Acteur, réalisateur, scénariste et auteur austro-américain, Peter Lorre (de son vrai nom László Löwenstein) est né en 1904 dans l’empire austro-hongrois. Il est né dans une famille juive d’origine germanique, même s’il a grandi en Slovaquie. Ainsi, la langue maternelle de Peter Lorre était bien l’allemand. Pour échapper aux guerres balkaniques de 1913, le père de famille déménage à Vienne. C’est là que le jeune Peter Lorre va se passionner pour le théâtre, tandis qu’il est un simple employé de banque la journée.
Peter Lorre, la révélation de M le maudit
Alors qu’il connaît la misère dans les années 20, Peter Lorre choisit de s’exiler en Allemagne où il fait la rencontre providentielle avec le dramaturge Bertold Brecht qui l’embauche pour jouer ses pièces. Les deux hommes resteront longtemps amis. A partir de 1929, Peter Lorre met son physique particulier au service du cinéma et il rencontre rapidement Fritz Lang qui lui propose le rôle qui va changer sa vie : celui de M le maudit (Fritz Lang, 1931).
Sa prestation marque durablement les esprits et il doit alors enchaîner des rôles similaires dans l’Allemagne nazie. Finalement, il fuit le pays en 1934 et s’installe d’abord à Paris où il tourne Du haut en bas (G.W. Pabst, 1934). Il choisit de partir en Angleterre où il tourne deux œuvres inoubliables qui sont L’homme qui en savait trop (Alfred Hitchcock, 1934) et Les mains d’Orlac (Karl Freund, 1935). Il est également très charismatique dans Crime et châtiment (Josef von Sternberg, 1935) et Quatre de l’espionnage (Alfred Hitchcock, 1936).
Un autrichien à Hollywood
Sa carrière est définitivement lancée et il peut alors s’exiler à Hollywood où il passe sous contrat avec la 20th Century Fox pour laquelle il joue dans la série de films consacrés au détective asiatique Mr. Moto. Le premier film s’intitule L’énigmatique M. Moto (Norman Foster, 1937) et sera suivi par près de huit autres suites.
Il faut donc attendre 1941 pour retrouver l’acteur dans des œuvres plus ambitieuses, et notamment deux films noirs : Le faucon Maltais (John Huston, 1941) et Le visage derrière le masque (Robert Florey, 1941), mélodrame inégal. Les années de guerre lui sont encore favorables puisqu’il est du casting de films importants comme Casablanca (Michael Curtiz, 1942), La croix de Lorraine (Tay Garnett, 1943) et Arsenic et vieilles dentelles (Ernst Lubitsch, 1944).
Après le second conflit mondial, Peter Lorre retrouve le genre horrifique avec La bête aux cinq doigts (Robert Florey, 1946), mais sa carrière semble sur le déclin. L’acteur décide de revenir en Allemagne où il écrit et réalise un unique long-métrage intitulé L’homme perdu (1951). Mais l’échec commercial du film le laisse dubitatif. Désormais, Peter Lorre doit accepter des besognes dans des séries télévisées américaines et quelques seconds rôles dans le médiocre Plus fort que le diable (John Huston, 1953), ou le plus commercial 20 000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954).
Une fin de carrière décevante
On le retrouve au casting du Tour du monde en 80 jours (Michael Anderson, 1956) et La belle de Moscou (Rouben Mamoulian, 1957). Toutefois, les années suivantes ne comportent guère de titres remarquables. Signalons par ailleurs que l’acteur fut longtemps dépendant à la boisson, à la morphine et au tabac. Il a ainsi mené une vie d’excès et décède à la suite d’un AVC en 1964 alors qu’il n’avait que 59 ans.