Premier film de Martin Bourboulon, Maman ou maman est l’une des comédies phénomènes des années 2010. Cette version française de La Guerre des Rose, le film de DeVito, revu et corrigé par les auteurs du Prénom, au scénario et au dialogue, est tordante, sans être vraiment caustique.
Synopsis : Florence et Vincent Leroy ont tout réussi. Leurs métiers, leur mariage, leurs enfants. Et aujourd’hui, c’est leur divorce qu’ils veulent réussir. Mais quand ils reçoivent simultanément la promotion dont ils ont toujours rêvée, leur vie de couple vire au cauchemar. Dès lors, plus de quartier, les ex-époux modèles se déclarent la guerre : et ils vont tout faire pour NE PAS avoir la garde des enfants.
Après Le prénom, voici Le divorce…
Critique : Papa ou maman, comédie digne sur des parents indignes ? C’est à peu près cela.
Après un détour raté dans le thriller (Un illustre inconnu), le duo Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, reviennent au script humoristique tranchant qui a fait leur renommée. Ce sont les auteurs du Prénom, qui se faisaient un malin plaisir à détricoter le milieu bobo parisien, qui sont donc les auteurs de ce nouveau moment d’humour croustillant. Cette fois-ci, ils placent sous leur scalpel un couple de quadra qui s’apprêtait à vivre la séparation parfaite, en bons amis, sans cris et fracas. Mais c’était avant la promotion professionnelle à l’étranger de l’un et les petites coucheries dans l’entrejambe de l’infirmière plus jeune de l’autre…
La guerre est déclarée
Il va falloir désormais se partager les gosses, deux adolescents insupportables, et un troisième mioche pas mieux élevé, pis, essayer même de les envoyer faire leur puberté chez l’autre, coûte que coûte, au risque de se faire haïr par sa propre progéniture, pour pouvoir poursuivre sa petite vie professionnelle pépère, sans le boulet que sont ces mômes toujours présentés de façon très antipathique, entre grossièretés plein la bouche et téléphones portables scotchés aux mains.
Après l’amour surgit logiquement des sentiments de haine d’une nature belliqueuse, la guerre est donc déclarée et dans ce domaine, Danny deVito avait montré la voie en réalisant, en 1989, un beau pamphlet contre le couple. Le virulent La Guerre des Rose déchaînait Michael Douglas et Kathleen Turner, l’un contre l’autre, dans une sorte de Kramer contre Kramer à l’humour noir où le divorce conduisait à des sommets d’ignominie. Avec Papa ou maman, on n’en est pas là – Laurent Lafitte n’a pas la verve d’un Michael Douglas et Marina Foïs la démesure d’une Turner sortie de ses gonds (quoique) -, mais faute d’un humour caustique et dévastateur, la nouvelle comédie des auteurs du Prénom, dépote quand même.
Une comédie jubilatoire
Entre ton doux dingue et complicité acharnée, le couple Lafitte-Foïs intègre aisément la carapace jubilatoire de parents indignes, sans scrupules quand il s’agit de repousser leur engeance vers l’autre, en lui faisant subir une litanie de vacheries dont la bande annonce révèle quelques exploits, sans tarir le film de ses surprises. Les dialogues sont mesquins et les bons coups sont dispensés avec une certaine cruauté, sans tomber dans le politiquement incorrect qui rendrait ce couple infréquentable et écarterait ainsi le grand public de leur chemin.
Divertissement du dialogue vachard, qui aime les situations de crise, Papa ou maman, Prix du Public à l’Alpe d’Huez, est de la race des comédies bougresses qui savent exploiter leur potentiel comique jusqu’au bout et nous réconcilie donc avec le genre.
Marina Foïs et Laurent Lafitte au plus fort de leur box-office
Le ton de l’impertinence a fonctionné au-delà des espérances pour Pathé. Le premier film de Martin Bourboulon approchera les 2 900 000 spectateurs en France, en 2015, profitant magnifiquement des vacances d’hiver. Marina Foïs, habituée à des films à 2 millions d’entrées et plus dans le collectif (Polisse, La Tour Montparnasse infernale, Astérix & Obélix : Mission Cléôpatre, Le Grand bain) ou les franchises pour enfants (Boule et Bill), y trouve son plus grand succès personnel. Quant à Laurent Lafitte, seuls Les rivières pourpres dans lequel il avait un petit rôle (3 255 184 entrées) et les films de Guillaume Canet Ne le dis à personne (3 111 809 entrées) et Les petits mouchoirs (5 457 276 entrées) feront mieux dans une carrière pourtant prestigieuse.
Bourboulon ne réitèrera pas le succès avec Papa ou maman 2, suite bâclée sortie en décembre 2016, 20 mois plus tard, puisque la baisse de fréquentation entre les deux films avoisinera les 60% (1 367 860 spectateurs pour ). Le cinéaste continuera à travailler régulièrement pour Pathé sur des œuvres encore plus ambitieuses, puisqu’il sera mis aux commandes du biopic Eiffel avec Romain Duris (23 400 000 euros) et les deux premiers volets des Trois Mousquetaires (D’Artagnan et Milady, aux budgets combinés de 72 000 000 d’euros).
Papa ou maman, un carton en salle, une série et des remakes
Papa ou maman réalisera une carrière française exceptionnelle dans un circuit de 534 écrans en première semaine qui gonflera pour atteindre 693 sites en 5e semaines. Après une première semaine à 757 255 parents déprimés, le déclin sera léger puisque le film passera sept semaines au-dessus des 100 000 entrées. La seconde semaine fut même excellente (687 233 entrées) et la troisième très solide (496 380).
Après une année 2014 record pour le cinéma français (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, La Famille Bélier, Supercondriaque, Lucy, Samba, Astérix le domaine des dieux...), Papa ou maman est devenu en 2015 le 4e plus gros succès made in France et même le premier film français qui n’était pas une suite (Les nouvelles aventures d’Aladin, Les Profs 2 et Babysitting 2 l’ont précédé avec respectivement 4.4 , 3.5 et 3.2 millions d’entrées.
Au 31 décembre 2015, Papa ou maman exultait paisiblement en 14e position annuelle, devant des comédies comme Bis (1 500 000), Connasse princesse des coeurs (1 199 000), Le grand partage (1 170 000), Marguerite (1 065 000), Une heure de tranquillité (1 039 000)…
Depuis, outre la suite improvisée pour 2016, Papa ou maman a donné naissance à une série télévisée en 2018 et trois remakes en Europe (Allemagne, Italie, Espagne). Le concept a été unanimement salué.
Biographies +
Martin Bourboulon, Laurent Lafitte, Michaël Abiteboul, Judith El Zein, Marina Foïs, Michel Vuillermoz, Vanessa Guide, Anne Le Ny, Yannick Choirat, Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Alexandre de la Patellière, Matthieu Delaporte, Achille Potier
Les sorties de la semaine du 4 février 2015
Design : Le Cercle Noir pour Silenzio – Photo : Thibault Grabherr © 2014 Chapter 2, Pathé Production, M6 Films, Jouror Films; Fargo Films, Loma Nasha. Tous droits réservés.
Test blu-ray
Avec plus de 2.8 millions d’entrées et une 6e place annuelle au box-office, pour les six premiers mois de 2015, Papa ou maman a été un sacré succès. On attendait donc l’édition blu-ray avec une certaine impatience.
L’édition est expéditive en bonus, mais techniquement aux petits oignons !
Compléments : 1.5 / 5
Rien d’essentiel dans les bonus, un making-of de plus de 20mn adhère à la vision du réalisateur et des acteurs. Peu de spontanéité, beaucoup de redondances… Le module Papa, d’une trentaine de secondes, et Maman, qui atteint quasiment la minute, démontre le manque d’inventivité de cette rubrique Compléments, qui n’est pas là pour offrir scènes supplémentaires, bêtisiers burlesques… On reste toujours à la surface.
Image : 4.5 / 5
Avec sa texture de toute beauté, l’image atteint une forme de perfection, elle épouse toutes les caractéristiques attendues d’un blu-ray haut de gamme, dans la restitution des détails, de couleurs épanouies… Les noirs sont approfondis, l’arrière-plan aussi. Un délice visuel, d’autant que la réalisation et la photographie imposent un point de vue de cinéma.
Son : 4.5 / 5
Le DTS HD Master Audio ne pâtit pas ici du genre comique, pourtant généralement moins prompt à nous en mettre plein les oreilles. Cette fois-ci, le son, en 5.1, est gratifié d’une ampleur vocale, musicale et sonore qui mérite largement l’investissement du support HD, dès la première séquence qui donne un rôle primordial à un tube en fond sonore assez tonitruant.
