Parmi les derniers bons Bronson, La loi de Murphy est sans aucun doute l’un des plus drôles, grâce à des dialogues d’une vulgarité hors norme et des séquences bis assez jubilatoires. Un bon cru de la Cannon, donc.
Synopsis : Vétéran de la police de Los Angeles, devenu alcoolique depuis son divorce, le coriace inspecteur Jack Murphy plonge dans un véritable cauchemar le jour où il reçoit un appel anonyme signant son arrêt de mort. Lorsque son ex-femme, Jan, est assassinée, Murphy devient le suspect numéro 1. Arrêté par ses propres collègues, il n’a pas d’autre choix que de s’évader et de pourchasser lui-même le tueur qui l’a piégé.
Critique : Ecrit par Gail Morgan Hickman (L’inspecteur ne renonce jamais de la saga de l’inspecteur Harry), le script de La loi de Murphy a immédiatement intéressé le duo de producteurs Menahem Golan et Yoram Globus. Ils y voient un parfait véhicule pour la star maison de la Cannon, à savoir Charles Bronson. Ce dernier apprécie beaucoup le scénario, notamment du fait de son humour et de son antagoniste féminin. Car l’histoire prévoit effectivement d’opposer une femme psychotique à un policier au bout du rouleau, rongé par le démon de l’alcool. De quoi renouveler la recette des précédents longs-métrages de la star.
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En réalité, le scénario s’inspire très largement d’un sous-genre florissant en ce milieu des années 80 : le buddy movie. Depuis le triomphe de 48 heures (Hill, 1982), on ne compte plus le nombre de polars qui fonctionnent sur le mode humoristique du duo mal assorti. Ici, le flic taciturne incarné avec justesse par Bronson est opposé à une jeune délinquante d’une incroyable vulgarité. D’abord proposé à Madonna qui était trop gourmande sur le plan financier, le rôle a finalement été distribué à la jeune Kathleen Wilhoite qui s’en tire plutôt bien.
Face à ce duo volontairement mal assorti, la folle de service est interprétée par Carrie Snodgress (restée surtout célèbre pour sa prestation dans Journal intime d’une femme mariée, Perry, 1970). En mode hystérique, l’actrice s’avère pleinement convaincante, même lorsqu’elle affronte Bronson en duel.
Tourné par le vétéran Jack Lee Thompson qui avait déjà de nombreux films avec Bronson à son actif, La loi de Murphy bénéficie d’une réalisation coup de poing d’une réelle efficacité. On ne s’ennuie pas une seule seconde durant la projection, alors même que l’histoire n’est absolument pas révolutionnaire. Il est aidé en cela par une jolie photographie, une musique synthétique pas désagréable et surtout la multiplication de meurtres globalement assez sanglants.
Précisons toutefois que le spectacle est réservé aux amateurs de cinéma bis. Ainsi, le cinéaste multiplie les séquences hallucinantes, parfois de très mauvais goût. Cette propension à la vulgarité est totalement sublimée par la version française qu’il faut impérativement découvrir.
Les doubleurs se sont effectivement totalement lâchés en multipliant les expressions les plus insensées (on adore par exemple : “Je te trouve bandant comme une casserole de pois chiche”, dont on cherche toujours la signification exacte). On nage ici en plein délire puisque toutes les phrases contiennent au moins une grossièreté. Revoir ce film d’un autre temps fera donc du bien à tous ceux que le politiquement correct ennuie profondément.
Pure série B décomplexée, La loi de Murphy n’a certes pas la vocation de figurer dans les anthologies du cinéma policier, mais elle se classe parmi les valeureuses productions bis de la firme Cannon. Au niveau des recettes, le film se situe au moment charnière du basculement vers une chute des entrées. Ainsi, le long-métrage capte un peu moins de 10 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. En France, ses 336 404 entrées peuvent apparaître de prime abord comme positives, sauf qu’il s’agit d’une sévère chute par rapport aux œuvres précédentes, ce qui se confirmera avec les sorties suivantes. Désormais, Charles Bronson ne fera plus vraiment recette en France, sauf sur le marché de la VHS, bien entendu.
Critique de Virgile Dumez
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