L’enfer de la violence : la critique du film (1984)

Action, Thriller, Drame | 1h30min
Note de la rédaction :
6/10
6
L'enfer de la violence, l'affiche

  • Réalisateur : Jack Lee Thompson
  • Acteurs : Charles Bronson, José Ferrer, Theresa Saldana, Joseph Maher, John Glover
  • Date de sortie: 14 Mar 1984
  • Nationalité : Américain, Britannique, Mexicain
  • Titre original : The Evil That Men Do
  • Année de production : 1983
  • Scénariste(s) : R. Lance Hill, John Crowther d'après le roman de R. Lance Hill
  • Directeur de la photographie : Xavier Cruz
  • Compositeur : Ken Thorne
  • Société(s) de production : Capricorn, Capricorn Company, Incorporated Television Company (ITC)
  • Distributeur (1ère sortie) : Warner Columbia
  • Éditeur(s) vidéo : Gaumont Columbia RCA Vidéo (VHS) / Gaumont Columbia TriStar Home Vidéo (DVD)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 876 771 entrées / 188 549 entrées
  • Box-office nord-américain 13,1 M$
  • Budget : 4,6 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 18 ans à sa sortie / Tous public de nos jours
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : © Gyula Konkoly. Tous droits réservés. (affiche française) - © Eric Pulford. Tous droits réservés. (affiche britannique, banner)
  • Crédits : © 1983 Tri Star Pictures Inc.
Note des spectateurs :

L’enfer de la violence est une série B qui ose déborder de son cadre pour dénoncer la collusion des Etats-Unis avec certaines dictatures d’Amérique centrale. Un discours politique plutôt audacieux à l’époque reaganienne.

Synopsis : Clément Molloch, un ancien nazi, parcourt l’Amérique latine et vend ses services aux diverses dictatures, qui ne manquent pas de l’employer à diverses tâches inhumaines. Sa sœur, Claire, l’accompagne dans tous ses déplacements. Il exerce pour l’heure ses talents sur la personne de Jorge Hedalgo, un journaliste guatémaltèque qui dénonce depuis toujours ses ignobles agissements. Hector Lomelin, un ami de Hedalgo, contacte Holland, un tueur à gages en retraite, et lui propose un contrat : il s’agit d’éliminer Molloch.

Une dénonciation des agissements des Etats-Unis en Amérique centrale

Critique : Au début des années 80, le réalisateur Jack Lee Thompson et la star Charles Bronson ont déjà de nombreuses collaborations à leur actif. Les deux compères viennent notamment de tourner l’hallucinant Justicier de minuit (1983) qui, contrairement à son titre français, n’est aucunement une déclinaison de la saga Death Wish, mais un thriller d’une rare violence. Alors que les deux complices pouvaient se contenter d’aligner des séries B toutes fondées sur le même modèle, ils optent pour une certaine audace en tournant L’enfer de la violence (1984).

Certes, le long-métrage fait encore de Charles Bronson une machine à tuer venue pour venger les victimes d’un tortionnaire, mais la localisation du film dans un pays d’Amérique centrale en rend le contenu politique plutôt osé pour l’époque. Effectivement, L’enfer de la violence entend dénoncer l’emploi d’anciens nazis au cœur des dictatures d’Amérique latine. Un fait bien connu de nos jours, mais qui était à peine évoqué à l’époque. Là où les auteurs franchissent un pas supplémentaire, c’est lorsqu’ils n’hésitent pas à accuser la CIA de participer à la mise en place de ces systèmes dictatoriaux. Certes, ils ne vont pas jusqu’à impliquer directement l’administration Reagan, mais n’importe quel spectateur connaissant un peu cette période pourra y lire de nombreuses allusions à peine voilées.

L’enfer de la violence ou comment éveiller les consciences par le biais d’une série B

Ici, le long-métrage est situé au Guatemala qui a effectivement connu plusieurs dictatures très dures au début des années 80. Si le film a en réalité été tourné intégralement au Mexique, la description des méthodes de torture est d’un tel réalisme que L’enfer de la violence ne peut que scandaliser par rapport à ces atteintes aux plus élémentaires droits humains. Ainsi, le long-métrage commence par une scène de torture bien gratinée – putassière dirons certains – puis par le témoignage de nombreuses victimes d’un certain « docteur » qui exerce ses talents au Guatemala. A partir de là, Charles Bronson est envoyé sur place pour exécuter ce criminel employé par des Etats où la violence tient lieu de loi.

Là où le film gagne des points, c’est justement qu’il ne cherche aucunement à justifier l’intervention des Etats-Unis dans la zone, mais critique au contraire cette ingérence qui se fait au profit des dictateurs et au détriment du petit peuple. Certes, Bronson est bien un ange vengeur qui vient remettre de l’ordre dans les affaires locales, mais il ne le fait pas au nom d’un quelconque gouvernement. On retrouve donc là le traditionnel héros américain solitaire, comme autrefois dans les westerns.

Une dernière partie proche du western

D’ailleurs, si la première heure permet au réalisateur de décrire les mécanismes de l’autoritarisme au cœur des dictatures d’Amérique latine, la fin se concentre sur une lutte plus personnelle dans un cadre qui fait volontairement référence au genre du western. Aussi bien l’hacienda que la mine nous ramènent vers ce type de film, et ceci malgré un final étonnant où le peuple peut enfin se venger en lynchant le responsable de ses malheurs. Bien entendu, nous n’irons pas jusqu’à dire que L’enfer de la violence est une œuvre progressiste, puisque certains éléments demeurent fondamentalement réactionnaires (la loi du talion, une certaine homophobie), mais du moins sa dénonciation a le mérite d’être audacieuse dans le cadre pourtant très restreint de la série B d’action.

D’ailleurs, ceux qui s’attendent à un déferlement d’action risquent bien d’être un peu déçus puisque le long-métrage prend le temps de poser les bases de son intrigue et de ses personnages, sans sacrifier au dieu efficacité. La réalisation de Jack Lee Thompson reste pourtant dynamique, même si sans nuance. Peu connu pour sa subtilité, Thompson a toutefois le mérite de mettre les pieds dans le plat et de proposer des scènes osées qui marquent davantage l’esprit que des métaphores oiseuses. Visiblement écœurés par ce qui se passait alors dans les dictatures d’Amérique centrale, Thompson et Bronson signent donc un bien curieux film de série qui ose déborder de son cadre pour livrer un commentaire politique pas si idiot que cela.

Un succès de plus au compte du duo Bronson / Thompson

Sorti avec un certain succès aux Etats-Unis, L’enfer de la violence a également connu un joli écho en France où il s’est placé directement troisième des sorties de la semaine sur Paris avec 84 974 spectateurs. Au final, le long-métrage a glané 876 771 entrées sur l’ensemble du territoire national. Ce joli parcours est finalement mérité pour une œuvre inégale, mais bien plus ambitieuse que la moyenne dans le genre.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 14 mars 1984

Le film en DVD

L'enfer de la violence, l'affiche

© 1983 Tri Star Pictures Inc. / Illustration affiche : © Gyula Konkoly. Tous droits réservés.

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