Le plus politique de nos réalisateurs est grec : Costa-Gavras a consacré 50 ans de sa vie à un cinéma politique engagé, dans lequel il embarqua son ami de toujours, Yves Montand. Il remportera la Palme d’or à Cannes avec Missing en 1982, et un Oscar pour Z, en 1970.

Costa-Gavras s’installe en France au début des années 50. D’origine grecque par sa mère et russe par son père, il obtient la nationalité française en 1968, un an avant la sortie de Z, film politique sur la dictature des colonels en Grèce, avec Yves Montand et Jean-Louis Trintignant. Le film est récompensé à Cannes et aux Oscars (Meilleur film en langue étrangére), démontrant le caractère foncièrement engagé de son cinéma, toujours prêt à aborder les sujets historiques qui auront marqué le XXe siècle. Z remportera un succès exceptionnel, frôlant les quatre millions d’entrées sur notre territoire.

Sept de ses films dépasseront le million de spectateurs : son premier long, Compartiments tueurs (1965), déjà avec Yves Montand et Jacques Perrin ; un thriller, L’aveu, avec Yves Montand et Simone Signoret, sur les procès de Prague ; Etat de siège, avec Yves Montand, qui s’intéressait aux liens entre les USA et les dictatures d’Amérique latine ; la romance Clair de femme, avec Montand et Romy Schneider ; le film américain Missing qui évoquait, en arrière-plan, le coup d’État du général Pinochet, et réunissait Jack Lemmon et Sissy Spacek ; et Amen, son dernier film polémique, en 2002, où il dénonçait le comportement de l’Eglise durant la Seconde Guerre mondiale. Il est important de signaler que Missing connut un succès considérable, fort de sa Palme d’or à Cannes, en 1982, et de son prix d’interprétation masculine.

Cinéaste passionnant, intransigeant, directeur de la Cinémathèque à deux reprises, Costa-Gavras s’intéresse peu au cinéma comme seul divertissement. Son unique comédie, en 1986, Conseil de famille, mettait en scène Johnny Hallyday et Fanny Ardant, au cœur d’une famille de braqueurs. Le film réalisa un beau score au box-office.

Outre Missing, sa carrière américaine est jalonnée de deux succès, La main droite du diable, où il dénonçait les agissements du Ku Klux Klan (1988) et surtout Music Box avec Jessica Lange, film de procès sur les criminels de guerre nazis. L’actrice sera d’ailleurs nommée à l’Oscar pour ce film. Sa critique des médias avec John Travolta et Dustin Hoffman, Mad City, en 1998, connaîtra un succès moindre.

Dans les années 2000 et 2010, il s’attaquera au capitalisme, à travers des films forts comme Le couperet, un succès, ou Eden à l’Ouest,  qui évoque déjà les migrations vers l’Europe, sans que les spectateurs ne s’en émeuvent . La crise économique des subprimes lui inspire en 2012 Le capital, avec Gad Elmaleh, où il s’attaque à la finance. Il revient remonté en 2019 avec Adults in the room, adaptation du livre de l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, durant la crise qui secoua son pays d’origine. Une charge puissante contre le Parlement Européen qui démontre la pugnacité d’un auteur entier  qui a considérablement enrichi le patrimoine cinématographique mondial.

Frédéric Mignard

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Photo : Jessica Forde -Copyrights : KG Productions (tournage du film Adults in the room)

Filmographie (Réalisateur)

• 1965 : Compartiment tueurs
• 1967 : Un homme de trop
• 1969 : Z
• 1970 : L’Aveu
• 1973 : État de siège
• 1975 : Section spéciale
• 1979 : Clair de femme
• 1982 : Missing
• 1983 : Hanna K.
• 1986 : Conseil de famille
• 1988 : La Main droite du diable (Betrayed)
• 1989 : Music Box
• 1993 : La Petite Apocalypse
• 1995 : À propos de Nice, la suite
• 1997 : Mad City
• 2002 : Amen.
• 2005 : Le Couperet
• 2009 : Eden à l’ouest
• 2012 : Le Capital
• 2019 : Adults in the Room