Les keufs : la critique du film (1987)

Comédie policière | 1h33min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Les Keufs, l'affiche

  • Réalisateur : Josiane Balasko
  • Acteurs : Josiane Balasko, Roschdy Zem, Catherine Hiegel, Jean-Pierre Léaud, Dora Doll, Ticky Holgado, Philippe Dormoy, Isaach de Bankolé, Jean-Marie Marion, Florent Pagny, Alex Descas
  • Date de sortie: 16 Déc 1987
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Les keufs
  • Titres alternatifs : Strich Academy (Allemagne)
  • Année de production : 1987
  • Scénariste(s) : Josiane Balasko, Christian Biegalski et Jean-Bernard Pouy
  • Directeur de la photographie : Dominique Chapuis
  • Compositeur : Francis Agbo, Raoul Agbo, Manu Dibango, Stéphane Sirkis
  • Société(s) de production : Films A2, G.P.F.I., Images Investissements
  • Distributeur (1ère sortie) : AMLF
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Proserpine (VHS, 1988) / TF1 Studio (DVD, 2006)
  • Date de sortie vidéo : 25 janvier 2006 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 071 467 entrées / 240 606 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : 1 nomination aux César 1988 : Meilleur second rôle masculin pour Jean-Pierre Léaud
  • Illustrateur / Création graphique : R.S.C.G. Best seller (agence)
  • Crédits : © TF1 International - Les Films Flam - France 2 Cinéma
Note des spectateurs :

Comédie policière sympathique, Les keufs aborde des thématiques sérieuses, mais souffre d’une réalisation un peu terne et d’un rythme assez languissant. Les acteurs y sont très bons.

Synopsis : Mireille Molyneux, inspectrice de police et ancienne enfant de la DDASS, traque les proxénètes avec des méthodes bien à elle, qui passent d’autant moins inaperçues que sa chevelure rousse la signale de loin. Grâce à la complicité de Yasmina, une jeune prostituée qui veut s’affranchir, elle arrête Charlie, son souteneur. Pour se venger de Mireille, Jean-Pierre, un autre proxénète, l’accuse de corruption. La jeune femme fait alors l’objet d’une enquête de deux inspecteurs de l’IGS : Blondel et Lacroix.

Une comédie au discours social marqué

Critique : Au milieu des années 80, Josiane Balasko a affirmé ses ambitions aussi bien au théâtre où sa pièce Nuit d’ivresse a été un triomphe, qu’au cinéma où elle est passée à la réalisation avec Sac de nœuds (1985). Toutefois, son premier long-métrage de réalisatrice a plutôt été une déception sur le plan commercial, tandis que les critiques n’ont pas été tendres. Avec Les keufs (1987) qui signifie flic en verlan, Balasko poursuit son exploration de la société française dans ses aspects les plus sombres. Aidée cette fois de Christian Biegalski et Jean-Bernard Pouy au scénario, elle aborde le milieu de la prostitution, des maquereaux, ainsi que les mutations de la Police nationale, contrainte d’intégrer de nouveaux éléments au cours des années 80. Ainsi, la réalisatrice se fait ici l’écho d’une société en pleine mutation, avec l’intégration policière des femmes et d’éléments venus de la diversité.

Balasko saisit l’occasion pour dénoncer les clichés racistes et machistes qui sont encore tenaces au sein de la population de l’époque. Ainsi, le bœuf carotte Noir incarné par Isaach de Bankolé ne cesse de se faire contrôler par la police, alors que lui-même est là pour surveiller les dérives des flics. Balasko, en mode séduisante malgré des tenues volontairement vulgaires, est elle-même systématiquement confondue avec les prostituées qu’elle s’évertue de remettre dans le droit chemin.

Des dialogues épicés et des interprètes au diapason

Ces différents éléments déclenchent des quiproquos plutôt amusants et permettent de glisser des idées progressistes sans en avoir l’air. Les auteurs ont également ajouté des running gags sympathiques à travers le rôle d’inspecteur tenu par Ticky Holgado. Ainsi, le personnage est systématiquement frappé, maltraité pour le plus grand plaisir du spectateur. Même effet comique déclenché cette fois-ci par Jean-Pierre Léaud qui incarne un commissaire hystérique, sans cesse sur les nerfs. L’acteur se parodie avec jubilation et offre une prestation certes caricaturale, mais franchement drôle. A noter d’ailleurs qu’il a été nommé aux César en tant que meilleur second rôle pour ce film. Enfin, Balasko livre encore une fois des dialogues épicés qui raviront les amateurs de vulgarités en tous genres.

Mais le meilleur des Keufs réside surtout dans le duo formé par Josiane Balasko et Isaach de Bankolé. Ce dernier sortait tout juste du succès surprise de Black mic-mac (Gilou, 1986) et se fait ici un malin plaisir à caricaturer les emplois habituels réservés aux Noirs dans le cinéma français de l’époque. Il interprète un policier très éduqué, mais qui se régale de jouer avec les stéréotypes de ses concitoyens. Certains passages qui s’attaquent directement au racisme sont encore aujourd’hui d’une belle pertinence, tant cette attitude de rejet reste malheureusement d’actualité. Signalons enfin un beau baiser final entre Balasko et de Bankolé. Cela semble peut-être anodin de nos jours, mais ce type de relation n’était pas si fréquemment affichée à l’écran à l’époque, preuve d’un bel engagement de la part de Josiane Balasko.

Les keufs est une comédie parfois poussive et dépourvue de rythme

Malgré ces bonnes intentions, Les keufs souffre tout de même de plusieurs défauts, dont une réalisation un peu poussive, un rythme quelque peu languissant et un manque de progression narrative qui montre ses limites au bout d’une heure de projection. Certes, la fin plus dynamique relève un peu le niveau, mais l’ennui s’invite parfois à la fête, ce qui est bien dommage. Le film manque également d’une bande originale vraiment marquante et de personnages secondaires qui s’élèvent au-delà de la simple caricature. Autant d’éléments qui expliquent la tiédeur des critiques à la sortie du film.

Sorti pour les fêtes de fin d’années 1987, Les keufs avait une lourde concurrence à abattre. A Paris, son entrée en 4ème position derrière les continuations du Dernier empereur (Bertolucci, 1987), de la reprise de Bernard et Bianca et derrière la nouveauté L’aventure intérieure (Dante, 1987) peut être vue comme une déception. Le film s’est toutefois maintenu quelques semaines, parvenant à cumuler 240 606 entrées sur Paname.

Un succès provincial sur la durée

Finalement, la province a été globalement plus réceptive puisque le film est resté pendant plusieurs semaines coincé entre la 4ème et la 5ème place du box-office national. Ce n’est ainsi qu’au début du mois de février qu’il dévisse sévèrement, chutant à la 8ème, puis à la 14ème place du podium national, franchissant la barre du million d’entrées durant la semaine du 23 février 1988.

Aujourd’hui largement oublié, ce second long-métrage de Josiane Balasko en tant que réalisatrice mérite pourtant un coup d’œil.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 décembre 1987

Voir le film en VOD

Les Keufs, l'affiche

© TF1 International – Les Films Flam – France 2 Cinéma / Affiche : R.S.C.G. Best seller (agence). Tous droits réservés.

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