La mort aux enchères : la critique du film (1983)

Policier, Thriller | 1h33min
Note de la rédaction :
5/10
5
La mort aux enchères, l'affiche

  • Réalisateur : Robert Benton
  • Acteurs : Meryl Streep, Jessica Tandy, Roy Scheider, Josef Sommer, Joe Grifasi, Sara Botsford
  • Date de sortie: 26 Jan 1983
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Still of the Night
  • Titres alternatifs : In der Stille der Nacht (Allemagne) / Tyst som natten (Suède) / Bajo sospecha (Espagne) / Na Calada da Noite (Portugal) / W nocnej ciszy (Pologne) / En la quietud de la noche (Mexique) / Una lama nel buio (Italie) / Az éjszaka csendje (Hongrie)
  • Année de production : 1982
  • Scénariste(s) : Robert Benton, d'après une histoire de Robert Benton et David Newman
  • Directeur de la photographie : Néstor Almendros
  • Compositeur : John Kander
  • Société(s) de production : United Artists
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Home Vidéo (VHS, 1986 et 1989) / BQHL Éditions (DVD et blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 1986 (VHS) / 1989 (VHS) / 11 août 2022 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 307 805 entrées / 167 783 entrées
  • Box-office nord-américain : 5,9 M$ (soit 18,1 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Budget : 10 M$ (soit 30,7 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Edgar Allan Poe Awards 1983 : nomination pour le meilleur film / Turkish Film Critics Association (SIYAD) Awards 1984 : nomination pour le meilleur film étranger
  • Illustrateur / Création graphique : Guy Bourduge (affichiste), Guy Jouineau (affichiste), Maureen Lambray (photographe).
  • Crédits : United Artists
Note des spectateurs :

Pastiche hitchcockien, La mort aux enchères pâtit d’une erreur de casting et d’une réalisation bien trop académique pour atteindre pleinement son but. On sauvera de l’ensemble la prestation de Meryl Streep.

Synopsis : Psychiatre à Manhattan, Sam Rice jouit d’une grande renommée dans sa profession. Un beau jour, il reçoit la visite d’une jeune femme, Brooke Reynolds, qu’il connait déjà à travers les confessions d’un patient dont le cadavre vient d’être découvert dans sa voiture. Un meurtre. Si Rice se méfie d’abord de cette jeune femme mystérieuse que la police soupçonne d’être le tueur, il se laisse très vite séduire par son apparente vulnérabilité. Une attraction qui pourrait lui être fatale.

Robert Benton aux trousses d’Hitchcock

Critique : A la fin des années 70 et au début des années 80, de nombreux hommages au maître du suspense Alfred Hitchcock débarquent sur les écrans. On peut compter parmi eux les films de Brian De Palma, mais aussi Meurtres en cascade (Demme, 1979), déjà avec Roy Scheider. L’occasion donc pour les scénaristes Robert Benton et David Newman de ressortir du placard un vieux script qui n’avait pas trouvé preneur dans les années 70. Depuis cette époque, Benton est devenu un réalisateur bankable grâce au triomphe qu’il vient de rencontrer avec Kramer contre Kramer (1979). Auréolé d’un énorme succès commercial et de 5 Oscars, le drame sur le divorce permet donc à Robert Benton d’obtenir tout ce qu’il désire.

Le voici donc à la tête d’un budget confortable de 10 M$ (soit 30,7 M$ au cours du dollar de 2022) et d’un casting dont il rêvait déjà pour son film précédent, à savoir Roy Scheider et la talentueuse Meryl Streep. Le brillant directeur de la photographie Nestor Almendros est à nouveau convoqué pour rendre un hommage aux films noirs et aux thrillers psychanalytiques des années 40 tournés par Alfred Hitchcock ou encore Jacques Tourneur. Autant dire que les fées semblent s’être posées sur le berceau de La mort aux enchères (1982).

La mort aux enchères souffre de la présence de Roy Scheider

Pourtant, le résultat n’est clairement pas à la hauteur des attentes des différents intervenants. Dans un entretien, Meryl Streep ira jusqu’à déclarer qu’il s’agît de l’un de ses pires films, jugement sans doute un brin sévère. En fait, on aurait plutôt tendance à trouver qu’elle porte toute seule le poids du long-métrage sur ses épaules. Effectivement, Roy Scheider apparaît nettement comme une erreur de casting. L’acteur est surtout connu pour des rôles physiques où il n’a pas beaucoup de sentiments à exprimer. Or, dans La mort aux enchères, l’intégralité de l’intrigue repose sur le fait qu’il interprète un homme amoureux fou d’une femme qu’il devrait craindre. Autant dire que l’on ne ressent rien de tout cela dans son interprétation très carrée, mais dénuée de la moindre finesse ou ambiguïté.

La mort aux enchères, jaquette du blu-ray

© 1982 United Artists / © 2022 BQHL. tous droits réservés.

Désignée dès le départ comme une suspecte idéale, la femme fatale incarnée par Meryl Streep bénéficie du jeu bien plus travaillé de la comédienne, toujours à l’aise dès qu’il s’agit de creuser la psychologie de son personnage. Elle est donc assurément le point fort du long-métrage. On peut également apprécier le retournement de situation final, assez inattendu et finalement assez bien amené.

Des références prestigieuses qui se retournent contre le film

La mort aux enchères se présente donc comme un pastiche des œuvres d’Alfred Hitchcock, avec des références notamment à La mort aux trousses (1959), à Sueurs froides (1958), Pas de printemps pour Marnie (1964) et également à La maison du docteur Edwardes (1945) pour son côté psychanalytique. Mais on peut aussi trouver des références aux œuvres horrifiques de Jacques Tourneur à travers la séquence de rêve entièrement tournée à l’aide d’ombres portées sur les murs. Toutefois, cette cinéphilie assumée se retourne fréquemment contre le film puisque la réalisation de Robert Benton demeure extrêmement classique.

Pourtant très influencé par la Nouvelle Vague française, Benton a rarement fait preuve de beaucoup d’imagination dans la construction de ses plans et La mort aux enchères ne fait pas exception. Le tout est parfois inutilement lent, voire sous anesthésie.

L’échec commercial au tournant aux USA

Le thriller est finalement sorti sur les écrans américains au mois de novembre 1982 et a connu un échec assez cinglant, se révélant incapable de rembourser son budget sur le seul territoire nord-américain. En France, le polar débarque au mois de janvier 1983 lors d’une semaine marquée par la sortie événement de Rocky 3, l’œil du tigre (Stallone) et du Prix du danger (Boisset). Le thriller un peu mou arrive en 6ème position du box-office parisien de la semaine du 26 janvier 1983 avec 46 339 spectateurs.

Dans le genre du polar, Alain Delon impose Le battant dès la semaine suivante, mais La mort aux enchères se maintient à 43 527 flics, malgré une chute du nombre de salles. En 3ème semaine, le thriller trouve encore 34 435 victimes dans un parc de salles similaire. La chute intervient lors de la septaine 4 avec cette fois 18 486 tickets vendus. En 5ème semaine, ils sont encore 12 702 retardataires en salles et le film va s’éteindre progressivement avec un cumul parisien de 167 783 clients.

La mort aux enchères disponible en blu-ray depuis août 2022

Sur la France, le film a davantage de mal à s’imposer avec une petite 15ème place la semaine de sa sortie. Le thriller s’effondre très vite dans le pays et ne glane que 307 805 entrées sur l’ensemble d’une carrière essentiellement centrée sur la région parisienne.

Par la suite, le métrage a été édité à deux reprises en VHS dans les années 80, avant de disparaître de la circulation pendant très longtemps. Ce n’est qu’au mois d’août 2022 qu’une édition DVD et blu-ray est proposée à la vente, pour une œuvre très largement oubliée – et d’ailleurs oubliable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 janvier 1983

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La mort aux enchères, l'affiche

© 1982 United Artists / Affiche : Guy Bourduge (affichiste) – Guy Jouineau (affichiste) – Maureen Lambray (photographe). Tous droits réservés.

Biographies +

Robert Benton, Meryl Streep, Jessica Tandy, Roy Scheider, Josef Sommer, Joe Grifasi, Sara Botsford

Box-office :

La mort aux enchères, une belle carrière dans les cinémas parisiens en 1983.

La mort aux enchères sort un mercredi très chargé, celui du 26 janvier, une semaine après la sortie d’Officier et Gentleman, et du phénomène de James Uys Les Dieux sont tombés sur la tête. Plus de 15 films apparaissent ce jour là dont la comédie avec Pierre Richard Un chien dans un jeu de quilles (43 salles), Le prix du danger, film de science-fiction de Yves Boisset avec Gérard Lanvin également programmé dans 43 salles, Rocky III l’oeil du tigre, présent dans 23 cinémas, avant de devenir l’un des triomphes de l’année, notre Mort aux enchères enraciné sur 18 sites, puis Antonieta de Carlos Saura avec Adjani sur 15 écrans, Tempête de Paul Mazursky avec Cassavetes présent dans seulement 7 cinémas…

La revanche des humanoïdes (aka Il était une fois l’espace au cinéma) atterrissait dans 14 salles et l’autre cartoon du moment, Les aventures de Panda dans 4, les pornos Les délices du tossing de Gérard Kikoïne jouissait de 9 salles, Suprêmes plaisirs en tous genres de 5 sites spécialisés. Le kung-fu La secte infernale du kung-fu établissait son temple dans 3 cinémas de quartier.

La mort aux enchères pris en sandwich entre deux numéros 1 annuels

Pour cette première journée, Sylvester Stallone, qui n’avait pas vraiment connu le succès avec les deux premiers Rocky sur notre territoire, fait figure de champion, avec 23 121 rageux sur Paris Périphérie. Il allait devenir la star masculine de l’année 1983 avec son deuxième vrai succès, Rambo. Le prix du danger, blockbuster français, trouvait 19 514 concurrents. Pierre Richard se contentait pour sa part de 11 784 cinémas et s’apprêtait à essuyer un bide majeur.

Dans ces conditions, les 4 774 entrées de La mort aux enchères démontrent a priori l’incapacité du film à se détacher. Mais le film fera mieux que cela.

En première semaine parisienne, le thriller américain de Robert Benton trouve une 6e place, entre Les Dieux sont tombés sur la terre (le futur premier de l’année 1983) et E.T. L’extra-terrestre (le numéro un de l’année 1982). Ses 46 339 entrées sont très convenables, loin devant le Carlos Saura (29 537 entrées pour Antonieta). Ses 11 salles sur Paris intra-muros affichent toutes  plus de 1 000 spectateurs par écran, avec un pic pour le Gaumont Champs Elysées. Le duo Meryl Streep Roy Scheider y a attiré 10 096 curieux.

La mort aux enchères en VOD

© 1982 United Artists

Les autres écrans de La mort aux enchères étaient : le Gaumont Les Halles, le Clichy Pathé, l’Impérial Pathé, le Studio St-Germain, le Nation, les Parnassiens, la Maxéville, le Miramar, le Magic Convention, le Gaumont Ouest. Il figurait également dans 7 salles de banlieue.

Rocky 3, Le Battant, The Verdict... Des ennemis directs

Avec 43 527 entrées en 2e semaine dans seulement 12 salles, la production américaine surprend, absolument pas impactée par la nouveauté du Battant avec Alain Delon, et les continuations de Rocky 3 ou des Dieux sont tombés sur la tête.

Présent dans 11 cinémas en intra-muros, désormais retiré de l’affiche en banlieue, Still of the Night (son titre original), ratisse encore large avec 33 957 spectateurs et un total de 124 301 spectateurs.

Un beau succès français malgré une sortie timorée

La 4e semaine le voit perdre 50% de sa fréquentation, avec 18 486 spectateurs dans 9 cinémas fidèles. Il est victime d’un film américain très proche, The Verdict de Sidney Lumet, avec Paul Newman qui fait très fort (79 000 entrées dans 22 cinémas).

La mort aux enchères n’a pas encore dit son dernier mot puisqu’en 5e semaine, 10 cinémas parisiens lui font encore confiance (total de 12 702 entrées).

De vrais signes d’agonie se font ressentir en 6e semaine, avec une perte de 6 écrans. Seuls le George V, le Studio St-Germain, les Parnassiens et le Lumière l’accueillent avec tout de même 4 988 entrées à la fin des 7 jours.

Le thriller passe ensuite à deux écrans (le George V et les Parnassiens), mais les spectateurs sont présents (2 664). Puis 3 127 entrées en semaine 8, avec l’apport du Lux de Bagneux, puis, en 9e et ultime semaine 1 515 spectateurs au George V.

La carrière parisienne du film s’arrête à 167 83 spectateurs, un peu moins du double pour la province où l’exploitation n’a pas été très poussée en raison d’un trop grand nombre de productions populaires avec des acteurs plus bankables.

Néanmoins, pour les Artistes Associés, le succès a été largement au rendez-vous sur le territoire français.

Box-office de Frédéric Mignard

Affiche américaine de La mort aux enchères

Affiche américaine de La mort aux enchères © 1982 United Artists

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La mort aux enchères, l'affiche

Bande-annonce de La mort aux enchères (VO)

Policier, Thriller

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