Parmi les plus gros budgets de l’histoire du cinéma français, Astérix aux Jeux Olympiques est une suite plate dans laquelle la débauche d’argent ne comble jamais le déficit d’idées.
Synopsis : Astérix et Obélix devront remporter les Jeux Olympiques, permettre au jeune Gaulois Alafolix d’épouser la Princesse Irina et lutter contre le terrible Brutus, prêt à tous les stratagèmes, pour lui aussi gagner les Jeux Olympiques et se débarrasser de son père : Jules César.
Critique : Toutes les mauvaises raisons pour aller voir un film sont présentes : promo nombriliste, budget indécent (78M€) et chez le spectateur, ce sentiment d’être un laissé-pour-compte de l’art populaire s’il n’a pas vu le dernier mégablockmachinbuster dont tout le monde parle.
Malheureusement, toutes les bonnes raisons pour ne pas y aller collent également à la réputation désastreuse de ce monument de ringardise. Tout d’abord, rarement un scénario aura semblé aussi plat, malgré ses origines dignes dégommée par des adaptateurs en roue libre.
La franchise Astérix & Obélix au cinéma
KO dès le premier round, essoufflé dès la première course, Astérix aux Jeux Olympiques n’est qu’un prétexte à des gags éculés dont on a réduit le nombre pour ne pas perdre le public étranger sous l’avalanche de références comiques françaises. Avec un budget colossal à rembourser, la production doit séduire l’Europe dans son entièreté.
Bref, on se marre peu, voire même jamais si l’on est entré dans l’âge de raison. L’interprétation excessive n’aide pas. La misère autour des personnages d’Astérix et d’Obélix, réduits à de la pure figuration, et le lourd tribut des caméos rendent la caractérisation du film bien indigente, tout ébranle notre joie de voir les plus grands de leur époque se vendre aux plus offrants pour des pacotilles cinématographiques. Heureusement, Poelvoorde en Brutus capricieux et Delon en César imbu de sa personne sauvent de peu la mise. Ils sont les uniques éléments positifs de cette insipide comédie. Le reste n’étant caractérisé que par du tape-à-l’œil douteux (des effets spéciaux numériques omniprésents d’un flou très souvent sidérant) pour nous rappeler que ça a bel et bien coûté cher.
Une production au budget honteux sur laquelle plane une malédiction
Bref, rappelons aux producteurs qui se lanceront dans ce genre de débâcle à l’avenir que l’argent n’est pas la pierre angulaire du bon cinéma. Le désir de plaire, avant le désir de se plaire et pis de se complaire, en offrant des idées généreuses, plus que des effets et un casting m’as-tu-vu, voilà ce que l’on attend d’une bonne comédie populaire. Enfin, merci de ne pas oublier de bien choisir son cinéaste. Car sincèrement, voir Thomas Langmann, dont c’est le premier film, et Frédéric Forestier (Les parrains quand même !) prendre les commandes artistiques d’un projet aussi risqué, cela tient du suicide commercial. La malédiction d’un certain San Antonio, déjà produit par Pathé, se répète encore et encore.
Box-office d’Astérix aux Jeux Olympiques
Avec un budget de 78M€(114M€ à l’époque), Astérix aux Jeux Olympiques est entré dans les annales du cinéma français. Avec son tournage astronomique et des faits divers sur fond de cocaïne et de call-girls qui ont défrayé la chronique, le film voit enfin sa parution un 30 janvier 2008, à une époque de présidence sarkoziste bling bling qui lui donne un air aigre. Exit l’exubérance et la fragrance Canal+ d’Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre (14 400 000 entrées en 2002 !), Astérix aux Jeux Olympiques n’est dévoilé qu’à une poignée de pseudos privilégiés (la presse a détesté) et sort dans un maelstrom médiatique qui essaie d’étouffer les problèmes à la racine, en se fixant sur le come-back d’Alan Delon et un casting hors du commun.
Pas de bol, si le film réalise 6 807 000 spectateurs en France, c’est une déception au vu de son budget et des chiffres grandiloquents de son prédécesseur. L’ouverture gargantuesque (3 007 811 entrées) s’explique par un parc de salles monstrueux, ces troisièmes aventures d’Astérix en prise de vue réelles étant parées d’un circuit XXL de 1 078 écrans.
Dès la première semaine, le divertissement lunaire accuse une baisse de 680 000 entrées par rapport aux 2, malgré un budget en nette hausse de trente millions d’euros. Au moins fait-il partie des rares films à avoir réuni 3 millions de spectateurs en première semaine, avec des classiques comme Star Wars Episode III (3 303 000), Les Bronzés 3 (3 906 000) et surtout Bienvenue chez les Ch’tis qui sortira un mois plus tard, et dont le budget moyen (11M€) accouchera d’un ouragan en première semaine 4 458 000 entrées et d’un total franco-français de 20 487 000 entrées. Les deux films étant distribués par Pathé qui finit l’année 2008 aux deux premières places annuelles, l’ardoise d’Astérix aux Jeux Olympiques est vite effacée. Après tout, le coproduction européenne trouvera tout de même 60M$ de recettes en France et près du double à l’étranger avec dans l’ordre l’Allemagne (13M$), l’Espagne (9M$), la Russie (9M$)… Les chiffres ne sont pas bons, surtout avec les excès promotionnels, mais grâce à Dany Boon, Pathé oubliera vite cette bévue qui embarrassera un autre distributeur en 2012, avec Astérix & Obélix au service de Sa Majesté de Laurent Tirard qui fera basculer Wild Bunch dans une période de troubles financiers.
Quand Pathé se réappropriera la franchise au début des années 2020, avec Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu, la firme française essuiera un nouvel échec, cette fois-ci du haut d’un budget de 65M€.
Les sorties de la semaine du 30 janvier 2008
© Les Editions Albert René Goscinny, © 2007 Pathé Renn Productions, La Petite Reine, TriPicture, Constantin, Novo RPI. All Rights Reserved.
Mots clés
Les films de 2008, Astérix au cinéma, Nanar, Comédies adaptées d’une BD
Biographies+
Clovis Cornillac, Gérard Depardieu, José Garcia, Benoît Poelvoorde, Alain Delon, Franck Dubosc, Bouli Lanners, Elie Semoun, Jean-Pierre Cassel, Jean-Pierre Castaldi, Stéphane Rousseau, Santiago Segura, Alexandre Astier, Sim, Jamel Debbouze