Le justicier de New York (Un justicier dans la ville 3) : la critique du film (1986)

Vigilante, Polar, Thriller | 1h32min
Note de la rédaction :
4/10
4
Le justicier de New York (Death Wish 3), affiche originale de Jean Mascii

  • Réalisateur : Michael Winner
  • Acteurs : Charles Bronson, Ed Lauter, Martin Balsam, Deborah Raffin
  • Date de sortie: 05 Mar 1986
  • Titre original : Death Wish 3
  • Nationalité : Américain
  • Scénariste : Michael Edmondo, d'après une histoire de Brian Garfield
  • Compositeur : Jimmy Page
  • Producteurs : Menahem Golan, Yoran Globus
  • Distributeur : UGC, Cannon France
  • Editeur vidéo : Cannon France Vidéo (VHS), UGC Vidéo (VHS), MGM (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 1987 (VHS, première édition); 6 septembre 2005 (DVD MGM), 2020 (DVD & Blu-ray Sidonis Calysta)
  • Box-office USA : 16 116 878$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 740 443 entrées / 187 629 entrées
  • Classification :
  • Franchise : 3é segment de la série du Justicier dans la ville
  • Format : 1.85 : 1 / Mono
  • Illustration Affiche : Jean Mascii © 1985 Cannon Films - Metro-Goldyn-Meyer
Note des spectateurs :

Édifiante crétinerie des roublards Golan-Globus, Le justicier de New York se complaît dans l’humour bis. Charles Bronson cachetonne à fond, dans un vigilante aux odeurs acre d’incontinence.

Synopsis : Décidé à se ranger, Paul Kersey arrive à New York pour rendre visite à son ami Charley. Mais les retrouvailles sont de courte durée : Kersey arrive juste à temps pour recueillir les dernières paroles de Charley, attaqué par des voyous. Arrêté par la police, Kersey n’a aucune difficulté à s’identifier mais de lourdes présomptions de culpabilité continuent de peser sur lui. Une fois relâché, Kersey accepte d’aider la police à nettoyer le quartier des délinquants, des gangsters et des drogués.

1986, la Cannon Group : Inc dégaine l’artillerie lourde

Critique : Premier trimestre 1986. Cannon Films ne plaisantait plus. La société israélienne fondée par Golan-Globus annonçait le tournage de King Lear de Jean-Luc Godard, proposait Chuck Norris en tête d’affiche de Invasion USA et Delta Force ; Richard Chamberlain et Sharon Stone batifolaient dans Allan Quatermain et les mines du Roi Salomon, Konchalovsky fonçait à Cannes avec son Runaway Train, Sam Shepard et Kim Basinger étaient Fool for love et les deux nababs de la Cannon sortaient Berlin Affair, de la sulfureuse réalisatrice de Portier de nuit, Liliana Cavani. C’était juste pour le premier semestre…

Blu-ray d'Un Justicier dans la Ville 3 (Le justicier de New York)

© 1985 Cannon Films – Metro-Goldwyn-Mayer Studios. All rights reserved.

Au cœur de l’actualité du groupe, on retrouvait aussi un gros morceau, Le justicier de New York. Il s’agissait du troisième épisode de la franchise ultra-violente de vigilantes avec Charles Bronson, succédant au Justicier dans la ville (1974), Un justicier dans la ville n°2. L’idée était de surfer sur la vague de productions punk nihilistes sévissant dans les centre villes des séries B américaines ou ritales, Les guerriers de la nuit de Walter Hill (USA) ou Les guerriers du Bronx d’Enzo G. Castellari (son pendant Z spaghetti).

Œil pour œil, la loi du talion

Bronson qui carbure au flingue à tout va (Le justicier de minuit – qui n’est pas de la franchise des Death Wish -, L’enfer de la violence) y trouve un gros chèque d’1,5 million de dollars quand le réalisateur vétéran Michael Winner, proche de Bronson, y saisit l’occasion d’oublier les naufrages commerciaux de The Wicked Lady et Scream for help… Les deux compères ont des raisons peu artistiques pour rempiler dans la violence gratuite d’une légitime autodéfense faisant l’apologie de la loi du talion.

Le glauque des deux premiers épisodes est vite évacué par le ton léger de ce troisième épisode, ouvertement comique quand il s’agit de mettre en scène les actes de barbarie d’un Bronson de 64 ans qui donne une leçon par l’abjection et l’attirail de guerre à une jeunesse pugnace… La vue baissant dû à l’âge, Paul Kersey ne connaît pas. Il tire juste, fort, là où cela fait le plus mal, sans se soucier de la légalité et de toute éthique… Même le vol est sanctionné par la peine de mort.

Le justicier de New York, un papy qui fait de la résistance

Le personnage culte de Paul Kersey n’agit plus pour des griefs familiaux mais amicaux, puisque l’un de ses meilleurs potes, résidant à New York, vient de se faire assassiner outrageusement. Alors qu’il pensait avoir abandonner pour de bon ses penchants pour l’autodéfense, préférant désormais la bienveillance à la culbute d’exterminateur, Bronson est de surcroît incité par un flic (joué par un Ed Lauter crapuleux), qui n’a pas oublié ses exploits passés, à nettoyer au karcher les quartiers pauvres où les vilains loubards, des punks nihilistes à la bêtise crasse, ont curieusement pris comme cible favorite les plus démunis. La racaille sévit chez les pauvres, et en particulier les personnes âgées, dans une opposition affligeante entre les générations. A l’exception d’une avocate de trente ans plus jeune que Bronson qui curieusement s’est sentimentalement entichée pour cette vieille baderne taciturne, Bronson ne fréquente que les sorties de guinguettes, semblant désormais s’adresser à un public d’une autre génération, conservateur et peu conciliant envers les excès d’une jeunesse qui lui semble venir d’une autre planète.

Franchise Un justicier dans la ville Death Wish, toutes les critiques

MGM – Metro Goldwyn Mayer Inc

Appelez-le désormais Un justicier dans la ville 3 !

Avec sa dignité bas du front, Le justicier de New York n’essaie même pas de réfléchir, peut-être pour ne pas causer trop de maux de têtes aux pontes de la Cannon. Le héros tire à vue en lieu et place d’une justice absente de ce charnier urbain, où les décors de ruines donnent un charme d’époque à cette série B très Z qui sera l’ultime collaboration entre Bronson et Michael Winner, mais pas le dernier segment de la saga des Death Wish, puisqu’il faudra compter sur deux autres volets par la suite et même un remake du film originel par Eli Roth, en 2018.

Au moins, que l’on se rassure, (re)voir ce film, désormais intitulé en DVD et Blu-ray Un justicier dans la ville 3 pour sa sortie en 2020 chez Sidonis, provoque une belle hilarité. La comédie involontaire (?) est assurée. Le plaisir est coupable.

Sorties de la semaine du 5 mars 1986

Le justicier de new-york, cover DVD

© 1985 Cannon Films – Metro-Goldwyn-Mayer Studios. All rights reserved.

Death Wish 3, le justicier de New York, affiche et poster de Jean Mascii, rare

Affiche : Jean Mascii © 1985 Cannon Films – Metro-Goldwyn-Mayer Studios. All rights reserved.

Box-office de Le justicier de New York :

Alors associé à UGC, Cannon Films, distributeur nouveau en France, propose avec Le justicier de New York, le 3e volet des Death Wish, série dont le numéro 2 en 1982 avait dépassé le million d’entrées, quand le premier épisode, en 1974, s’était distingué en flinguant 1 500 000 spectateurs bruyants.

Les sorties du 5 mars 1986

Sorti le 5 mars 1986 en France, après une petite carrière à 16 000 000£ aux USA, durant l’automne 85, Death Wish 3 bénéficie d’un très grand circuit de salles. Pas moins de 45 écrans sur Paris-Périphérie, quand le film de science-fiction de Wolfgang Petersen, Enemy, devait se contenter de 34 salles. Binoche et Michel Serrault surprenaient dans 24 salles dans Mon beau-frère a tué ma sœur, l’orang-outan meurtrier de Link affichait le même nombre de salles. Enfin, on peut noter la présence d’un giallo avec Carole Bouquet, Mystère, dans 10 salles secondaires, autant que le Eleni de Peter Yates.

Premier jour Paris-Périphérie

Avec 12 272 entrées pour Paris-Périphérie, Le justicier de New York sera le seul film a tiré son épingle du jeu ce jour-là, même si le ration entrées/écran, donne une moyenne semblable à Enemy Mine, avec Dennis Quaid.

Les salles parisiennes intra-muros :

Le justicier de New York affrontait des salles plus ou moins remplies. Le public sur les Grands Boulevards (notamment au Rex et au Paramount Opéra) était beaucoup plus présent que sur les Champs-Elysées où il figurait dans 3 cinémas, à l’UGC Ermitage, le George V et le Marignan Pathé ! On pouvait voir ce Justicier dans la ville 3 dans des salles comme le Bastille, l’UGC Gare de Lyon/Gobelins/Montparnasse/Convention/Danton, au Forum Cinémas, Le Galaxie, aux Images, Mistral, Miramar, Gambetta ou encore au cinéma de Jaurès, le 3 Secretan.

Très présent en banlieue, le vigilante movie avec Bronson établissait près de 40% de sa fréquentation francilienne en-dehors des murs de la capitale.

Huit semaines d’exploitation

le justicier de New York, affiche américaine

© 1985 Cannon Films – Metro-Goldwyn-Mayer Studios. All rights reserved.

Avec 95 689 entrées en première semaine, ce pur film d’exploitation Cannon prend logiquement la première place du box-office, détrônant de la première place une autre production Golan-Globus, à savoir Allan Quatermain et les mines du roi Salomon qui était programmé sur un circuit aussi dense de 45 cinémas.

Enemy Mine avec 10 salles de moins réalisait 25 000 entrées en moins.

En deuxième semaine, Le justicier de New York dézingue une bonne partie de son potentiel et chute déjà à 46 165 spectateurs pour un total de 141 454 spectateurs, sur le marché parisien.

En 3e semaine, le film perd pas moins de 30 cinémas, puisqu’il ne paraît plus que dans 15 salles sur Paris/Périphérie, dont 7 sur la capitale même. Il attire 20 135 retardataires.

Dans 7 cinémas en 4e semaine, Bronson poursuit son hémorragie de plus de 50% de sa fanbase par semaine, avec 9 162 spectateurs burinés.

En 5e semaine, le polar de Michael Winner est présent dans 5 cinémas et additionne 5 135 spectateurs supplémentaires.

La 6e semaine lui permet un certain sursaut avec un jury populaire de 5 712 spectateurs. Désormais exclusivement programmé dans l’enceinte de Paris, le film, toujours à l’affiche du George V – qui n’était pas encore un UGC -, du Gaumont Parnasse et du Paramount Opéra, bénéficie surtout d’un soutien de fin de vie, dans un cinéma de quartier, le Paris Ciné, où il engrange sur ce seul site spécialisé dans le double programme, 2 690 clients atypiques.

En 7e semaine, Bronson voit l’une de ses copies transplanter au Gaîté Boulevard, autre cinéma bis des quartiers populaires où il remplit sa grande salle de 2 502 spectateurs, quand le Paramount Opéra (futur Gaumont), le programmait encore pour 887 “loubards”. Résultat de cette semaine, 3 392 spectateurs pour un total très moyen de 184 990 entrées.

Changement de quartier populaire en 8e semaine, avec la direction des quartiers chauds du 9e/18e, puisque Le justicier de New York apparaît au Gaîté Rochechouart, où il fait le job auprès de la population locale, avec 2 639 spectateurs exclusivement mâles des classes ouvrières caractéristiques du quartier. La production Cannon achève donc sa carrière à 187 629 bad guys mais dépasse les 700 000 tickets sur l’ensemble de la France ce qui en fait une bonne affaire, alors qu’un an plus tard commence l’exploitation juteuse en VHS.

Critique et box-office : Frédéric Mignard

Le justicier de New York (Death Wish 3), affiche originale de Jean Mascii

Affiche : Jean Mascii © 1985 Cannon Films – Metro-Goldwyn-Mayer Inc, All Rights Reserved

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