Fanfan la Tulipe : la critique du film (1952)

Aventures, Cape et épée, Comédie | 1h42min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Fanfan la Tulipe, jaquette Mediabook

  • Réalisateur : Christian-Jaque
  • Acteurs : Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Noël Roquevert, Geneviève Page, Henri Rollan, Jean Debucourt, Jean-Marc Tennberg, Jean Parédès, Marcel Herrand, Olivier Hussenot, Lucien Callamand
  • Date de sortie: 20 Mar 1952
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Fanfan la Tulipe
  • Titres alternatifs : Fanfan, der Husar (Allemagne) / Fearless Little Soldier (UK) / Fanfán el invencible (Espagne) / As Aventuras de Fanfan la Tulipe (Portugal) / Fanfan Tulipan (Pologne) / Fanfan, Ridderen af tulipanen (Danemark)
  • Année de production : 1952
  • Scénariste(s) : René Wheeler, René Fallet, Christian-Jaque, Henri Jeanson / Dialogues : Henri Jeanson
  • Directeur de la photographie : Christian Matras
  • Compositeurs : Maurice Thiriet, Georges van Parys
  • Société(s) de production : Les Films Ariane, Filmsonor, Les Films Amato
  • Distributeur (1ère sortie) : Filmsonor
  • Distributeur (reprise) : Les Acacias
  • Date de reprise : 21 mai 2003
  • Éditeur(s) vidéo : Gaumont Columbia (VHS) / RCV (VHS) / Vidéo Collection (VHS) / René Château Vidéo (VHS et DVD, 2000) / Coin de Mire Cinéma (Mediabook, 2021)
  • Date de sortie vidéo : 9 avril 2021 (Mediabook)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 6 726 744 entrées / 1 709 189 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37: 1 / Noir et Blanc (existe également en version colorisée) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 1952 : Prix de la mise en scène / Festival de Berlin 1952 : Ours d'argent
  • Illustrateur / Création graphique : Marcel Jeanne (affiche années 50) / Photographies : Yves et Léo Mirkine (jaquette Mediabook)
  • Crédits : TF1 Studios - Rizzoli.
Note des spectateurs :

Triomphe du cinéma français des années 50, Fanfan la Tulipe est une comédie d’aventures virevoltante et efficace, même si quelque peu vieillie. Gérard Philipe y est resplendissant.

Synopsis : Le sergent recruteur « La franchise » sillonnait la Normandie accompagné de sa fille, la belle Adeline, afin de recruter de nouveaux soldats prêts à aller mourir sur les champs de bataille du roi Louis XV. La tâche s’avérant de plus en plus difficile, ce racoleur avait mis au point un fin stratagème. Adeline, déguisée en bohémienne, arrêtait d’un sourire les garçons et lisait dans leur main une incroyable destinée : ils seraient les meilleurs soldats du royaume et épouseraient l’une des filles du roi. Fanfan la Tulipe, un jeune coq de village, passa par là…

Retour de Fanfan la Tulipe sur les écrans en 1952

Critique : L’origine de Fanfan la Tulipe est à chercher dans les tréfonds de l’histoire du cinéma puisque la première trace du personnage remonte à 1907 avec un court-métrage éponyme d’Alice Guy. Celui-ci fut ensuite développé en long-métrage par le scénariste Pierre-Gilles Veber pour une version muette intitulée Fanfan-la-Tulipe (Leprince, 1925).

Fanfan la Tulipe, détails du Mediabook

© 1952 TF1 Studios – Rizzoli / © 2021 Photos : Yves et Léo Mirkine – Coin de Mire Cinéma. Tous droits réservés.

Largement oubliée, cette version a clairement servi de modèle pour façonner l’intrigue de la version de 1952 qui nous intéresse ici. Pourtant, au générique, aucune mention des créateurs originaux n’est présente. Sont donc crédités ici René Wheeler (scénariste du triomphal La cage aux rossignols en 1945) et le romancier René Fallet qui reprennent donc une intrigue similaire. Il faut ajouter la contribution majeure d’Henri Jeanson pour les dialogues.

Un film commercial faiseur de stars populaires

Pour tourner cette comédie d’aventures, le cinéaste Christian-Jaque était tout désigné, lui qui connaît mieux que quiconque les goûts du public et qui a déjà apporté un triomphe à l’acteur Gérard Philipe avec La Chartreuse de Parme (1948) avec plus de 6 millions d’entrées au compteur. Leurs retrouvailles se font donc sous un jour favorable, d’autant que le long-métrage bénéficie aussi de la présence de la belle Gina Lollobrigida, jeune espoir du cinéma italien qui va connaître son premier vrai succès populaire avec ce Fanfan.

Si Gérard Philipe est déjà une énorme vedette en 1952 grâce à des rôles de jeunes premiers romantiques, il va gagner avec Fanfan la Tulipe ses galons de star populaire, plaisant aussi bien aux femmes qu’aux amateurs de films d’action et aux enfants. Il élargit donc considérablement son auditoire avec ce comédie populaire qui fait preuve de beaucoup d’espièglerie. Il faut dire que le métrage repose vraiment sur ses épaules et sa prestation bondissante et enjouée le place dans la filiation des plus grands héros virevoltants du septième art.

Un discours simpliste, mais déclamé avec brio

Située pendant la guerre de sept ans menée par Louis XV (solide Marcel Herrand), l’intrigue n’a rien de bouleversante, mais suffit à offrir une structure ferme aux aventures du jeune héros écervelé. Porté par un optimisme et une naïveté qui confinent parfois à la bêtise, le jeune Fanfan est persuadé qu’il a l’avenir devant lui. Sa confiance quasiment aveugle en son destin en fait un héros au cœur pur comme on aimait en proposer à l’époque. Face à lui, le monde des puissants est raillé et décrit comme un repaire de cyniques et d’opportunistes. Il ne faut pas chercher ici de grand message, mais les auteurs ont eu à cœur de critiquer les institutions monarchiques, ainsi que l’aveuglement de l’armée.

Fanfan la tulipe, archives cinedweller

© 1952 TF1 Studios – Rizzoli / © 2021 Photos : Yves et Léo Mirkine – Coin de Mire Cinéma. Tous droits réservés.

Christian-Jaque oppose donc de manière simpliste, mais efficace, le bon sens commun face à des élites qui abusent de leurs privilèges. De quoi effectivement flatter le grand public et ainsi le mettre dans sa poche. Toutefois reconnaissons aux auteurs le talent nécessaire pour faire de cette charge un divertissement d’excellente tenue, porté par des dialogues brillants et très littéraires d’Henri Jeanson.

Une mise en scène classique qui sait être efficace

Alors que les affrontements à l’épée ne sont pas toujours réalisés avec le savoir-faire nécessaire par un Christian-Jaque que l’on sent parfois maladroit, on ne peut que saluer l’efficacité redoutable de la dernière demi-heure du film. Enchaînant avec frénésie les scènes d’action, le métrage se termine notamment par une course poursuite endiablée à cheval. Lors de cette séquence impressionnante, Christian-Jaque s’inspire très clairement du cinéma américain et notamment des grandes chevauchées westerniennes de John Ford.

Bien entendu, l’ensemble bénéficie également d’un vrai luxe dans les décors, d’une belle photographie en noir et blanc de Christian Matras (surtout évitez la version colorisée) et d’une musique efficace de Maurice Thiriet et Georges Van Parys. Certes, quelques passages comiques peuvent sembler bien lourds désormais, parfois à la lisière de la caricature, mais Fanfan la Tulipe est suffisamment bien équilibré pour offrir un spectacle complet et toujours revigorant.

Un triomphe au box-office

Présenté avec succès au Festival de Cannes où Christian-Jaque a obtenu le Prix de la mise en scène, puis au Festival de Berlin où le film a glané l’ours d’argent, Fanfan la Tulipe a surtout été un véritable raz-de-marée commercial lors de sa sortie en mars 1952. La comédie d’aventures a ainsi séduit plus de 6,7 millions de spectateurs sur toute la France, lui permettant d’accéder au troisième rang annuel du box-office national derrière Le petit monde de Don Camillo (Duvivier, 1952) et Violettes impériales (Pottier, 1952).

Le succès fut tel que des produits dérivés ont vu le jour, notamment une novélisation du scénario par Georges G. Toudouze et une bande dessinée éponyme écrite par Prado et dessinée par Le Rallic. Sans cesse réédité en VHS et maintes fois rediffusé à la télévision, Fanfan la Tulipe a également fait l’objet d’un remake en 2003 par Gérard Krawczyk, avec Vincent Pérez et Penelope Cruz, nettement moins réussi. Ce fut d’ailleurs l’occasion d’une reprise en salle du film de 1952. Depuis, la comédie toujours populaire a été restaurée en 4K et proposée aux spectateurs dans un beau Mediabook par l’éditeur Coin de Mire Cinéma.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 19 mars 1952

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Fanfan la Tulipe, l'affiche

© 1952 TF1 Studios – Rizzoli / Affiche : Marcel Jeanne. Tous droits réservés.

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Fanfan la Tulipe, jaquette Mediabook

Bande-annonce de Fanfan la Tulipe

Aventures, Cape et épée, Comédie

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