Music Box : la critique du film (1990)

Drame | 2h04min
Note de la rédaction :
8/10
8
Music Box, l'affiche

  • Réalisateur : Costa-Gavras
  • Acteurs : Jessica Lange, Michael Rooker, Frederic Forrest, Albert Hall, Mari Töröcsik, Lukas Haas, Armin Mueller-Stahl, Donald Moffat
  • Date de sortie: 28 Fév 1990
  • Année de production : 1989
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Music Box
  • Titres alternatifs : Die ganze Wahrheit (Allemagne) / La caja de música (Espagne) / O Enigma da Caixa de Música (Portugal) / Pozytywka (Pologne) / Mucho más que un crimen (Argentine) / Music Box - Prova d'accusa (Italie) / Kærlighedens grænser (Danemark) / Muito Mais que um Crime (Brésil)
  • Autres acteurs : Cheryl Lynn Bruce, J.S. Block, Sol Frieder
  • Scénariste : Joe Eszterhas
  • Monteuse : Joële Van Effenterre
  • Directeur de la photographie : Patrick Blossier
  • Compositeur : Philippe Sarde
  • Chef Maquilleur : Steve LaPorte
  • Cheffe décoratrice : Jeannine Oppewall
  • Directeur artistique : László Rajk
  • Producteur : Irwin Winkler
  • Producteurs exécutifs : Joe Eszterhas, Hal W. Polaire
  • Sociétés de production : Carolco Pictures
  • Distributeur : Columbia TriStar Films
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeurs vidéo : Gaumont Columbia RCA (VHS, 1991) / Sony Pictures (DVD, 2005) / Studiocanal (DVD, 2010) / Studiocanal (blu-ray, 2023)
  • Dates de sortie vidéo : 1991 (VHS) / 5 octobre 2005 (DVD) / 23 février 2010 (DVD) / 1er septembre 2023 (blu-ray)
  • Budget : 18 000 000 $ (soit 45 340 000 $ au cours de 2024)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 759 828 entrées / 323 767 entrées
  • Box-office nord-américain : 6 263 883 $ (15 620 000 $ au cours de 2024)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals : Festival de Berlin 1990
  • Nominations : Oscars 1990 : meilleure actrice pour Jessica Lange / Golden Globes 1990 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Jessica Lange / Young Artist Awards 1990 : meilleur jeune acteur dans un film pour Lukas Haas
  • Récompenses : Festival de Berlin 1990 : Ours d'or (ex-æquo avec Alouettes, le fil à la patte)
  • Illustrateur/Création graphique : © Publicis (agence). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © StudioCanal. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : -
  • Tagline : L'amour peut-il prouver l'innocence ?
Note des spectateurs :

Music Box offre à Jessica Lange l’un de ses plus beaux rôles, tout en constituant un mets de choix au sein de la filmographie de Costa-Gavras.

Synopsis : Une avocate défend son père accusé de crimes de guerre, mais l’affaire est bien plus compliquée qu’elle ne pense.

Aux origines du projet, le scénariste Joe Eszterhas

Critique : Alors qu’il est en plein tournage de La main droite du diable (1988) d’après un script de Joe Eszterhas, le cinéaste franco-grec Costa-Gavras reçoit une nouvelle proposition de la part du scénariste qui allait devenir célèbre quelques années plus tard avec Basic Instinct (Paul Verhoeven, 1992). Le cinéaste profite de quelques moments de pause pour lire le premier traitement intitulé Sins of the Fathers, qui deviendra Music Box quelques temps plus tard. Convaincu qu’il tient là le sujet parfait pour un nouveau long métrage, Costa-Gavras parvient à impliquer le producteur américain Irwin Winkler, déjà à la manœuvre sur son film traitant du Ku Klux Klan.

La phase de casting permet de sélectionner assez rapidement l’actrice Jessica Lange qui sort d’une série d’échecs commerciaux, tout en envisageant de la confronter à une star bankable. Finalement, après plusieurs désistements, c’est le comédien allemand Armin Mueller-Stahl qui est choisi pour incarner le père de l’avocate, accusé d’être un ancien nazi. Si le film a perdu l’occasion de se faire de la publicité grâce à une star, il a gagné en crédibilité grâce à l’anonymat tout relatif de cet acteur surtout connu en Europe pour avoir joué pour des sommités comme Rainer Werner Fassbinder ou encore Andrzej Wajda. Pour le reste de sa distribution, Costa-Gavras préfère s’appuyer sur des acteurs solides comme Frederic Forrest ou Donald Moffat, plutôt que sur des personnalités plus reconnaissables du grand public.

Le beau Danube rouge…

Il faut dire qu’avec Music Box, le cinéaste retrouve sa verve politique des années 70 en abordant une thématique alors très actuelle de la chasse aux anciens nazis. Pour mémoire, soulignons que la fin des années 80 a permis de mettre en lumière certaines personnalités du Troisième Reich lors de procès à sensation comme celui de Klaus Barbie en 1987. Dans Music Box, Costa-Gavras cible particulièrement le Parti des Croix fléchées hongrois qui a notamment participé à l’élimination des juifs de Budapest. Le mouvement mené par le prêtre exalté András Kun a notamment massacré la population juive en la précipitant dans le fleuve Danube. L’extrême violence de cet épisode est même rapporté par des membres de la SS allemande qui furent choqués par la violence déployée par les Croix fléchées.

Music Box, la jaquette blu-ray

© 1989 Carolco Pictures / © 2023 StudioCanal. Tous droits réservés.

Fidèle à sa volonté de dénonciation de tous les extrémismes, Costa-Gavras profite donc de ce classique film de procès pour évoquer les exactions antisémites des fascistes hongrois. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin et critique dans le même temps les agissements des services secrets de la Hongrie communiste qu’il décrit comme un pays totalitaire. Lorsque le long métrage est réalisé, cette prise de position est plutôt courageuse puisque le régime sous influence soviétique n’est pas encore abattu. Enfin, comme le scénario s’avère d’une belle acuité, il en profite aussi pour suggérer  l’implication des services secrets américains dans l’exfiltration d’anciens nazis qui ont juré de collaborer avec les Etats-Unis dans leur lutte contre le communisme, échappant ainsi à une mort certaine en Europe.

Music Box allie le fond et la forme avec une belle pertinence

Ces thèmes hautement inflammables sont distillés à l’intérieur d’un film de procès qui est également intéressant sur un plan plus intime. Ainsi, en confrontant une avocate sûre d’elle au passé enfoui de son père adoré, Music Box s’interroge sur la résistance des liens familiaux face à l’horreur de la réalité historique. Même si le réalisateur fait mine de créer un vague suspense autour de la culpabilité du père de famille, le spectateur possède suffisamment d’indices pour se forger une intime conviction dès les premiers instants. Le plus intéressant demeure donc la réaction de son entourage face aux révélations de plus en plus atroces à propos des exactions commises. On notera au passage l’excellente interprétation d’Armin Mueller-Stahl, capable d’être crédible en bon grand-père, tout en glaçant les sangs d’un seul regard lorsque sa véritable personnalité émerge.

Construit de manière classique, mais terriblement efficace, le scénario très bien huilé de Joe Eszterhas, allié à la belle réalisation de Costa-Gavras, fait de Music Box une œuvre passionnante de bout en bout. Ainsi, les deux heures de film passent à une vitesse folle, malgré l’absence de vrai rebondissement. Costa-Gavras s’est également creusé la tête pour varier les angles de prise de vues au sein du tribunal, afin de ne jamais se répéter. Il parvient ainsi à renouveler l’intérêt du spectateur à chaque instant. Enfin, saluons l’impeccable prestation de Jessica Lange qui est vraiment remarquable dans ce rôle difficile.

Music Box était-il adapté au public américain ?

Présenté en grande pompe au Festival de Berlin en 1990, Music Box a remporté l’Ours d’or, récompense suprême partagée avec Alouettes, le fil à la patte (Jiří Menzel, 1969), un chef d’œuvre tchèque interdit depuis 1969 et enfin révélé au grand public en 1990. Avec son sujet plutôt européen, Music Box n’a pas été un succès aux Etats-Unis, mais le film à Oscars a tout de même reçu une nomination pour Jessica Lange en tant que meilleure actrice.

En réalité, Music Box devait surtout convaincre les Européens et notamment le public français. Après la grosse déception de La main droite du diable qui n’a mobilisé que 160 224 spectateurs en plein durant la période de la crise de fréquentation des salles de cinéma, Music Box devait redresser la barre pour Costa-Gavras qui était attendu au tournant.

Un joli succès parisien dès son entame

Positionné le 28 février 1990, le film de procès n’a pas de gros concurrent à affronter puisque les films de la semaine sont Le bal du gouverneur (première réalisation de Marie-France Pisier) et la comédie américaine Nous ne sommes pas des anges (Neil Jordan) avec Robert De Niro et Sean Penn. Proposé par Columbia TriStar dans une combinaison assez limitée de 19 écrans (Paris-Périphérie), Music Box convainc 71 274 avocats lors de sa semaine d’investiture. Il s’agit logiquement de la meilleure entrée de la septaine en matière de nouveautés.

Motivé par ses bons chiffres, le distributeur augmente sa présence en deuxième semaine et réunit 55 967 retardataires. Le bouche-à-oreille fonctionne visiblement correctement avec encore 37 026 avocats à la barre en semaine 3. Servi par l’approche de la cérémonie des Oscars où Jessica Lange est nominée, Music Box regagne encore des forces en quatrième semaine avec 42 058 Franciliens et un score qui dépasse les 200 000 auditeurs. On notera qu’au même moment, le box-office est toujours dominé par deux véritables phénomènes qui ont pour nom Le cercle des poètes disparus (Peter Weir) et Nikita (Luc Besson). Le Costa-Gavras n’a pas l’étoffe de ses concurrents, mais il parvient à jouer sa petite musique avec une stabilité impeccable de semaine en semaine. Début avril, le film qui est reparti bredouille des Oscars dépasse les 250 000 spectateurs sur Paris et finit sa longue carrière avec 323 767 tickets déchirés.

Music Box a imposé sa petite musique en France

Le constat est identique sur le reste de la France où le drame historique mobilise initialement 140 181 spectateurs, avant d’errer de semaine en semaine entre la 7ème et la 9ème place du box-office national. Au début du mois d’avril, la boite à musique franchit le seuil symbolique des 500 000 entrées. Il continue son tour de France durant tout le mois de mai pour cumuler 759 828 plaignants. Un beau résultat pour une œuvre au sujet difficile.

Par la suite, le métrage a été publié en VHS, puis régulièrement en DVD, mais dans des éditions un peu frustres. Il mérite pourtant d’être redécouvert par les cinéphiles.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 février 1990

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Music Box, l'affiche

© 1989 Carolco Pictures / Affiche : Publicis (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

Costa-Gavras, Jessica Lange, Michael Rooker, Frederic Forrest, Albert Hall, Mari Töröcsik, Lukas Haas, Armin Mueller-Stahl, Donald Moffat

Mots clés

Films de procès, Les relations père-fille, La Seconde Guerre mondiale au cinéma, Drame historique, Ours d’or à Berlin

 

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