King Kong II : la critique du film (1987)

Fantastique, Aventures, Nanar | 1h45min
Note de la rédaction :
2/10
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King Kong 2 (King Kong II/king Kong Lives), affiche

  • Réalisateur : John Guillermin
  • Acteurs : Linda Hamilton, John Ashton, Brian Kerwin, Peter Elliott
  • Date de sortie: 08 Avr 1987
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : King Kong Lives
  • Titres alternatifs : King Kong lebt (Allemagne) / King Kong lever (Suède) / King Kong Vive! (Portugal) / King Kong żyje (Pologne) / King Kong visszatér (Hongrie) / King Kong 2: A História Continua (Brésil)
  • Année de production : 1986
  • Autres acteurs : George Yiasoumi, Peter Michael Goetz, Frank Maraden, Alan Sader, Marc Clement, Michael Forest, Mike Starr
  • Scénaristes : Steven Pressfield et Ronald Shusett, d'après les personnages de Merian C. Cooper et Edgar Wallace
  • Directeur de la photographie : Alec Mills
  • Compositeur : John Scott
  • Monteur : Malcolm Cooke
  • Producteurs : Martha De Laurentiis, Dino De Laurentiis, Ronald Shusett, Lucio Trentini
  • Sociétés de production : Dino De Laurentiis Company
  • Distributeur : AMLF
  • Éditeurs vidéo : CBS – Fox (VHS, 1987) / Fox Vidéo (VHS) / Fravidis (VHS) / Opening (DVD, 1999)
  • Date de sortie vidéo : 1987 (VHS) / 11 octobre 1999 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 200 000 entrées (approximatif) / 44 268 entrées
  • Box-office nord-américain : 4,7 M$ (soit 12,9 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 10 M$ (soit 27,4 M$ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : Razzie Awards 1987 : 1 nomination pour les pires effets spéciaux pour Carlo Rambaldi
  • Illustrateur / Création graphique A.R.P./ L.P.C. (agence)© Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : StudioCanal © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : 2ème volet de la franchise King Kong des années 70-80
Note des spectateurs :

Naufrage artistique et commercial, King Kong II est un pur nanar doté d’un script invraisemblable, d’acteurs peu concernés et d’effets spéciaux au rabais. Un pur désastre qui clôt tristement la carrière du cinéaste John Guillermin.

Synopsis : Maintenu en vie artificiellement par le docteur Amy Franklin, King Kong souffre aujourd’hui d’insuffisance cardiaque. Seule une opération peut le sauver, mais elle nécessiterait plusieurs litres de sang du même type que le sien. Hank Mitchell, un aventurier au grand cœur, découvre miraculeusement une femelle gorille géante dans une jungle de Bornéo. Amy peut alors tenter l’opération de la dernière chance. Tiré d’affaire, King Kong sort du coma, pour tomber éperdument amoureux de la belle qui lui a sauvé la vie.

De Laurentiis tente de sauver son studio de la faillite

Critique : Alors qu’il a investi une somme impressionnante dans la conception de son remake de King Kong (Guillermin, 1976) – à savoir 24 millions de dollars de l’époque, équivalent à plus de 125 millions de billets verts en 2023 – le nabab Dino De Laurentiis a touché un joli pactole grâce à une belle rentabilité mondiale du film qui révéla au passage au grand public la belle Jessica Lange.

Pourtant, lorsqu’approche la moitié de la décennie 80, le studio De Laurentiis Entertainment Group vient de connaître plusieurs déconvenues sévères, dont les plus difficiles à digérer sont les flops successifs aux Etats-Unis de Dune (Lynch, 1984), L’année du dragon (Cimino, 1985), Cat’s Eye (Teague, 1985), Maximum Overdrive (King, 1986), Le sixième sens (Mann, 1986), Blue Velvet (Lynch, 1986) et Tai-Pan (Duke, 1986). Le studio du nabab italien est donc en perdition et doit faire face à des restrictions budgétaires qui vont être fatales à son projet suivant : King Kong II.

King Kong II, un colosse aux pieds d’argile

Après une diffusion télévisée événementielle aux States du remake de 1976, Dino De Laurentiis pense qu’il est possible d’exploiter la nouvelle popularité du singe géant et confie la rédaction d’une suite à Ronald Shusett (scénariste réputé de la saga Alien) et Steven Pressfield dont ce fut le premier scénario. Ils imaginent donc que le grand singe a survécu à la fin du premier volet, mais qu’il a été gardé dans le coma pendant dix ans par un groupe de scientifiques qui ont créé un cœur artificiel pour pouvoir l’opérer et le ranimer. Cette idée stupide et totalement invraisemblable fait de King Kong II un colosse aux pieds d’argile. Effectivement, comment convaincre les spectateurs de la crédibilité d’une telle intrigue ?

Comment arriver à faire croire qu’une université a suffisamment d’argent pour garder en vie un mastodonte tel que King Kong, pour ensuite élaborer un cœur artificiel géant qui doit coûter plusieurs millions de dollars. D’ailleurs, l’épisode de l’opération est un grand moment de cinéma bis tant l’ensemble est filmé sans aucun second degré, alors que tout est ridicule.

Edition collector de King Kong 2 chez Umbrella Entertainment

Edition collector de King Kong II chez Umbrella Entertainment © Umbrella Entertainment. All Rights Reserved

King Kong vous présente toute sa famille

Lorsque l’on visionne King Kong II, on a l’impression de se retrouver face un scénario écrit par et pour des gamins de douze ans. Ainsi, les personnages sont tous binaires, soit très gentils (scientifiques et zoologistes), soit très méchants (chasseurs et militaires), tandis que l’empathie est totale envers King Kong, sa compagne et, cerise sur le gâteau, pour Baby Kong.

Sans doute conscient des limites du script, les acteurs du précédent volet ont décliné la proposition de Dino De Laurentiis et ce sont finalement Brian Kerwin – acteur de télé – et Linda Hamilton (Terminator) qui se compromettent dans ce nanar improbable. Effectivement, si l’on calcule le budget au taux actuel du dollar, King Kong II a tout de même coûté 100 millions de dollars de moins que son prédécesseur. Autant dire qu’en lieu et place d’une grande créature mécanique, le directeur des effets spéciaux Carlo Rambaldi s’est contenté ici d’acteurs dans des costumes de singes plantés au milieu de décors miniatures particulièrement voyants.

Un budget ridicule et des effets spéciaux à l’avenant

D’ailleurs, Linda Hamilton a révélé par la suite que, durant le tournage, elle n’a pas vu l’ombre d’un singe et qu’elle devait réagir face à un écran bleu. Elle a découvert tardivement le résultat déplorable à l’écran, avec des incrustations grossières, des singes aux masques mal conçus et surtout des maquettes bien trop visibles.

Outre des restrictions budgétaires qui ont pesé lourd sur le tournage, le réalisateur vétéran John Guillermin n’était pas non plus au meilleur de sa forme car il était encore très affecté par la mort de son fils sur le tournage tragique de Sheena, reine de la jungle (1984). De nombreux témoins confirment que le cinéaste pouvait s’absenter des journées entières durant lesquelles les assistants et réalisateurs de seconde équipe ont pris en charge le tournage. D’ailleurs, si l’on excepte un téléfilm réalisé en 1988, John Guillermin n’a plus rien tourné pour le cinéma après ce catastrophique King Kong II. Une fin bien triste pour un cinéaste qui a été capable de réaliser des films commerciaux majeurs comme La tour infernale (1974), King Kong (1976) ou encore Mort sur le Nil (1978) qui ont bercé notre enfance.

Une sortie américaine, sans présentation du bousin à la presse

Est-il vraiment besoin d’insister sur l’extrême nullité de ce King Kong II qui fait pitié à tous les niveaux ? Des acteurs visiblement peu concernés, aux effets spéciaux ratés, en passant par ce script totalement bâclé, on se demande bien ce qu’il reste à sauver d’une telle entreprise.

D’ailleurs, le grand public américain a flairé l’embrouille dès sa sortie. Tout d’abord, le long-métrage n’a pas été présenté à la presse américaine afin de s’assurer une première semaine correcte. Pourtant diffusé à partir du 19 décembre 1976 dans plus de 1 105 cinémas à travers les Etats-Unis et le Canada. Mais le raz-de-marée attendu n’a jamais eu lieu puisque le film n’a rapporté que 1,2 millions de dollars à l’issue de son premier week-end d’exploitation, se classant ainsi à la 12ème place du box-office. Des sondages sont parus à la sortie des salles et les spectateurs ont systématiquement attribué des notes catastrophiques au film. Sorti la même semaine que Platoon (Stone, 1986), King Kong II a affiché une moyenne de spectateurs par salle 40 fois inférieure à celle du film de guerre.

Un désaveu général pour un nanar insauvable

En France, le même désaveu aura lieu, avec des critiques catastrophiques et une exploitation en salles d’un mois à Paris avec finalement 44 268 déçus dans les salles franciliennes. Sorti rapidement en VHS par CBS / Fox, King Kong II a été publié plusieurs fois sur support cassette, mais une seule fois en DVD dans une édition bon marché datant de 1999. Depuis, le long-métrage traine sur différentes plateformes, demeurant une curiosité pour les amateurs de nanars et d’accidents industriels. L’éditeur australien Umbrella Entertainment en proposera néanmoins un collector en 2023 très vite épuisé.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 8 avril 1987

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King Kong 2 (King Kong II/king Kong Lives), affiche

© 1986 StudioCanal / Affiche : A.R.P./ L.P.C. (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

John Guillermin, Linda Hamilton, John Ashton, Brian Kerwin, Peter Elliott

Mots clés

King Kong au cinéma, Nanar, Animaux tueurs, Les singes au cinéma, Les productions Dino De Laurentiis

Box-office de King Kong II

Après l’échec américain à la fin de l’année 1986, AMLF ne croit pas en King Kong Lives. L’année 1986 et le premier trimestre de 1987 n’ont pas été très bons pour la fréquentation et c’est donc pour les vacances de Pâques que le distributeur lance le film en salle, une semaine après la comédie américaine Golden Child avec Eddie Murphy. L’affiche dessinée de l’international est écartée pour un visuel de faciès qui sera propice à une promotion au format pantalon, exclusivement basée sur la notoriété de notre Kong de héros.

Les mois d’avril sont meurtriers

La concurrence est rude en ce mois d’avril 1987 qui est, comme l’indique le polar de Laurent Heynemann (Les mois d’avril sont meurtriers), une semaine plus tard, meurtrier.

Le 8 avril, le singe géant doit composer avec la diffusion de Angel Heart, aux portes de l’enfer (33 salles), gros succès de la semaine et Over the Top, le bras de fer de la Cannon, avec Sylvester Stallone (42 écrans) qui sera une déception. Avec la troisième combinaison de la semaine à Paris (27 salles), King Kong II ouvre à 3 216 spectateurs contre 16 075 pour Mickey Rourke et 15 701 pour Stallone.

Les autres nouveautés ont beaucoup de mal : Le moustachu avec Jean Rochefort (17 salles, 2 851), Les Bisounours II, une nouvelle génération (8 salles, 213 entrées), Inspecteur Gadget (11 salles, 260), La guerre des robots (9 salles, 341), Laputa, Berlin île volante, avec Sami Frey (4 salles, 680), faisaient ce qu’ils pouvaient.

King Kong 2 aux portes de l’enfer

En première semaine parisienne, King Kong II se hisse à peine en 8e place du classement, avec 28 760 spectateurs, loin des 122 000 entrées du chef d’œuvre d’Alan Parker qui double le bras de fer de la Cannon avec le public (114 277). Avec 17 salles, Le Moustachu – qui est un échec – réalise peu ou prou les mêmes chiffres (25 458, 10eme).

On notera le score parisien désastreux d’Inspecteur Gadget (2 424 entrées !), des Bisounours II (2 135 !!) et de La guerre des robots (2 190 !!!). Des désastres pour ces trois transfuges de la télévision qui se cannibalisent.

Pendant ce temps, le film à caractère pornographique Collégiennes vicieuses, profs sodomaniaques attirait 9 596 dingos dans 4 cinémas spécialisés sur son seul titre trash et pédophile.

Où voir King Kong 2 à Paris cette semaine-là?

King Kong II est placé dans 9 salles en intra-muros, essentiellement chez UGC (Boulevard/Lyon Bastille/Gobelins/Montparnasse/Normandie), mais aussi au George V – qui n’était pas encore un UGC -, au Forum Cinémas, au Clichy Pathé et évidemment au Rex où il tirera la majorité des curieux (3 343 entrées en première semaine). On notera son absence de programmation au Paramount Opéra.

En deuxième semaine, chute simiesque pour la production De Laurentiis avec une 15e place catastrophique (9 561 spectateurs). Les exploitants l’ont massivement éconduite (-12 salles). Sur Paris intra-muros, désormais, l’ultime film de John Guillermin n’est plus que sur 7 écrans et même sur les Champs, il ne dépasse pas les 1 400 amateurs de blockbusters ratés.

A l’issue d’une exploitation francilienne de 4 semaines, à 44 000 billets, le gorille qui revenait et qui n’était pas content, disparaît de la capitale fâché, comme les spectateurs par ailleurs.

En province, la mésaventure durera un petit peu plus longtemps, avec 6 semaines dans le top 30 hexagonal. Mais la carrière du monstre stoppe aux portes des 200 000 spectateurs.

Box-office : Frédéric Mignard

Les singes au cinéma

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