Frankenheimer, Détective privé (1966) de John Smight, et Alfie le dragueur (1966) de Lewis Gilbert.
Toujours fringante dans les années 70, elle incarne la mère chef de gang dans le thriller Bloody Mama (1970) de Roger Corman, et la passagère Belle Rosen dans le film catastrophe L’Aventure du Poséidon (1972) de Ronald Neame, qui lui vaut encore une nomination aux Oscars. Elle tourne aussi en Europe, concierge inquiétante dans Le Locataire (1976) de Roman Polanski, ou tueuse en série et cannibale dans le méconnu film d’horreur Black Journal (1977) de Mauro Bolognini.
De 1980 à 1999, année de son dernier film, les bons rôles se font plus rares, mais Shelley Winters n’en demeure pas moins excellente dans une vingtaine de productions dont S.O.B. (1981) de Blake Edwards, Delta Force (1986) de Menahem Golan, et Portrait de femme (1996) de Jane Campion.