Robert de Niro s’éclate dans une horripilante comédie débridée, qui s’envase dans sa volonté outrancière de pousser le gag toujours au-delà de la bienséance. Le résultat est grotesque.
Synopsis : Alors qu’il est sur le point d’épouser sans conviction la fille de son patron, Jason (Zac Efron), un jeune avocat un peu coincé, se fait embarquer par son grand-père (Robert De Niro) dans un road trip déjanté jusqu’en Floride pour le Spring Break. Personnage haut en couleur et totalement dévergondé, Dick est bien décidé à apprendre à son petit-fils ce que veut dire profiter de la vie …
Critique : Avec plus de 15 films en moins de 6 ans dans les années 2010, Robert de Niro tourne dans à peu près tout ce qu’on lui propose. Dans le domaine de la comédie, l’acteur dramatique devenu aussi comique avec Midnight Run en 1988, puis Mafia blues en 1999, avait su susciter l’adhésion du public, avec notamment le triomphe de Mon beau-père, mes parents et moi (2008). Mais les plus récents L’amour a ses raisons, Un Grand Mariage, Last Vegas ou encore Le Nouveau Stagiaire ont eu raison de notre patience.
Dans Dirty Papy, l’acteur enfilant une fois de plus la vieille peau du grand-père assume un humour trash et outrancier qui ne lui sied pas. Ce faux pas dans un cinéma vérolé où le surjeu du comédien consiste à grimacer énormément, dans des situations à l’esprit très mal placé, est également franchi par Zac Efron, qui fêtait en 2016 les 10 ans de la franchise musicale qui le lança tout pré-ado qu’il était, High School Musical.
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Dirty Papy est acculé par un script 50% con, 50% cul qui ressemble étrangement à celui, plus inoffensif, du Who’s that girl, avec Madonna (la veille de son mariage, un jeune homme rangé est dévoyé par un cyclone humain qui va remettre en question ses engagements, alors que l’amour, le vrai, apparaît sous une forme plus généreuse), que l’on aurait mixé à la sauce Judd Apatow et Paul Feig.
Le divertissement décomplexé est aussi un très proche cousin, sur le mode de la fiction, de Bad Grandpa, avec Johnny Knoxville, autre road movie avec grand-père obscène mais qui s’encanaillait cette fois-ci en utilisant les ficelles de la caméra cachée burlesque.
Dans son association d’acteurs d’horizons différents, le road movie Dirty Papy fait fausse route. La complicité des deux stars, essentielle à la réussite d’un bon buddy movie, pour incarner à l’écran deux personnalités antinomiques, forcées, bon gré mal gré, à la cohabitation, est inexistante. La faute à une direction d’acteurs en roue libre et à une réalisation de téléfilm, signée par un ancien collaborateur de Sacha Baron Cohen. Mais surtout à un script qui aime s’embourber dans les sentiers vaseux d’un type de divertissement gras qui a déjà réussi à Zac Efron (Nos Pires Voisins était assez enthousiasmant).
Ici, le concept abruti échoue littéralement à trouver toute justification récréative dans sa volonté tordue de gonfler ses recettes sur des gags repoussoirs, controversés et effroyablement obscènes.
L’obsession sexuelle tourne à la débauche cabotine. Zac Efron passe un bon quart du film dénudé, à s’adonner à des gags pédo-scato-géronto-zoo-philes, poussé dans ses travers par un De Niro viagralisé, possédé du gourdin, au personnage accablant de débilité. On fera l’économie de mentionner le casting féminin qui manque tout autant de joliesse. La femme n’a pas d’existence propre dans ce film macho que d’aucuns qualifieraient aisément de misogyne voir de masculiniste pour reprendre les termes à la mode, dix ans plus tard.
En gros, ce Spring Break movie, est un vrai cauchemar à Daytona Beach pour reprendre le titre de mauvais augure et tristement visionnaire d’un slasher des années 80.
Box-office de Dirty Papy
En 2017, ce triste sire recevra cinq nominations aux Razzie Awards, dont celle du pire film et du pire acteur pour Robert de Niro.
Au box-office, paré d’un budget moyen de 25M$, Dirty Papy évitera le désastre avec un résultat moyen de 36M$ de recettes. Le bouche-à-oreille ne sera pas catastrophique outre-Atlantique avec des résultats de premier week-end multipliés par 3 et pas moins de trois semaines passées dans le top 10.
A l’échelle mondiale, l’Allemagne et le Royaume-Uni y trouveront matière à rire. La France, en revanche, ne sera que le 9e marché de ce naufrage artistique, avec à peine 220 000 spectateurs qui n’auront pas pu enclencher le bouche-à-oreille du désir.
Dans l’Hexagone, après une sortie catapultée pendant les vacances d’hiver, avec 126 000 entrées en semaine 1, le film est déjà à l’EHPAD en 3e semaine, avec à peine 17 000 pépés graveleux à son bord. Le nanar achève sa carrière éclair en 5e semaine, avec 914 spectateurs. Un rejet évident.
Sorties de la semaine du 3 février 2016
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