Une comédie pataude qui nous ressert pour Noël la sempiternelle soupe à la grimace, lors d’un grand bal populaire où se mélangent clichés et caricatures dans une orgie de stéréotypes franchouillards. Valérie Bonneton est la seule à sauver l’ensemble du fiasco.
Synopsis : Un hiver pire que jamais. Le gouvernement publie un décret obligeant les citoyens français les mieux logés à accueillir chez eux pendant la vague de froid leurs concitoyens en situation précaire. A l’heure du Grand Partage, un vent de panique s’installe à tous les étages dans un immeuble très chic de la capitale.
Critique : Hiver infernal, mesure politique de Gauche monumentale : les appartements des nantis sont réquisitionnés pour accueillir des précaires. Gare à la cohabitation qui révolutionne toute la France, et en particulier les beaux quartiers où l’on multiplie les ruses pour ne pas hériter du lourd fardeau de la misère à domicile.
Le pitch social est séduisant, alors que le décor s’intéresse à un immeuble bourgeois que l’on imagine situé du côté de Passy. Chic, on va rire? Pas vraiment. Les stéréotypes et autres bons sentiments vont vite avoir raison de la bonne humeur.
Jadis inspirée par les situations iconoclastes mettant en scène des personnages bourgeois qu’elle aimait faire voler en éclats (dans Le Prix à Payer et Les sœurs fâchées, notamment), Alexandra Leclère collabore cette fois-ci avec les mauvais rouages de la comédie hexagonale. Film de cohabitation -gauche (caviar)-droite, bobo-bourgeois, précarité-richesse-, son dernier opus est beauf, indigne d’un divertissement de boulevard dont on reconnaît quelques figures archétypales, comme la concierge nauséabonde, forcément raciste, son chat s’appelle d’ailleurs Jean-Marie (Balasko), la bourgeoise au foyer frustrée, qui s’excite toute seule devant un documentaire sur la vie conjugale (Karin Viard dans un rôle ingrat), ou la bonne antillaise (à lire dans les deux sens du mot “bonne”) au caractère bien trempé (Firmine Richard). Sans oublier l’odieux patriarche friqué (Didier Bourdon) qui va toutefois renier ses préjugés en hébergeant contre sa volonté une sans-abris illuminée, habitée par la truculence.
Patrick Chesnais, Anémone, Jackie Berroyer et Michel Vuillermoz sont les autres acteurs de cette farce convenue où seule Valérie Bonneton, possédée par les contradictions de son personnage de militante de gauche, pourtant dans le refus catégorique du “grand partage”, assène à son personnage suffisamment de méchanceté et d’aigreur pour réellement nous dérider le temps de quelques scènes effectivement amusantes. Pour le reste, on n’évoquera pas de “partage”, mais bel et bien de “déballage” de caricatures, à l’instar de quelques naufrages français récents comme Chic !, Une heure de tranquilité ou encore Nos Femmes.