J’ai épousé une ombre : la critique du film (1983)

Drame, Thriller, Mélodrame | 1h50min
Note de la rédaction :
7/10
7
J'ai épouse une ombre, affiche cinéma 1983

  • Réalisateur : Robin Davis
  • Acteurs : Richard Bohringer, Nathalie Baye, Francis Huster, Victoria Abril, Véronique Genest, Guy Tréjan, Madeleine Robinson
  • Date de sortie: 16 Fév 1983
  • Nationalité : Français
  • Titre original : J'ai épousé une ombre
  • Titres alternatifs : I Married a Dead Man (titre international) / Verheiratet mit einem Toten (Allemagne) / A Sombra do Meu Passado (Portugal) / Ho sposato un'ombra (Italie)
  • Année de production : 1983
  • Scénariste(s) : Robin Davis, Patrick Laurent, d'après le roman de William Irish J'ai épousé une ombre
  • Directeur de la photographie : Bernard Zitzermann
  • Compositeur : Philippe Sarde
  • Société(s) de production : Sara Films, TF1
  • Distributeur (1ère sortie) : AMLF
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Vidéo Prestige (VHS, 1983) / Film Office (VHS, 1995) / StudioCanal (DVD, 2001 et 2013)
  • Date de sortie vidéo : 1er octobre 2013 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 2 536 305 entrées / 585 941 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : César 1984 : 1 nomination pour Nathalie Baye (meilleure actrice)
  • Illustrateur / Création graphique : Philippe by Spadem
  • Crédits : © 1983 StudioCanal - TF1 Films Productions
Note des spectateurs :

Beau mélodrame sur fond de thriller, J’ai épousé une ombre s’appuie sur une prestation grandiose de Nathalie Baye, au sommet de son immense talent. Madeleine Robinson lui donne avantageusement la réplique.

Synopsis : Hélène, enceinte, abandonnée par son ami Franck, prend le train. Elle sympathise avec un jeune couple Bertrand et Patricia. Patricia est aussi enceinte et elle se rend dans le Sud pour être présentée à ses beaux-parents. Le train déraille et Hélène se réveille à l’hôpital, elle a accouché d’un petit garçon qui a été déclaré sous le nom de Bertrand.

Un thriller noir qui tire surtout vers le mélodrame

Critique : Considéré comme un cinéaste capable de mener un film vers le succès grâce à La guerre des polices (1979), Robin Davis a ensuite tourné Le choc (1982) qui réunissait Alain Delon et Catherine Deneuve. Toutefois, le long-métrage, très perfectible, a été une déception au box-office. Pas de quoi entamer le potentiel d’un réalisateur qui semble décidément à l’aise dans le polar. Soutenu par le producteur Alain Sarde, Robin Davis choisit de s’emparer d’un roman noir de William Irish (pseudonyme de Cornell Woolrich) intitulé I Married a Dead Man, publié en 1948 aux Etats-Unis et l’année suivante en France sous le titre J’ai épousé une ombre.

J'ai épousé une ombre, jaquette DVD

© 1983 StudioCanal – TF1 Films Productions. Tous droits réservés.

Adapté au contexte français, le roman est donc fortement modifié par Robin Davis et son coscénariste Patrick Laurent, d’autant plus que le livre a déjà fait l’objet d’une adaptation cinématographique aux Etats-Unis. Il s’agissait de Chaînes du destin (Leisen, 1950) avec Barbara Stanwyck, qui s’inscrivait alors pleinement dans la veine du film noir. Comme Robin Davis l’a signalé dans plusieurs entretiens donnés à l’époque, son but était surtout de renforcer l’aspect mélodramatique de l’intrigue. Il avait en fait le désir de s’affranchir du genre du thriller et souhaitait donc surtout mettre l’accent sur les relations entre les personnages. Si suspense il y a, il doit découler de la tension psychologique qui pèse sur les protagonistes.

Nathalie Baye, au sommet de son talent

Débutant dans le Nord industriel français, J’ai épousé une ombre commence effectivement comme un drame classique, avant qu’un terrible accident de train (toujours efficace de nos jours) vienne redistribuer les cartes. Par la magie d’un quiproquo qui serait désormais impossible – mais les tests ADN n’existaient pas en 1983 – la jeune femme abandonnée par l’odieux Richard Bohringer se trouve recueillie par une famille riche du Bordelais. Par la grâce d’une usurpation d’identité – thème décidément central dans la filmographie de Nathalie Baye depuis Le retour de Martin Guerre (Vigne, 1982) – la jeune mère va connaître une promotion sociale fulgurante, tout en découvrant la chaleur d’un foyer aimant. Malheureusement, le passé finit toujours par resurgir et le mensonge initial finira par être éventé.

Fondé sur un postulat de départ hautement improbable, J’ai épousé une ombre a le grand mérite de rendre crédible une intrigue assez fantaisiste. La suspension d’incrédulité fonctionne à plein grâce à l’interprétation grandiose de Nathalie Baye que Robin Davis ne voyait pourtant pas dans le rôle initialement. Convaincu par les capacités d’incarnation de la jeune star du Retour de Martin Guerre (1982) et de La balance (Swaim, 1982), Robin Davis lui offre finalement un rôle en or dont l’actrice s’empare avec un talent fou.

Un film qui fait la part belle aux acteurs, tous formidables

Elle nous fait partager tous les doutes, mais aussi les angoisses et la bonne foi initiale de son personnage par la magie des regards. Alors en pleine ascension avec son César du meilleur second rôle féminin obtenu au printemps 1982 (pour Une étrange affaire) et en attendant son César de la meilleure actrice pour La balance en 1983, Nathalie Baye est clairement au sommet de sa jeune carrière. Dans le même temps, elle fait aussi la une des journaux people depuis qu’elle vit une passion amoureuse avec Johnny Hallyday, qui est d’ailleurs venu à plusieurs reprises sur le tournage du film. Histoire de confirmer cet élan formidable, la jeune star sera encore nommée au César de la meilleure actrice en 1984 pour ce rôle.

J'ai épousé une ombre, pochette 45 Tours

© 1983 Pochette du 45 tours.

Face à l’éblouissante Nathalie Baye, Francis Huster et Richard Bohringer sont tout à fait au niveau, même s’ils demeurent dans leur zone de confort. Ils se font finalement voler la vedette par Madeleine Robinson qui livre une prestation formidable. Sa complicité évidente avec Nathalie Baye fait tout le sel du film et leur numéro de duettistes est pour beaucoup dans le plaisir ressenti lors de la projection.

Un gros succès, largement mérité

Réalisé de manière classique par Robin Davis, sublimé par un très joli thème musical de Philippe Sarde, J’ai épousé une ombre est donc un thriller mélodramatique attachant qui séduit encore de nos jours. A l’époque, il fut un très gros succès avec 2 536 305 entrées sur l’ensemble du territoire français, se hissant à la 17ème place du box-office annuel. Devant le succès obtenu par le long-métrage, Johnny Hallyday est même entré en studio pour enregistrer une chanson éponyme sur la musique de Philippe Sarde et des paroles de Jean-Loup Dabadie. Contrairement au film, la chanson ne fut pas un hit, d’autant qu’elle ne figure pas dans le long-métrage, puisque mise en boîte après sa sortie.

En l’état, J’ai épousé une ombre peut être considéré comme le meilleur film de Robin Davis. Galvanisé par ce beau succès, le réalisateur a obtenu d’Alain Sarde un chèque en blanc pour tourner le projet de son choix. Davis a opté pour Hors-la-loi (1985), film sans vedette qui a permis de révéler Clovis Cornillac, Isabelle Pasco et Wadeck Stanczak, mais a surtout été un gros échec commercial. Mais ceci est une autre histoire…

Note : Si la chanson de Johnny Hallyday n’est pas présente dans le film, les fans des Gipsy Kings pourront retrouver le groupe au cours d’une séquence. A l’époque, le groupe s’appelait encore Los Reyes, mais ils interprètent déjà la chanson Djobi, Djoba qui deviendra un tube seulement en 1988.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 février 1983

Voir le film en VOD

J'ai épousé une ombre affiche 4X3 - film de Robin Davis, avec Nathalie Baye (1983)

© 1983 StudioCanal – TF1 Films Productions / Affiche : Philippe by Spadem. Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti le 16 février 1983 lors d’une semaine chargée, J’ai épousé une ombre a récolté 17 649 spectateurs dès son premier jour parisien, dans 33 salles. Un succès face aux 22 écrans de Verdict de Sidney Lumet avec Paul Newman, des 17 écrans de la comédie gay Partners ou des 15 écrans du 3e épisode de Vendredi 13, Meurtres en 3 dimensions. Le film d’épouvante Phobia était lancé dans 15 cinémas et Cinq jours ce printemps-là de Zinnemann dans un parc de 8 écrans.

En première semaine sur Paris, J’ai épousé une ombre parvient à faire tomber le numéro 1 annuel, Les dieux sont tombés sur la tête qui en était à sa 5e semaine. J’ai épousé une ombre réalise un gros score (159 597 spectateurs). The Verdict est loin derrière avec 79 467. Après le triomphe de La balance, plus rien ne semble arrêter Nathalie Baye, star française de l’année 1983.

Les cinémas en intra-muros diffusant J’ai épousé une ombre étaient le Gaumont Colisée / Richelieu / Gambetta, le Berlitz, le Pathé Wepler / Montparnasse / Victor Hugo / Hautefeuille, le Mistral, le Bienvenue Montparnasse, le Forum Cinéma, le Cluny Palace, le St-Lazare Pasquier, le Lumière, l’Athéna, le Fauvette et le 14 juillet Beaugrenelle.

Pour sa première semaine française, le film engrange 439 000 spectateurs. Il restera deux semaines en tête avant d’être descendu par Rambo. Au total, il restera 7 semaines dans le top 10 français.

Sur Paris-Périphérie, en 2e semaine, il se maintient bien (143 364), puis 84 745 (39 écrans), 55 561, 51 720 (33 écrans), 29 349 (6e semaine, 19 écrans)…

Le film disparaît des écrans parisiens à l’issue de de sa 20e semaine, en plein été, où la Baye attirait encore 879 spectateurs au St-Lazare Pasquier.

Le film sort en VHS chez Vidéo Prestige, distribué par Sara Films, durant l’été et prendra la 2e place des locations mensuelles, demeurant dans le top 20 pendant plus de 5 mois. Un triomphe.

Frédéric Mignard

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