Réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain, George Stevens est né en 1904 à Oakland en Californie. Il est le fils des acteurs Landers Stevens et Georgie Cooper qui possédaient leur propre troupe de théâtre. Le petit George Stevens peut donc arpenter les scènes dès son plus jeune âge, toutefois, sa vraie nature le pousse vers le cinéma.
Le collaborateur de Laurel et Hardy
Il commence par étudier la photographie et entre aux studios d’Hal Roach comme assistant-caméra. Il va gravir un à un les échelons jusqu’à devenir directeur de la photographie sur les courts-métrages du duo comique Laurel et Hardy. Il est alors sous les ordres du réalisateur Leo McCarey.
Pourtant, après avoir été considéré comme un technicien fiable et compétent, Hal Roach propose à George Stevens de devenir réalisateur de petits courts-métrages comiques à partir de 1930. Il en tourne une dizaine avant d’être embauché en 1932 par la firme Universal pour en tourner d’autres du même acabit. Pour la compagnie, il passe à un métrage plus long avec la comédie Cohen et Kelly bootleggers (1933).
Les comédies des années 30
Après cette première expérience, George Stevens quitte la Universal et finit par poser ses valises à la RKO Pictures où il va alterner courts-métrages et films de série B. Alors qu’il a déjà plusieurs titres mineurs à son actif, George Stevens fait enfin parler de lui avec le petit film Alice Adams (1935), comédie romantique portée par la charismatique Katharine Hepburn. Le film est un succès inattendu et reçoit même deux nominations aux Oscars. Le cinéaste enchaîne avec La gloire du cirque (1935) qui est aussi une chronique à hauteur de femme, avec cette fois-ci Barbara Stanwyck en vedette. Le métrage est un nouveau succès qui attire l’attention du danseur Fred Astaire.
© 1941 Columbia Pictures / Affiche : Roger Rojac. Tous droits réservés.
Cette fois, George Stevens s’attaque à un genre inédit pour lui, le film musical avec Sur les ailes de la danse (1936) qui réunit le couple mythique Fred Astaire – Ginger Rogers dans un de leurs meilleurs films. Satisfaits du travail accompli ensemble, Fred Astaire et George Stevens se retrouvent sur Demoiselle en détresse (1937), tandis que le cinéaste retrouve Ginger Rogers seule sur Mariage incognito (1938). Ces comédies font désormais parties du patrimoine précieux de l’âge d’or d’Hollywood.
En 1939, George Stevens change totalement de registre en abordant le cinéma d’action et d’aventures avec Gunga Din. Il s’agit d’une grosse production pour la RKO Pictures. Grâce au charisme de Cary Grant et Joan Fontaine, le métrage est un joli succès qui conforte la position du réalisateur. Après un ultime drame romantique passé inaperçu (Vigil in the Night en 1940), George Stevens peut désormais imposer ses conditions et il entre à la Columbia avec un contrat en or qui lui permet d’être son propre producteur et de choisir ses films.
Il commence par l’intéressant et émouvant La chanson du passé (1941) avec encore Cary Grant qu’il associe à Irene Dunne. Mais le succès est peu concluant. Même problème avec les films suivants intitulés La femme de l’année (1942) et La justice des hommes (1942). De ce corpus de comédies et de films légers, on préférera Plus on est de fous (1943) qui possède une vraie verve comique. Ce délire sur pellicule est un triomphe en salle et reçoit 6 nominations aux Oscars dont une victoire pour Charles Coburn en tant que meilleur second rôle masculin.
George Stevens filme la libération des camps de concentration
Durant cette période qui correspond à la Seconde Guerre mondiale, George Stevens est nommé à la tête du service cinématographique de l’armée, devant notamment partir filmer les combats en Europe. Cela lui a offert la possibilité de tourner des images spectaculaires, dont la libération des camps de concentration. Marqué à jamais par ce qu’il a découvert de l’âme humaine, George Stevens revient pourtant à la comédie avec Tendresse (1948) qui est une commande de l’actrice Irene Dunne avec qui il s’entend très bien.
Le temps des chefs d’œuvre
Toutefois, George Stevens souhaite ne plus se disperser avec des spectacles futiles et il opte pour l’adaptation prestigieuse de romans à succès. Il initie ce cycle avec Une place au soleil (1951), très grand film porté par le couple Montgomery Clift et Elizabeth Taylor. Le film fonctionne plutôt bien en France avec 915 199 spectateurs. Mais surtout, le métrage triomphe aux Oscars où il glane six statuettes dont celles du meilleur réalisateur, du meilleur scénariste et des récompenses techniques (meilleure photo, musique, montage).
© 1951 Paramount Pictures. All Rights Reserved.
Malheureusement, le cinéaste enchaîne avec L’ivresse et l’amour (1952) avec Joan Fontaine, qui ne marque guère les esprits. Peu importe puisque George Stevens rebondit aussitôt avec un chef d’œuvre du western intitulé L’homme des vallées perdues (1953) qui offre à Alan Ladd le meilleur rôle de sa carrière. Le film reçoit six nominations aux Oscars et décroche la statuette de la meilleure photographie en couleurs. Il faut dire que le long-métrage est très beau et terriblement émouvant. Un grand classique.
George Stevens s’attaque ensuite au monument qui fera date : Géant (1956). La fresque longue de 3h20min se veut une description de l’Amérique, même si l’ensemble est parfois un peu alourdi par sa symbolique. Le tout est sublimé par son casting fort d’Elizabeth Taylor et Rock Hudson. Pourtant, c’est bien la présence de James Dean qui fait du film un incontournable puisqu’il s’agit de la dernière contribution de la jeune star avant son décès tragique. Aux Etats-Unis, le film se hisse à la troisième place du box-office annuel, tandis qu’en France le métrage au sujet très américain arrive tout de même neuvième de l’année 1957 avec 3 729 203 prospecteurs de pétrole. Géant reçoit dix nominations aux Oscars, mais ne remporte qu’une seule statuette pour le meilleur réalisateur. George Stevens entre donc dans la liste des réalisateurs récompensés deux fois au cours de leur carrière.
© 1953 Paramount Pictures / Affiche : Claude Venin. Tous droits réservés.
Une fin de carrière marquée par des échecs commerciaux
Il prend son temps pour tourner ensuite Le journal d’Anne Frank (1959) qui est un petit succès aussi bien aux States qu’en France (1,8 millions d’entrées dans l’Hexagone). Le film reçoit trois statuettes dont celle des meilleurs décors, de la meilleure photographie en noir et blanc et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Shelley Winters.
Toujours plus ambitieux, George Stevens se lance alors dans un projet pharaonique puisqu’il envisage de raconter l’histoire de Jésus Christ dans La plus grande histoire jamais contée (1965). Le film dure tout de même 4h20min et offre au public un Jésus incarné par Max von Sydow. Cette fois, le film au budget gigantesque est un échec commercial qui remet en cause le statut de George Stevens à Hollywood. La fresque n’intéresse que 547 341 chrétiens en France. Bien que nominé aux Oscars, le film historique repart bredouille.
Le réalisateur doit attendre cinq ans pour retrouver les plateaux avec son ultime film, Las Vegas, un couple (1970) avec Elizabeth Taylor et Warren Beatty. Cette fois-ci la messe est dite puisque le drame romantique est un effroyable échec commercial qui renvoie George Stevens à l’anonymat.
L’homme qui ne se sent plus en phase avec les goûts du public décide de se retirer dans son ranch pour y goûter à une retraite bien méritée. Toutefois, il décède en 1975 à la suite d’un infarctus à l’âge de 70 ans. Il laissera à la postérité plusieurs grandes œuvres et peut donc être classé parmi les grands d’Hollywood.