Z : la critique du film (1969)

Drame, Politique, Historique | 2h05min
Note de la rédaction :
9/10
9
Z, l'affiche du Costa-Gavras

Note des spectateurs :

Dénonciation de la dictature sous toutes ses formes, Z demeure la matrice du thriller politique à la française et s’impose comme un monument du film engagé. Indispensable.

Synopsis : Un député progressiste est assassiné dans un pays méditerranéen. Le juge d’instruction s’occupant de l’enquête met en évidence, dans ce crime, la participation de l’armée et de la police.

Costa-Gavras s’attaque à l’affaire Lambrakis

Critique : Après deux films commerciaux plutôt bien reçus (Compartiment tueurs en 1965 et Un homme de trop en 1967), le cinéaste français d’origine grecque Costa-Gavras retourne dans son pays en 1966 et découvre le roman de Vassili Vassilikos intitulé Z (d’après la lettre grecque qui veut dire il est vivant) qui fait alors grand bruit.

Il faut dire que le roman retrace avec beaucoup de brio l’affaire Lambrakis qui a ébranlé la vie politique du pays en 1963. Pour mémoire, ce militant politique de la gauche grecque a tout bonnement été assassiné lors d’un meeting, à la suite d’un complot organisé à la fois par la police et les colonels grecs. Le roman se fait donc l’écho de la situation particulièrement trouble de la Grèce au bord de la dictature (celle-ci est instaurée après le coup d’Etat des colonels du 21 avril 1967).

La matrice du thriller politique à la française

Une fois la dictature en place, le cinéaste revenu en France décide d’adapter le roman avec l’aide de Jorge Semprun afin de témoigner de la violence d’un régime autoritaire qui bafoue le droit des individus et n’hésite pas à éliminer ses opposants.

Pour rendre sa charge encore plus efficace, Costa-Gavras s’entoure de collaborateurs prestigieux (dont le musicien Mikis Theodorakis, justement emprisonné durant cette période), d’un casting comprenant des stars de renom comme Yves Montand et Jean-Louis Trintignant et tourne l’ensemble comme un véritable polar. Avec Z, il importe finalement la forme du thriller politique en France et montre ainsi la voie à toute une génération de cinéastes qui creuseront ce sillon durant les années 70 (Yves Boisset, par exemple, mais aussi Henri Verneuil).

Un jeu de massacre totalement jubilatoire

Remarquable dès les premières minutes, son film instaure une tension extrême et une violence sous-jacente qui ne se relâcheront jamais jusqu’à la dernière seconde. En analysant tous les tenants et les aboutissants d’une affaire d’Etat, Costa-Gavras parvient à cibler tous les travers de la société de son temps, non sans humour. Des chrétiens intolérants, en passant par l’armée opportuniste et aux hommes politiques fantoches, tout le monde en prend pour son grade dans ce jubilatoire jeu de massacre. Toutefois, les compagnons de route de la victime ne sont pas non plus exempts de défauts, notamment lorsqu’ils cherchent à exploiter de façon politique le malheur qui frappe leur camarade sur le point de mourir.

Véritable festival de bons mots et de répliques cinglantes, Z est aussi un impressionnant défilé de tout le gratin du cinéma français de l’époque. Si Yves Montand n’apparaît que fort peu, tout en étant au cœur de l’intrigue, on est totalement séduit par les prestations de Jean-Louis Trintignant, de Jacques Perrin en journaliste aux dents longues ou encore de Charles Denner en farouche militant. Et que dire de Georges Géret, Marcel Bozzuffi ou Jean Bouise, si ce n’est qu’ils apportent un relief incroyable à leurs personnages en seulement quelques plans. La puissance toujours intacte de la mise en scène et la conclusion douce-amère font donc de ce très gros succès du cinéma français un incontournable.

Un triomphe commercial et critique largement mérité

Alors que son sujet pouvait a priori éconduire le grand public, celui-ci a fait un triomphe au long-métrage en le plaçant à la quatrième marche du box-office français de l’année 1969. Pas moins de 3 955 443 spectateurs se sont rués dans les salles obscures, tandis que le film recevait un accueil chaleureux dans les festivals. Rappelons que Z a obtenu deux prix à Cannes (prix du jury et prix d’interprétation pour Trintignant) et qu’il a glané deux Oscars dont celui du meilleur montage et celui du meilleur film en langue étrangère. Autant de récompenses largement méritées pour un chef-d’œuvre indémodable.

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Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 février 1969

Z, l'affiche du Costa-Gavras

© 1969 Reggane Films – Office National pour le Commerce et l’Industrie Cinématographique (ONCIC) / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

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Z, l'affiche du Costa-Gavras

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