Tentacules : la critique du film + le test blu-ray (1977)

Catastrophe, Horreur, Thriller | 1h42min
Note de la rédaction :
3.5/10
3.5
Jaquette, affiche - Tentacules

  • Réalisateur : Ovidio G. Assonitis
  • Acteurs : Henry Fonda, Marc Fiorini, Shelley Winters, Bo Hopkins, Delia Boccardo, John Huston, Sherry Buchanan, Cesare Danova, Claude Akins
  • Date de sortie: 27 Avr 1977
  • Année de production : 1976
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Tentacoli
  • Titres alternatifs : Tentacles (International, USA), Angriff aus der Tiefe (Allemagne), Der Polyp (Allemagne, vidéo), Vangarmen (Pays-Bas), Kæmpeblæksprutten (Danemark), Dödens tentakler (Suède), Tentáculos (Mexique, Amérique du Sud), Tentacole (Roumanie), Macki (Pologne), Der Polyp - Die Bestie mit den Todesarmen (Autriche), Ahtapot (Turquie), Óriáspolip (Hongrie)
  • Réalisateur : Olivier Hellman (pseudonyme de Ovidio G. Assonitis)
  • Scénaristes : Jerome Max, Tito Carpi, Steven W. Carabatsos
  • Monteur : Angelo Curi
  • Directeur de la photographie : Roberto D'Ettorre Piazzoli
  • Compositeur : Stelvio Cipriani
  • Producteur : Enzo Doria
  • Producteurs exécutifs : Samuel Z. Arkoff, Ovidio G. Assonitis, Alfio Caponetto
  • Sociétés de production : Esse Ci Cinematografica
  • Distributeur : Warner Columbia (France), American International Pictures (USA)
  • Editeur vidéo : Gaumont (VHS), Neo Publishing (DVD), Rimini (Combo DVD/Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 10 avril 2006 (DVD, France), 12 juin 2023 (Blu-ray britannique, 88 Films), 3 mai 2024 (DVD/Blu-ray, France)
  • Budget : 750 000$ (selon Wikipedia), 5 000 000$ (selon IMDB Pro)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 610 688 entrées / 103 600 entrées
  • Box-office nord-américain : 3 000 000$
  • Classification / N° de Visa : Interdit aux moins de 13 ans (12 ans depuis 1990) - 47435
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur (Technicolor) / 4-Track Stereo
  • Illustrateur/Création graphique : © Renato Casaro (visuel italien original), Noriyoshi Ohrai (jaquette nippone reproduite en France par Rimini). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Thriller aquatique post Les Dents de la mer, Tentacules vend des noms mâtures mais inefficaces à un public immature venu là pour frissonner entre deux attaques animales qui n’arrivent pas. Poussif, le poulpe géant d’Ovidio Assontis ne trouvera jamais sa place dans l’histoire du cinéma.

Synopsis : Ocean Beach est une station balnéaire américaine, tranquille et familiale. Tout bascule lorsqu’un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs corps sont retrouvés atrocement mutilés. L’enquête met à jour l’existence d’une créature gigantesque et monstrueuse, cachée au fond de l’océan.

Un genre au vent en poulpe

Critique : Souvent assimilée aux productions d’aventures influencées par Jules Verne (20 000 lieues sous les mers, Les 7 cités d’Atlantis), la pieuvre a eu soudainement le vent en poulpe dans les années 70 grâce au tsunami Les dents de la mer. Le classique de Steven Spielberg, sorti en 1976, dépasse les 5 700 000 entrées France et devient cette année-là, le numéro 1 annuel au box-office.

Affiche de Tentatcules

Affiche turque de Tentacules © 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved © Warner Columbia. All Rights Reserved.

Le producteur italien Ovidio Assonitis, jamais le dernier pour sentir le fleuron à exploiter (Le démon aux tripes, en 1974, était un ersatz de L’Exorciste qui avait courroucé Warner), s’engage dès l’été 1976 à réaliser sa version balnéaire pépère de Jaws dans laquelle l’octopus succède au squale, quand d’autres choisissent parallèlement l’épaulard (Orca, de Michael Anderson, produit par Dino de Laurentiis, sort également en 1977).

Sous le pseudo anglo-saxo d’Oliver Hellman, Ovidio Assonitis engage quelques vedettes d’un autre temps comme l’exigeaient les films catastrophes de cette époque, pour vendre un gros budget qu’il n’a pas vraiment. De La Tour infernale à L’aventure du Poséidon, pour les producteurs, il faut des portraits connus en bas de l’affiche pour nourrir l’impression d’une répercussion de la tragédie sur un maximum de personnages, bref, vendre un gros budget et de l’action.

© 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

Faute de Yul Brynner et de John Wayne comme il le souhaitait initialement, Assonitis l’Italien convainc Henry Fonda pour une journée de tournage, au lendemain d’une attaque cardiaque de la star qui la laisse diminuée. Il faut souligner que Fonda tourne dans un peu près tout et n’importe quoi durant cette décennie : La grande bataille de Lenzi, L’inévitable catastrophe d’Irwin Allen, Cité en feu d’Alvin Rakoff, Météore de Ronald Neame… En acceptant d’apposer son nom au générique de Tentacules, il n’est sûrement pas dans l’exigence mais dans la queête de l’immédiateté d’un cachet facile. Il en va de même pour John Huston, réalisateur génialissime mais acteur cachetonneur et alcoolique notoire, ou Shelley Winters aux rondeurs mégères ou grand-mère qui suscitent le souvenir de son succès des années 70, L’aventure du Poséidon. Assonitis, tout jeunot qu’il était, garde un sale souvenir de son appétence pour les jeunes hommes qui l’entouraient sur les tournages.

Tentacules, affiches internationales

© 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

Malgré ses face-à-face avec des visages connus (Bo Hopkins sort des Peckinpah, dont La horde sauvage ; Delia Boccardo et une belle fournée de polizziottesco), la pieuvre tueuse est victime d’une ambition zéro de la part d’un réalisateur opportuniste. En un été lumineux et de chaleur 1976, le réalisateur démolit un scénario déjà bien plat car sans aspérité et sans trop de danger. Il filme mollement des séquences de dialogues fades dont ne ressort qu’un véritable ennui, notamment dans la première heure. Il ne faudra pas trop compter sur les moments épiques d’attaques animales pour relever le niveau tant le paroxysme de l’histoire ne mettra même pas en scène un combat entre l’homme et la bête venue des profondeurs. Relégué au rang de figurants, les personnages, déjà bien inexistants, s’effacent totalement. Assonitis préfère ainsi capter le combat de titans entre “monstres” des océans, puisque des épaulards viennent remettre la nature à sa place en mettant un point final aux assauts de l’invertébré affamé. La scène abrutie renverse l’iconographie cinématographique : l’on ne sauve plus Willy, mais celui-ci vient effectivement sauver nos baigneurs en quête de fonds marins sécures. Orca, qui sortira quelques mois après, viendra avec plus de succès, remettre de la prédation dans toutes ces histoires de bestioles, en y greffant une trame vengeresse qui séduira (un peu) plus.

Souvent égratigné pour sa musique balnéaire sans aucune nuance de bleu (elle est signée Stevio Cipriani, un maître du bis italien des années 70), Tentacules a littéralement été détesté par les critiques, générant moquerie et mépris. Cela s’est retrouvé lors de sa sortie en salle avec une carrière mondiale éclair.

Promotion Rimini de Tentacules

© 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

Box-office de Tentacules

Commercialement, Tentacules a souffert de sa qualité artistique. Lorsqu’il apparaît sur les écrans parisiens, le 27 avril, le thriller aquatique entre en 3e place derrière L’homme qui aimait les femmes (74 162 entrées en première semaine) et Carrie qui célébrait sa seconde semaine en 2e place, avec 60 194 spectateurs. En fait, le sous Jaws profitait d’une très grosse combinaison, avec 23 écrans sur Paris Périphérie. C’est le circuit Paramount qui le diffuse, avec 8 écrans Paramount en intra-muros, accompagnés du Boul Mich, du Max Linder, di Convention St-Charles, et du Passy.

En 4e semaine, Tentacules n’en est plus qu’à 5 844 entrées pour un total de 98 204 entrées. Au final, le poulpe tueur coule à l’issue de sa 6e semaine parisienne, avec  2 831 spectateurs cette semaine-là, pour un total de 103 600 spectateurs.

Sur l’ensemble de la France, la pieuvre fait ce qu’elle peut avec 610 688 amateurs de thrillers aquatiques. Ce n’est pas remarquable puisqu’en Espagne, 1 188 537 spectateurs se repaitront de sa chaire flasque.

La même année, Orca dévorera 1 439 000 spectateurs.

Aussi, c’est au milieu des années 80 que Tentacules essaiera de reprendre le large, près d’une décennie après sa tasse en grand large. Gaumont le propose en VHS et le met ainsi à disposition d’une nouvelle génération qui l’accueillera sans enthousiasme, malgré une réédition dans le cadre d’une collection quelques années plus tard. Tentacules re-émergera également en 2006 sous le format DVD, chez l’éditeur Néo Publishing, qui n’en tirera aucun honneur. En 2024, Rimini l’inclut avec bienveillance dans sa collection Angoisses, en combo DVD/Blu-ray, récupérant ainsi le master étranger de 88 Films. Entre temps, ce sous-genre aquatique a tellement été abîmé par les productions Nu Image dans les années 2000 (les DTV Octopus et Octopus 2: River of Fear, ou encore Mega Shark vs. Giant Octopus) que l’on trouve le Scope et le grain de l’image de Tentacules miraculeux à côté. Avec son allure cinématographique, Tentacules a le style beau du cinéma bis mais également son plus gros défaut, son rythme épuisant de mollesse et d’apathie. Lamberto Bava fera encore pire avec son Apocalypse dans l’océan rouge en 1984.

Au demeurant raté, Tentacules n’a sûrement pas la folie débridée d’Un cri dans l’océan (Deep Rising) de Stephen Sommers, mais possède un charme certain dans sa personnalité bis, plus proche du cinéma mexicain de René Cardona Jr. (Cyclone, Tintorera, Le mystère du Triangle des Bermudes) que d’un produit vidéo des années 2000 comme Kraken, le monstre des profondeurs.

Frédéric Mignard

Affiche française de Tentacules,

© Warner Columbia. All Rights Reserved.

Le test blu-ray de Tentacules

Tentacules est le quatrième film de la collection Angoisses de Rimini Editions en 2024. L’éditeur a par ailleurs annoncé de nouveaux jalons comme Rawhead Rex et Epouvante sur New York parmi ses prochains titres. Objectif de l’éditeur? Faire revivre l’esprit des vidéo-clubs des années 80 à travers un échantillon de séries B sans prétention qui ont nourri la cinéphilie des jeunes amateurs de cinéma de genre pendant une vingtaine d’années.

Packaging & Compléments : 2/ 5

Si l’on retrouve la griffe esthétique de la collection Angoisses désormais riche de 33 titres qui nous est chère (jaquette superbe, digipack en trois volet avec fourreau collector, livret de 24 pages instructif, signé Marc Toullec), on ressort déçu. En cause, l’absence de suppléments audiovisuels, puisqu’en 2023, l’éditeur britannique 88 Films a proposé une édition incluant un commentaire audio, des interviews avec le réalisateur, Roberto D’Ettorre Piazzoli, Nicoletta Ercole, Luigi Cozzi, Alvaro Passeri, une bande-annonce et un générique américain alternatif… Forcément, on est frustré.

Tentacules en blu-ray chez Rimini, packaging collector

Tentacules en blu-ray chez Rimini, packaging collector – Graphisme : Koemzo Artwork. © 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

Image : 4.5 / 5

Dans cette édition combo DVD/Blu-ray, il faut se précipiter sur la galette HD dont le master est à la hauteur des attentes. Un scope de toute beauté, baignant dans une lumière et des couleurs chatoyantes. Cette copie apporte un éclairage remarquable aux différents plans qui composent l’image. La profondeur est sublimée par ce master propre.

Son : 3.5 / 5

Rimini a retrouvé la version française utilisée en salle, VHS et DVD chez Néo Publishing. Elle est plutôt de bonne facture mais manque d’ingrédients sonores pour nous sortir de notre torpeur inhérente au rythme du film.

Contrairement lors du visionnage des précédentes éditions made in France, on peut enfin profiter de la version originale en anglais. En effet, en 2006, Néo Publishing avait privilégié le doublage italien que l’on retrouve ici également en Mono DTS HD, mais que l’on a volontiers laissé de côté car n’étant pas la piste originale.

La piste anglaise Mono DTS HD Master audio est très bonne car elle insuffle une certaine dynamique et du relief en jouant sur l’environnement sonore et la réalité musicale très présente.

Frédéric Mignard

Promotion Rimini de Tentacules

© 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

Biographies +

Ovidio G. Assonitis, Henry Fonda, Marc Fiorini, Shelley Winters, Bo Hopkins, Delia Boccardo, John Huston, Sherry Buchanan, Cesare Danova, Claude Akins

Mots clés 

Les animaux tueursLes pieuvres au cinémaFilms d’horreur des années 70Collection Angoisses de RiminiLes films de 1977Cinéma italienInterdit aux moins de 12 ansNanar, Cinéma bis italien, Epouvante horreur

Tentacules, jaquette dvd rimini

Visuel Rimini de Tentacules adapté de l’affiche japonaise de Noriyoshi Ohrai © 1976. A. Esse Cinematografica and American International Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

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