Philadelphia Experiment : la critique du film (1985)

Science-fiction, Aventures | 1h42min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Philadelphia Experiment, l'affiche

  • Réalisateur : Stewart Raffill
  • Acteurs : Stephen Tobolowsky, Nancy Allen, Michael Paré, Eric Christmas, Bobby Di Cicco
  • Date de sortie: 16 Jan 1985
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Philadelphia Experiment
  • Titres alternatifs : The Philadelphia Experiment (France, DVD, Blu-ray), L'expérience de Philadelphie (Québec) / Das Philadelphia Experiment (Allemagne) / El experimento Filadelfia (Espagne) / A Experiência de Filadélfia (Portugal) / Eksperyment 'Filadelfia' (Pologne) / Experimentos siniestros (Pérou) / Enviados del futuro (Mexique) / Um Passo para o Futuro (Brésil)
  • Année de production : 1984
  • Scénariste(s) : William Gray et Michael Janover, d'après une histoire de Wallace C. Bennett et Don Jakoby, d'après l'œuvre de The Philadelphia Experiment - Project Invisibility de Charles Berlitz et William L. Moore
  • Directeur de la photographie : Dick Bush
  • Compositeur : Kenneth Wannberg
  • Société(s) de production : New World Pictures, Cinema Group Ventures, New Pictures Group
  • Distributeur : Artedis
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Embassy Home Entertainment (VHS, 1985) / TF1 Vidéo (DVD, 2004) / Bach Films (Mediabook, 2019)
  • Date de sortie vidéo : Septembre, octobre 1985 (VHS), 19 mars 2019 (Mediabook)
  • Box-office Paris-périphérie : 65 968 entrées (8 semaines)
  • Box-office nord-américain : 8,1 M$ (22,1 M$ au cours ajusté de 2022)
  • Budget : 21 M$ (57,3 M$ au cours ajusté de 2022)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.78 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Fantafestival 1985 : Prix du meilleur film / Sélection au Festival d'Avoriaz 1985 : en compétition / Saturn Awards 1985 : 1 Nomination pour la meilleure actrice pour Nancy Allen
  • Illustrateur / Création graphique : Alain Lynch ; Dominique Guillotin (affiche, 1985), Djivandès (jaquette VHS France, 1985) / Mediabook Artwork : Jérémy Pailler
  • Crédits : © New World Pictures 1984, © Lakeshore International Corp.
  • Franchise : 1er volet du diptyque Philadelphia Experiment
Note des spectateurs :

Typique d’une certaine production SF des années 80, Philadelphia Experiment est un divertissement fort agréable à suivre, malgré son aspect lisse et familial. L’esthétique très eighties est pour beaucoup dans son charme toujours intact.

Synopsis : En 1943, la marine américaine expérimente à Philadelphie l’innovation du docteur James Longstreet, destinée à faire disparaître les bateaux alliés des radars ennemis. Alors qu’un test est effectué sur l’USS Eldridge un incident survient : deux matelots, David et Jim, sont projetés en 1984.

Retour vers le futur

Critique : Au début des années 80, la thématique du voyage dans le temps est à nouveau plébiscitée par les scénaristes. Ainsi, on peut citer de nombreux longs-métrages qui se servent de ce postulat de départ comme Quelque part dans le temps (Szwarc, 1980), Nimitz, retour vers l’enfer (Taylor, 1980), Terminator (Cameron, 1984), et bien évidemment la saga Retour vers le futur (Zemeckis, 1985). Au cœur de cette vague de fond, on compte également Philadelphia Experiment (1984) dont le scénario inspiré d’un roman de 1979 semble être un démarquage de Nimitz, retour vers l’enfer déjà cité.

Effectivement, le film de SF avec Kirk Douglas envoie un porte-avion américain moderne en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’attaque de Pearl Harbor. Dans Philadelphia Experiment, le transfert temporel s’effectue dans le sens inverse puisque ce sont des Marines américains des années 40 qui se retrouvent projetés en 1984. Cette proximité est peut-être un hasard, mais elle suscite tout de même une interrogation légitime.

Un projet laissé de côté par John Carpenter

Fondé sur une légende urbaine à propos d’expériences menées par l’État-Major américain pour tenter de rendre invisible leurs troupes, le scénario a été proposé à plusieurs cinéastes de renom dont le principal fut John Carpenter. Pourtant celui-ci n’a pas souhaité s’impliquer dans le développement du long-métrage et même son crédit en tant que producteur exécutif semble quelque peu excessif. De nombreux témoignages tendent à prouver son désintérêt total envers le film. Après les refus successifs de Joe Dante ou encore de Jonathan Demme, le scénario tombe dans l’escarcelle du réalisateur britannique Stewart Raffill, plutôt connu pour ses films d’aventures familiaux, ainsi que pour Les guerriers des étoiles (1984) qu’il vient tout juste d’achever pour la MGM.

Cette fois, c’est la compagnie New World Pictures que vient justement de vendre Roger Corman qui décide d’investir un budget conséquent dans ce projet ambitieux. Alors que la compagnie était célèbre pour ses budgets de série B, Philadelphia Experiment peut bénéficier de 21 M$ (57,3 M$ au cours ajusté de 2022) pour tenter de s’imposer sur un marché international de plus en plus concurrentiel. Ils comptent capitaliser sur des effets spéciaux à la pointe de la modernité – quelques passages sont réalisés à l’aide d’ordinateurs – mais aussi sur la popularité naissante du beau gosse Michael Paré et sur la présence de Nancy Allen, alors comédienne en vogue grâce à ses contributions aux œuvres de Brian de Palma.

De la SF inoffensive au charme certain

Afin de ratisser le plus large possible, Stewart Raffill insiste pour modifier le script et y introduire une histoire d’amour entre les deux héros et il ajoute une touche personnelle en rendant l’ensemble du film plus accessible à un large public familial. Sans doute est-ce d’ailleurs le plus gros défaut de ce Philadelphia Experiment qui part d’un postulat passionnant, mais qui s’élève rarement au-dessus du teen-movie plaisant.

Si certains effets spéciaux ont plutôt mal vieillis – notamment les images en surbrillance – le long-métrage possède encore un charme typique des productions commerciales des années 80. On y retrouve notamment une naïveté et une absence totale de second degré qui font plaisir à voir. Pur hommage envers les films de SF inoffensifs des années 50, Philadelphia Experiment a finalement le mérite de ne jamais jouer la carte du postmodernisme, mais au contraire de développer une foi indéfectible envers son récit, pourtant hautement improbable. Grâce à une suspension d’incrédulité qui fonctionne plutôt bien, le spectacle s’avère donc toujours agréable à suivre, que ce soit dans ses développements science fictionnels ou dans son histoire d’amour joliment romantique.

The Phildadlphia Experiment, en VHS, DVD et affiche américaine

© 1984 Lakeshore International Corp.

Un échec commercial quelque peu injuste

Dopé par une réalisation efficace de Stewart Raffill dont ce fut assurément le meilleur film, Philadelphia Experiment est d’une belle tenue sur le plan esthétique, avec de belles images de Dick Bush (connu pour son travail sur Phase IV ou encore Le convoi de la peur de Friedkin) et une partition musicale chatoyante de Kenneth Wannberg. Il faut également souligner la justesse de l’interprétation, notamment de la part de Michael Paré qui avait décidément tout pour devenir une star, projet que plusieurs choix malheureux viendront contrecarrer. Face à lui, Nancy Allen lui donne la réplique avec autorité. Enfin, Eric Christmas assure en scientifique qui n’a rien appris de ses erreurs passées.

Divertissement éminemment agréable, Philadelphia Experiment est donc une œuvre mineure, mais qui possède un capital sympathie évident par son esthétique et son ton typique des années 80. Malheureusement pour ce programme qui avait tout pour fonctionner, sa sortie américaine a été terriblement décevante avec un score ne dépassant pas les 8,1 M$ (22,1 M$ au cours ajusté de 2022). Afin d’éponger au plus vite la dette, les producteurs américains ont misé sur une sortie en VHS très rapprochée, histoire de surfer sur la petite notoriété acquise par le long-métrage.

Un petit tour au Festival d’Avoriaz et puis s’en va

En France, Philadelphia Experiment a d’abord été présenté en compétition au Festival d’Avoriaz dont il est reparti bredouille. Il faut dire que sur le thème du voyage dans le temps, Terminator frappait cette année-là un grand coup en raflant un Grand Prix largement mérité. Diffusé dans les salles françaises à la mi-janvier 1985, le film de Stewart Raffill n’a pas affolé les compteurs du box-office national. Il a ensuite bénéficié d’une sortie en VHS où le métrage a acquis au fil des ans une réputation plus flatteuse.

On notera d’ailleurs que malgré son échec commercial, le film a eu le droit à une suite tardive judicieusement intitulée Philadelphia Experiment II (Cornwell, 1993) avec Brad Johnson. Cette suite n’a laissé aucune trace dans la mémoire des cinéphiles. Pas davantage d’ailleurs que le reboot télévisuel tourné en 2012. Le Projet Philadelphia, l’expérience interdite (Ziller, 2012) a certes vu le retour de Michael Paré dans un rôle de militaire, mais ce produit télévisuel n’a guère marqué les esprits.

Il faut donc mieux réserver notre nostalgie à l’original de 1984 qui a été édité dans un beau Mediabook chez Bach Films en 2019. Aidé par une copie de très bonne tenue, le métrage tient encore ses promesses de divertissement, par-delà les limites évoquées plus haut.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 janvier 1985

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Phildalphia Experiment, jaquette promo VHS (France)

Design : Djivanidès 85

Biographies +

Stewart Raffill, Stephen Tobolowsky, Nancy Allen, Michael Paré, Eric Christmas, Bobby Di Cicco

Box-office :

Avec une affiche difficilement acceptable pour le public, Philadelphia Experiment a connu une sortie importante en France, fort de sa présentation à Avoriaz 85 qui fut d’un excellent cru. Sorti le 16 janvier 1985 dans 21 cinémas sur Paris-Périphérie, le film réalise une très bonne première semaine. La promotion (Mad Movies, L’Ecran Fantastique, Starfix…) a été suffisante pour attirer les amateurs de cinéma de genre SF. La présence de Michael Paré, tout droit sorti des Rues de feu de Walter Hill est un élément essentiel à la promotion. Le beau brun a le vent en poupe et l’expérience de Philadelphie profite des éloges à son sujet qui ne se sont pas taries.

Un certain succès parisien

Au niveau des grosses nouveautés, Philadelphia Experiment doit affronter deux films américains au public proche :

  • La corde raide, avec Clint Eastwood, qui entre en première place avec 44 salles sur P.P.
  • L’aube rouge, l’autre film pour adolescents, par John Milus (40 391 entrées dans 38 salles, dont 10 écrans de plus en intra-muros…

Philadelphia Experiment réalise une belle 7e place, avec 31 550 cinémas. Aucun des sites le programmant sur Paris ne présente des chiffres inférieurs à 1 000 spectateurs par écran. Sur les Champs, il peut compter sur près de 6 000 entrées sur deux cinémas (le George V et le Marignan Pathé). Il brille particulièrement aux Parnassiens (2 160, quand aucuns des gros cinémas de Montparnasse n’avaient souhaité le programmer), à la Maxéville sur les Grands Boulevards (1 755 entrées), au Pathé Hautefeuille au Quartier Latin (1 512), et même les Lumières y trouve son compte (2 534). Michael Paré est également gagnant aux Images, à la Fauvette, au Mistral, et en dernier lieu à la Bastille. Sur les 11 écrans le programmant en banlieue, l’Artel Créteil sera le plus solide (2 065).

Si l’on prend en compte les chiffres français, on peut compatibiliser pas moins de 66 399 spectateurs en première semaine. Le film arbore une belle 14e place nationale.

Philadelphia Experiment enterre L’aube rouge, son concurrent direct

En 2e semaine sur la “Francilie”, Philadelphia Experiment chute vite à 18 790 tickets, perdant déjà 2 écrans. Mais ce n’est rien face à L’aube rouge (17 070 sur 24 cinémas). Pour le film de science-fiction, les chiffres intramuros sont encore positifs, c’est la banlieue qui dévissent.

Avec l’arrivée d’autres sélectionnés à Avoriaz (La compagnie des loups de Neil Jordan, Razorback de Russell Mulcahy), le distributeur Artédis n’a pas le poids requis pour conserver ses écrans. En 3e semaine, la production de New World Pictures se retrouve à 7 695 spectateurs dans 10 salles, dont 6 dans l’enceinte de la capitale où des écrans de moindre importance comme ceux des Arcades ou du Quintette Pathé se substituent au Marignan ou à la Maxéville. Signe d’un taux de satisfaction du public plutôt positif à l’égard de Philadelphia Experiment, on se doit de comparer ses résultats avec ceux, en 3e semaine, de L’aube rouge. Ce dernier est un désastre, avec une perte sèche de 21 écrans. Désormais, le film de la major CIC est programmé dans trois cinémas pour 3 354 entrées.

Philadelphia Experiment demeurera 8 semaines sur Paris avec un total de 65 968 entrées. Il passera ses dernières semaines en solitaire sur une ou deux salles, dont des cinémas de quartier.

Sur l’ensemble de la France, nous n’avons pas les chiffres précis, mais un final entre 170 000 et 200 000 entrées est possible.

Même pas dans le top 100 annuel aux USA

Avec une 106e position annuelle aux USA où le film New World Pictures sera surtout un succès en VHS, justifiant un numéro 2 pour le marché de la vidéocassette en 1993 par Trimark Pictures, The Philadelphia Experiment fera autant de recettes qu’un certain Buckaroo Banzaï que la Fox sortait une semaine plus tard durant l’été en 1984, avec les ravages que l’on connaît pour ses producteurs.

En France, Philadelphia Experiment sera proposé par Embassy en VHS au début de l’automne et sera un beau succès sur ce support. Il sortira en DVD chez TF1 à deux reprises, sous le titre de (The) Philadelphia Experiment . En France, comme à l’étranger, de très nombreux éditeurs propeseront des éditions multiples avec des jaquettes exclusives, pas toujours inspirées,; mais toujours articulées sur le nom de John Carpenter. Le film est même désormais accessible en HD/blu-ray.

Box-office de Frédéric Mignard

Philadelphia Experiment, jaquette du blu-ray

© 1984 Lakeshore International Corp. / © 2019 Artwork : Jérémy Pailler ; Graphisme et maquette : John Capone. Tous droits réservés.

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Philadelphia Experiment, l'affiche

Bande-annonce de Philadelphia Experiment (VO)

Science-fiction, Aventures

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