Angel Heart – Aux portes de l’enfer : critique du film (1987)

Policier, Fantastique | 1h53min
Note de la rédaction :
9/10
9
Angel Heart, affiche du film d'Alan Parker

  • Réalisateur : Alan Parker
  • Acteurs : Robert De Niro, Charlotte Rampling, Mickey Rourke, Kathleen Wilhoite, Lisa Bonet
  • Date de sortie: 08 Avr 1987
  • Nationalité : Américain, Britannique, Canadien
  • Titre original : Angel Heart
  • Année de production : 1986
  • Scénariste(s) : Alan Parker, d'après un roman de William Hjortsberg
  • Directeur de la photographie : Michael Seresin
  • Compositeur : Trevor Jones
  • Société(s) de production : Carolco International N.V., Winkast Film Productions, Union
  • Distributeur (1ère sortie) : Gaumont
  • Distributeur (reprise) : Carlotta Films
  • Date de reprise : 18 septembre 2019
  • Éditeur(s) vidéo : Delta Vidéo (VHS) / StudioCanal (DVD) / StudioCanal (Blu-ray + UHD)
  • Date de sortie vidéo : 5 février 2020 (UHD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 340 804 entrées / 459 694 entrées
  • Box-office nord-américain 17,1 M$
  • Budget : 17 M$
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans à sa sortie (12 ans à partir de 1990)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : Young Artist Awards 1988 : meilleure jeune actrice (Lisa Bonet) / Nominations aux Saturn Awards 1988 : meilleur scénario, du meilleur second rôle masculin (Robert De Niro) et du meilleur second rôle féminin (Lisa Bonet)
  • Illustrateur / Création graphique : Pierre Peyrolle
  • Crédits : © StudioCanal
  • Attachée de presse : Marie-Christine Malbert
Note des spectateurs :

Porté par l’interprétation magistrale de Mickey Rourke, Angel Heart est un petit bijou signé du grand Alan Parker, alors au sommet de son talent. A déguster sans modération.

Synopsis : New York, 1955. Le détective privé Harry Angel est engagé par un certain Louis Cyphre pour retrouver la trace de Johnny Favorite, un ancien crooner qu’il avait contribué à lancer. Devenu invalide pendant la guerre, ce dernier croupirait dans une clinique psychiatrique de la région, mais M. Cyphre soupçonne l’établissement de couvrir sa mort. Harry Angel apprend bientôt que Favorite a été enlevé par deux personnes originaires du Sud des États-Unis, moyennant finance. L’enquête va s’avérer plus dangereuse que prévue, semant la mort sur son passage. Elle conduira également le détective sur les terres mystiques de La Nouvelle-Orléans…

Alan Parker creuse la notion complexe d’identité

Critique : Après Birdy (1984), le réalisateur britannique Alan Parker rencontre le producteur Elliott Kastner qui lui propose de lire Le Sabbat dans Central Park, thriller fantastique signé William Hjortsberg. Il se trouve que Parker connaissait déjà le roman et en le relisant y a vu l’opportunité de développer des thématiques personnelles. Le cinéaste se lance alors dans l’écriture du script, en modifiant les dialogues, certains personnages et en situant la deuxième partie du film à la Nouvelle-Orléans. Alan Parker en profite pour visiter ce sud des Etats-Unis qu’il continuera à parcourir pour les besoins de son métrage suivant, l’excellent Mississippi Burning (1988).

Travaillé par la notion d’identité, comme on a déjà pu le voir dans Pink Floyd – The Wall (1982) et Birdy (1984), Alan Parker peint ici le portrait d’un détective privé dont la personnalité va peu à peu se déliter au cours de ses investigations. Multipliant les plans sur le personnage en train de se regarder dans un miroir, Alan Parker suggère à plusieurs reprises que l’identité du détective n’est sans doute pas si établie que cela. Pour arriver à un tel degré de complexité, Alan Parker s’est appuyé sur l’excellente interprétation de Mickey Rourke qui trouve là son meilleur rôle. D’abord sûr de lui, le jeune détective perd peu à peu toutes ses certitudes et voit ainsi tout s’écrouler autour de lui, jusqu’à sa propre identité.

Un hommage au film noir qui dérive vers le fantastique

Le long-métrage démarre comme un classique film noir, même si Alan Parker nous épargne heureusement le cliché de la voix off. On retrouve donc cette ambiance typique du cinéma des années 40 avec d’importantes zones d’ombre dégagées par la magnifique photographie de Michael Seresin. Malgré cet aspect typique du film noir, l’ambiance anxiogène suggérée par l’inquiétante et pesante musique de Trevor Jones nous confirme progressivement l’appartenance du long-métrage à un autre genre : le fantastique. Pour cela, Alan Parker a fait appel au grand Robert De Niro – initialement pressenti pour tenir le rôle du détective, mais qui a préféré celui du Deus ex machina. La star livre une prestation tout bonnement exceptionnelle et marquante alors qu’il n’apparaît qu’une dizaine de minutes à l’écran.

Basculant peu à peu dans le fantastique, Angel Heart nous y invite progressivement par l’utilisation de noms marqués sur le plan religieux (Angel, Epiphanie), ce qui n’est d’ailleurs pas d’une grande finesse. On préfère largement l’utilisation des rites vaudou typiques de certaines régions du sud des Etats-Unis, ainsi que le recours à des phénomènes surnaturels dont on se demande toujours s’ils sont réels ou se déroulent uniquement dans la tête des protagonistes.

Angel Heart, cocktail de religion, de sang et de sexe

Grâce à un montage savant, Alan Parker signe quelques scènes de meurtres mémorables et marquées par un usage immodéré de l’hémoglobine. Très sanguinolant, Angel Heart propose également quelques moments épicés comme cette étreinte passionnée entre Mickey Rourke et Lisa Bonet au cours de laquelle des flots de sang se déversent sur leurs corps nus en extase. Entre sensualité et violence, la séquence possède également une connotation sulfureuse qui ne sera révélée qu’à la fin du film (et que nous ne spoilerons donc pas).

Fondé sur un retournement de situation final diabolique, le long-métrage ne souffre pas trop des multiples visionnages tant sa mécanique narrative s’avère pertinente et particulièrement bien huilée. Toujours aussi inspiré sur le plan visuel, Alan Parker signe donc une œuvre majeure du cinéma mondial, portée par une réalisation magnifique, une musique angoissante et des acteurs au meilleur de leur forme.

Déception aux Etats-Unis, mais succès en France

Angel Heart a rencontré des problèmes avec la censure lors de sa sortie américaine, obligeant notamment Alan Parker à couper plusieurs passages afin d’éviter un classement X, notamment lors de l’étreinte sanglante entre Mickey Rourke et Lisa Bonet.  Le film, qui a engrangé 17 millions de dollars sur le sol américain, peut ainsi être considéré comme une déception commerciale puisqu’il a à peine remboursé son budget . Le long-métrage a rencontré davantage de succès en Europe et notamment en France où il s’est hissé à la 19ème place du box-office annuel avec 1 340 804 entrées. Il s’agira d’ailleurs du dernier gros succès d’Alan Parker sur notre territoire.

Aujourd’hui considéré à juste titre comme un film culte, Angel Heart n’a pas pris une ride et peut être visionné dans des conditions optimales grâce à la sortie d’un blu-ray 4K UHD comportant en bonus l’un des derniers entretiens filmés avec le regretté Alan Parker.

Critique de Virgile Dumez

Box-office d’Angel Heart : aux portes de l’enfer

Angel Heart : aux portes de l’enfer apparaît dans 33 salles sur la capitale et sa périphérie le 8 avril 1987 face aux sorties de vacances (les films d’animation Les Bisounours N°2, La guerre des robots, Inspecteur Gadget), mais aussi à King Kong 2 produit par Dino de Laurentiis et Over the Top de Menhamem Golan, avec Sylvester Stallone.

Avec 9 écrans de moins que Le Bras de fer de la Cannon Inc, Alan Parker s’empare de la première place des nouveautés (16 075 spectateurs) en un jour sur Paris-Périphérie. En première semaine, le thriller méphistophélique s’empare de la première place avec 122 751 spectateurs contre 114 277 pour Sylvester Stallone, détrônant le pamphlet sur la guerre du Vietnam, Platoon d’Oliver Stone qui rétrograde en 3e place pour sa 3e semaine (114 015 entrées dans 46 salles). Le grand singe, de son côté, a du mal à grimper au sommet de son gratte-ciel. Il s’essouffle en 8e place, avec 28 760 Parisiens dans 27 cinémas.

Avec une interdiction aux moins de 13 ans, Angel Heart : aux portes de l’enfer trouve 15 820 spectateurs au seul Gaumont Ambassade et 12 436 entrées au Bretagne. Le 14 Juillet Odéon est troisième des exploitants parisiens avec 9 539 spectateurs. La belle gueule d’ange de Mickey est visible également à l’Escurial Panorama, à la Fauvette, au St Michel, aux 14 Juillet Beaugrenelle et Bastille, au Wepler Pathé, au Maillot, Gambetta et au Rex, aux Montparnos, ainsi que dans 5 salles Gaumont (Halles, Opéra x 2, Convention, Alésia). On n’oubliera pas que Gaumont est le distributeur national du film.

Angel Heart : aux portes de l’enfer restera 8 semaines dans le top 15 parisien, avec 14 007 entrées pour ce 8e tour de piste dans 13 salles, chassé par les nombreux films cannois (Radio Days, Un homme amoureux, Chronique d’une mort annoncée, Good Morning Babylonia, Arizona Junior), et des films de genre comme From Beyond : aux portes de l’au-delà, et les Américains Mannequin et American Way.

Trois mois après sa sortie, Angel Heart : aux portes de l’enfer démarre le mois de juillet, qui sera historiquement l’un des plus bas de l’histoire de l’exploitation française, dans quatre cinémas (les Gaumont Ambassade et Convention, le St Michel et le Bienvenue Montparnasse), ce qui le pare d’une 13e semaine à 3 854 spectateurs. Au milieu des séries B estivales, son succès sera constant. Il remonte même à 5 546 curieux en 15e semaine, puis 5 100, 4 900, 4 100, 3 400, 2 700 en 20 semaines dans 3 écrans…

Angel Heart : aux portes de l’enfer apparaît encore dans 2 cinémas en 30e semaine (le George V et le Lucernaire) avec 1 092 entrées. Il s’offre un total francilien de 459 694 entrées à la veille de la nouvelle année.

Distribuée avec succès par Gaumont, cette production tiendra 52 semaines à l’affiche, pendant 1 an exactement, puisqu’Angel Heart : aux portes de l’enfer sera ôté de l’affiche du Cinoche à Paris le 6 avril 1987 au matin, avec un total mirobolant de 464 107 spectateurs, soit le 4e meilleur score de l’auteur britannique, après Midnight Express, The Wall, et Fame. A l’échelle nationale, Birdy le devance néanmoins de 200 000 entrées avec 1 520 000 spectateurs contre 1 340 804 pour l’inoubliable cœur d’ange.

Les sorties de la semaine du 8 avril 1987

Les sorties de la semaine du 18 septembre 2019

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Angel Heart, affiche du film d'Alan Parker

© StudioCanal – Illustrateur : Pierre Peyrolle

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Angel Heart, affiche du film d'Alan Parker

Bande-annonce de la reprise de Angel Heart (VOstf)

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