Les plus belles années d’une vie : la critique du film (2019)

Drame, Romance | 1h30min
Note de la rédaction :
5/10
5
Les plus belles années d'une vie, affiche

Note des spectateurs :

Les fans de Lelouch seront forcément émus par cette réflexion sur la vieillesse et le temps qui passe mais les limites du film original sont aussi celles de cette suite, superficielle et vaine.

Synopsis : Ils se sont connus voilà bien longtemps. Un homme et une femme, dont l’histoire d’amour fulgurante, inattendue, saisie dans une parenthèse devenue mythique, aura révolutionné notre façon de voir l’amour.
Aujourd’hui, l’ancien pilote de course se perd un peu sur les chemins de sa mémoire. Pour l’aider, son fils va retrouver celle que son père n’a pas su garder mais qu’il évoque sans cesse. Anne va revoir Jean-Louis et reprendre leur histoire où ils l’avaient laissée…

Un film emblématique des qualités et des limites du cinéma de Claude Lelouch

 Critique : Palme d’or du Festival de Cannes 1966 et Oscar du meilleur film en langue étrangère, Un homme est une femme est l’archétype de l’œuvre surestimée en son temps par les récompenses internationales et le public, tout en étant l’objet de critiques excessivement négatives, le film, agréable et aimable, se présentant comme emblématique des qualités et des limites du cinéma de Claude Lelouch. Soyons clair : le réalisateur n’est en rien un grand auteur du cinéma français mais on lui doit d’incontestables réussites ; ses premiers films comme le polar d’auteur L’Amour avec des si ou les succulentes comédies policières que furent La Bonne année ou Roman de gare demeurent des petits bijoux appréciés des cinéphiles comme du public populaire. Une suite, cinquante-trois ans après, du film culte de Lelouch pouvait tout de même légitimement faire peur, d’autant plus que l’épisode Un homme et une femme : Vingt ans déjà (1986) n’avait guère laissé de traces, si ce n’est l’emphase inhérente au cinéaste dans ses plus médiocres productions, depuis Les Uns et les autres jusqu’à La Belle histoire. Aussi, Les Plus belles années d’une vie n’est pas l’horreur que l’on pouvait craindre. Retrouver Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée réunis à l’écran un demi-siècle après le premier opus est forcément émouvant d’autant plus qu’ils portent en eux la mémoire du cinéma des années 60 à 80 (Rohmer ou Truffaut pour l’acteur, Demy ou Bellochio pour l’actrice).

Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée en osmose avec leurs rôles

 

Et à l’instar de David Lynch suivant ses personnages et comédiens dans la série Twin Peaks, ou la franchise Star Wars « ressuscitant » Carrie Fisher ou Mark Hamill, Lelouch parvient à rendre crédible le suivi de Jean-Louis et Anne, d’autant plus que ses deux comédiens sont en osmose complète avec leurs rôles : la décrépitude physique de Jean-Louis Trintignant, l’élégance toujours altière d’Anouk Aimée malgré les rides et le passage des ans ne peuvent laisser indifférents, et l’on appréciera que le cinéaste renonce à ses coquetteries de style. Ainsi, les plans fixes remplacent les zooms et autres mouvements de caméra inutiles propres au réalisateur, et l’austérité du sujet (les ravages de la vieillesse) contraste avec la superficialité des préoccupations lelouchiennes. Et l’on ne peut que reconnaître le plaisir d’entendre à nouveau la partition musicale Chabadabada utilisée maintenant comme leitmotiv de cette réflexion sur le temps qui passe et la mort. La mort ! Le film est imprégné de cette thématique, et la traite plutôt bien, même si la charge émotionnelle est forcément ostensible dès le générique voyant le métrage dédié à Francis Lai (le compositeur fidèle), Pierre Barouh (acteur et parolier) et Samuel Hadida (producteur du présent film).

 Le film cumule les poncifs sur les aléas de l’existence.

 Les Plus belles années d’une vie n’en demeure pas moins superficiel et vain, à l’instar de son modèle originel. Les personnages secondaires sont inodores, à commencer par cette doctoresse de maison de retraite à côté de la plaque (Marianne Denicourt, excellente actrice au demeurant), ou les enfants devenus grands toujours incarnés par Souad Amidou et Antoine Sire. Le film cumule les poncifs sur les aléas de l’existence, et les clins d’œil à l’histoire du cinéma (des photos d’anciennes stars dans la maison de retraite, la référence à Vittorio De Sica comme précurseur supposé de la Nouvelle Vague) demeurent artificiels et stéréotypés. Et sur le thème du vieillissement, il est permis de préférer des œuvres plus subtiles, à l’instar de Place aux jeunes de LeoMcCarey, Voyage à Tokyo de Yasujirō Ozu ou Amour de Michael Haneke. Le film de Claude Lelouch sans être déshonorant demeure donc un objet mineur du septième art.

Critique : Gérard Crespo

Sorties de la semaine du 22 mai 2019

Les plus belles années d'une vie, affiche

Trailers & Vidéos

trailers
x
Les plus belles années d'une vie, affiche

Bande annonce des Plus belles années d'une vie

Drame, Romance

x