Réalisateur et scénariste polonais, Krzysztof Kieślowski est né en 1941 à Varsovie alors occupée par les troupes nazies. Dans son enfance, le petit Krzysztof n’a pas cessé de déménager pour suivre son père tuberculeux de sanatorium en sanatorium. Incapable de trouver sa voie à son adolescence, le jeune homme finit par entrer à l’école de théâtre dont son oncle est le directeur. Il prend goût au spectacle, mais plutôt dans le domaine de la mise en scène qu’il étudie durant les années 60. Puis, il tente d’entrer à plusieurs reprises dans l’École nationale de cinéma de Łódź et y parvient en 1964. Il en sort diplômé en réalisation en 1970.
Krzysztof Kieślowski, un obscur cinéaste de télévision polonais
Dès 1966, il tourne quelques courts-métrages d’études, puis se lance dans la création de longs-métrages documentaires, souvent produits par la télévision. En 1975, il réalise enfin un premier film de fiction pour la télévision intitulé Le personnel (1975), puis enchaîne avec un premier opus cinéma nommé La cicatrice (1976). Mais Krzysztof Kieślowski s’avère bien trop critique envers le système communiste polonais et son téléfilm Le calme (1976) reste interdit de diffusion jusqu’en 1980. Il s’agit d’un premier accroc dans sa carrière.
Après plusieurs travaux documentaires et des nouveaux courts, Kieślowski trouve enfin un écho favorable à l’international avec son film L’amateur (1979) qui présente le destin d’un cinéaste amateur confronté à l’absurdité du système communiste. Le cinéaste confirme sa position grâce à l’excellence du drame intitulé Le hasard (1982) qui modifie son histoire principale en fonction d’un événement central (le héros réussit à prendre son train ou n’y parvient pas). En 1985, il livre avec Sans fin une œuvre acclamée un peu partout et s’impose définitivement comme l’un des meilleurs cinéastes de sa génération.
La révélation internationale grâce au Décalogue
En 1988, Krzysztof Kieślowski entame le tournage de son œuvre-monstre pour la télévision, à savoir Le décalogue (1988), une série de 10 épisodes d’une heure chacun, tous consacrés à l’illustration d’un commandement biblique. L’œuvre est impressionnante et le réalisateur, particulièrement satisfait des épisodes 5 et 6 en livre des versions longues qui sortent dans les salles de cinéma. Il s’agit des deux chefs d’œuvre Tu ne tueras point (1988) et Brève histoire d’amour (1988). A noter que la série a souvent été exploitée en salles en entier après le succès du cinéaste au début des années 90.
La reconnaissance mondiale grâce à ses films français
Après la chute du système communiste, Krzysztof Kieślowski est accueilli à bras ouvert par les producteurs français qui lui permettent de réaliser La double vie de Véronique (1991) qui rencontre un très beau succès en salles avec plus de 500 000 spectateurs. Il révèle au passage l’actrice Irène Jacob. Financé par Marin Karmitz, le réalisateur polonais tourne trois films d’un coup entre 1992 et 1993. Il s’agit de la trilogie Trois couleurs formée par Bleu, Blanc et Rouge.
Le premier, avec Juliette Binoche rencontre le plus beau succès en attirant 1,2 million de spectateurs dans les salles et en gagnant le Lion d’or du Festival de Venise. Les deux autres connaissent des performances moindres, mais qui demeurent très largement favorables. Se déclarant épuisé, Krzysztof Kieślowski annonce qu’il va arrêter le cinéma. En réalité, il prépare déjà une nouvelle trilogie en secret, mais il est victime d’une première crise cardiaque en 1995. Il doit être opéré du cœur en mars 1996, mais il ne survit pas à cette intervention et décède donc à l’âge de 54 ans.
Par la suite, certains de ses scripts non développés ont servi de base à d’autres films comme le très bon Heaven (Tom Tykwer, 2002), L’enfer (Danis Tanovic, 2005) et enfin le moins connu Nadzieja (Stanislaw Mucha, 2007). En fait, il s’agit de longs-métrages adaptés de sa dernière trilogie en préparation intitulée Paradis, Enfer et Purgatoire.
En tout cas, son œuvre lui survit et constitue l’une des plus intenses de la fin du 20ème siècle.