Film de commande aux moyens considérables, Week-end à Zuydcoote est une chronique de la débâcle militaire de 1940 doublée d’un hymne à la paix, parfois maladroit dans sa structure.
Synopsis : A Dunkerque, en juin 1940, ses camarades et lui ayant raté l’embarquement pour l’Angleterre au plus fort de la Débâcle, le sergent Julien Maillat, dégoûté et las, rencontre Jeanne, une jeune femme qui refuse de quitter sa maison en ruines. Julien persuade Jeanne de fuir avec lui et dit adieu à ses amis. Une improbable idylle se noue bientôt entre eux.
Week-end à Zuydcoote est l’adaptation du Prix Goncourt de 1949
Critique : En 1940, l’écrivain Robert Merle a vécu le désastre militaire de Dunkerque où les soldats français et britanniques ont cherché à échapper aux forces conquérantes allemandes. Relatant son expérience dans son roman Week-end à Zuydcoote, il décroche en 1949 le prix Goncourt et devient un auteur en vogue. Une quinzaine d’années après, il signe les dialogues de cette adaptation cinématographique confiée au savoir-faire d’Henri Verneuil. Le cinéaste, après avoir tourné bon nombre de comédies fort sympathiques avec Fernandel, s’est effectivement spécialisé dans la réalisation de grosses productions internationales où éclate son talent de conteur et l’efficacité de sa mise en scène, fortement inspirée par les maîtres américains.
Dotée d’un budget conséquent et d’une star de premier plan, cette description de la Débâcle française détonne fortement dans le paysage cinématographique de l’époque, préférant généralement vanter les mérites d’une Résistance parfois totalement idéalisée.
Une reconstitution historique minutieuse
Ici, nous sommes en présence de simples soldats qui essayent par tous les moyens de sauver leur peau alors que se précise l’annonce de la défaite. Entre amitié virile – parfaitement retranscrite – et histoire d’amour impossible – partie plus faible du métrage – Week-end à Zuydcoote est avant tout un magnifique chant pacifiste démontrant l’absurdité d’un tel conflit. La mort frappe au hasard (comme la disparition du personnage superbement interprété par François Périer), suscitant les interrogations religieuses des soldats auquel le curé – impérial Jean-Pierre Marielle – ne peut évidemment pas répondre.
Porté par le jeu convaincant et épuré de Jean-Paul Belmondo et une reconstitution historique minutieuse, ce film de guerre déçoit toutefois par ses incessantes digressions narratives et son manque de structure. D’autant plus dommage que l’image donnée de la guerre est pour le moins audacieuse pour l’époque (le personnage de Pierre Mondy qui préfigure les collaborateurs n’est pas complètement condamnable et tente juste de s’en sortir dans un monde en décomposition). De quoi faire de cette œuvre de commande un honnête divertissement doublé d’un instantané intéressant sur une période finalement peu évoquée.
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Sorties de la semaine du 16 décembre 1964
Illustrateur & affichiste © René Ferracci
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Henri Verneuil, Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Georges Géret, François Périer, Albert Rémy, Marie Dubois, Pierre Mondy, Catherine Spaak, Ronald Howard, Jean-Paul Roussillon, Pierre Vernier, Christian Barbier, Gérard Darrieu, Robert Bazil