Joan Crawford fut l’une des grandes stars mythiques de l’âge d’or de Hollywood. Elle a trouvé ses meilleurs rôles avec Michael Curtiz, Nicholas Ray et Robert Aldrich.
La femme qui voulut être star
Née Lucile Le Sueur, Joan Crawford est d’abord chorus girl avant d’être remarquée par un producteur de la MGM. Elle débute alors à l’écran en 1925 et joue d’abord les utilités, avant de trouver rapidement, la même année, un rôle important avec Vieux habits, vieux amis (1925) d’Edward F. Cline. Elle multiplie les emplois de jeunes filles délurées en ces Années folles, et se voit dirigée par Edward Sedgwick, Woody S. Van Dyke ou Jack Conway. Elle est la partenaire de Lon Chaney dans le moyen métrage L’inconnu (1927) de Tod Browning et interprète Adrienne Lecouvreur dans Cœur de tzigane (1928) de Fred Niblo.
L’arrivée du parlant fait de Joan Crawford une authentique star. Sa beauté brune accentuée par des sourcils arqués et son réel tempérament dramatique la rendent populaire. Elle est aussi à l’aise dans des rôles d’héroïne ordinaire que pour des compositions plus sophistiquées, où est exploitée son allure de femme fatale. De cette période on peut retenir Grand Hotel (1932) d’Edmund Goulding, Mannequin (1937) de Frank Borzage et Femmes (1939) de George Cukor. Elle retrouve Borzage avec L’ensorceleuse (1938) et Le cargot maudit (1940) dont elle partage l’affiche avec Clark Gable.
Dans les années 40, Joan Crawford a une prédilection pour le film noir et le mélodrame et incarne plutôt des personnages de victime. Elle est dirigée par Jules Dassin (Quelque part en France, 1942), Jean Negulesco (Humoresque, 1946) et surtout Michael Curtiz qui lui permet de décrocher l’Oscar de la meilleure actrice avec Le roman de Mildred Pierce (1945). Entre-temps, Crawford a quitté la MGM (en 1943) pour signer un contrat avec la Warner.
Joan Crawford, un mythe hollywoodien
La quarantaine lui octroie de bons rôles de maturité que son métier consolidé lui fait assurer sans peine. Elle est à nouveau nommée à l’Oscar de la meilleure actrice pour Possessed (1947) de Curtis Benrhardt et Le masque arraché (1952) de David Miller. Les années 50 lui valent d’être encore en tête d’affiche et elle revient à la MGM en 1953 avec la comédie musicale La madone gitane de Charles Walters. Mais c’est surtout le western culte Johnny Guitare (1954) qui la rend inoubliable auprès des cinéphiles.
Dans ce chef-d’œuvre de Nicholas Ray, critique à peine voilée du maccarthysme, elle est excellente en héroïne androgyne et combative. C’est l’apogée de sa carrière, et la suite de la décennie marque son déclin. Elle effectue toutefois un come-back remarqué dans le thriller Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (1962) de Robert Aldrich, où elle se trouve confrontée à son ex-rivale Bette Davis, dans une œuvre riche en mises en abyme.
Joan Crawford tient encore des premiers rôles par la suite, mais dans de piteuses séries B dont elle est le seul intérêt, de La cage aux femmes (1963) de Hall Barltett à L’abominable homme des cavernes (1970) de Freddie Francis. Joan Crawford se retire en 1972 et décède le mars 1977 à l’âge de 71 ans. Ses relations houleuses avec sa fille adoptive ont été évoquées dans les mémoires de cette dernière, adaptées au cinéma avec Maman très chère (1981) de Frank Perry. Faye Dunaway y tient le rôle de Joan Crawford.