La 6e incarnation de Tom Cruise dans la peau de Ethan Hunt s’immortalise au firmament du cinéma d’action. Mission: Impossible Fallout s’inscrit parmi les œuvres les plus spectaculaires et intenses jamais tournées, avec le ton spectral de Skyfall et l’intensité paroxysmique du cinéma de Christopher Nolan. Dans son genre, une forme de chef-d’œuvre.
Synopsis : Les meilleures intentions finissent souvent par se retourner contre vous…
Ethan Hunt accompagné de son équipe de l’IMF – Impossible Mission Force et de quelques fidèles alliées sont lancés dans une course contre la montre, suite au terrible échec d’une mission.
La critique de Mission: Impossible Dead Reckoning Partie 1
Critique : Et de 6… En un peu moins de vingt ans, Tom Cruise a pris pas mal de coups au box-office ; il a notamment vu sa personnalité raillée dans les médias, et son immense popularité chuter aux USA. Cette déstabilisation de son ego atypique, bâti sur un goût pour l’éternelle juvénilité (lissage Photoshop des images de ses apparitions à l’écran et autres artifices) a coïncidé avec l’avènement d’une nouvelle génération connue pour son goût du grand balayage. Elle a fait le ménage quant aux héros des années 80, pour embrasser la culture des super-héros en série et des œuvres complexes de Nolan et de Villeneuve, une orientation qui a beaucoup contribué à ringardiser un acteur dont l’étiquette de star était surtout sauvée par son incroyable attraction auprès du public international, et grâce aux occurrences toujours réussies de Mission : Impossible.
Depuis l’épatant Ghost Protocol de Brad Bird, et Rogue Nation de Christopher McQuarrie, Cruise embrassait davantage l’idée de ne pas être le seul intérêt du film, puisque sa team et autres femmes fatales étaient plus que jamais mises en avant (on ne se souvient guère d’Emmanuelle Béart dans le premier film, tourné par Brian De Palma, quand la prestation de Léa Seydoux paraît davantage gravée dans le marbre). Ce concept fondateur de la série télé a dû être accentué pour répondre aux tendances d’une époque où Fast and Furious, autres bulldozers populaires, s’appropriaient évidemment l’attention des jeunes, public que le beau Tom n’a jamais cessé de courtiser sans jamais oublier les fans de la première heure.
Mission: Impossible Fallout ou comment déringardiser Tom Cruise
La flamme éternelle pour l’acteur se devait de briller au firmament en cette fin de décennie avec le sixième Mission : Impossible, qui efface en 2h25 les faux pas de Jack Reacher 2, La Momie et l’excentrique Barry Seal : American Traffic qui l’avait écarté des sempiternels blockbusters musclés pour un biopic azimuté, un peu dingue dans sa filmographie.
Mission: Impossible Fallout a réponse à tout et mouche tous les détracteurs. Tom Cruise y est certes toujours trop beau pour son âge, mais il réussit des exploits de cascade qui renvoient absolument tous les jeunes acteurs et stars de films superhéroïques au bac à sable. Cruise charismatique, irradiant l’écran, commet l’impossible -,puisque telle est sa mission -, le vertigineux (l’on ne vous évoquera ni les records établis ni les détails des chiffres monstres qui ont permis au casse-cou de mettre Paris à feu et à sang, tellement cet argument marketing, imparable à l’écran, aura été répété) ; en fait le quinquagénaire se défausse de toute concurrence dans le cinéma d’action. Exit les vieilles gloires brutes des années 80 (Stallone & co) et les effets pyrotechniques des Fast & Furious – pourtant excellents depuis le numéro 4 -, on n’évoquera même jamais dans la compétition l’actuel champion de Hollywood, Dwayne Johnson, dont la vision de l’action bon marché est aux antipodes de Fallout.
© 2018 Paramount Pictures
Le Cruise de 2008 vient inoculer le frisson d’angoisse, de stress bienheureux, au gré d’incessantes péripéties de haut vol qui détrônent pour beaucoup la déjà mythique séquence de Dubaï, au sommet du Burj Khalifa. A moto dans Paris ou en hélicoptère au-dessus de crêtes montagneuses mortelles, au sens premier, l’acteur impose son goût du risque, ne prenant jamais pour acquis son salaire. Son patron, après tout, c’est le spectateur et, à ce dernier, il ne lui offre pas le goût de la surenchère numérique lambda pour fanboys, mais des exploits d’homme devenu héros au sens digne du mot, tant le véhicule Cruise semble prêt à sacrifier sa propre vie pour partager son adrénaline avec le public.
Aussi comparer Fallout à Avengers 3 serait une ineptie que l’on ne fera pas : tout cette nouvelle fiction d’espionnage écrasant par sa densité, son réalisme et son intensité, les feux d’artifices de tous les Marvel.
Cruise – qui contrôle tout -, a surtout concocté avec M:I 6 un spectacle d’action total, où le pluriel lui va si bien. L’égo de Tom a ainsi de nouveau fait confiance à son acolyte cinéaste, Christopher McQuarrie, et à sa crew à l’humour irrésistible, Simon Pegg et Ving Rhames, toujours plus présents, charismatiques et surtout essentiels à la synergie de l’œuvre. Le casting féminin, dominé par Rebecca Ferguson, mais aussi hanté par la présence sensuelle de vamp de Vanessa Kirby (formidable séquence dans le Grand Palais, à Paris), y est pour beaucoup, notamment dans l’épaisseur psychologique du film.
Le Skyfall de la saga Mission: Impossible
Amitié, amour… L’heure des choix est venue pour Ethan Hunt, contraint de choisir entre la perte de l’être aimé ou celle d’une partie de l’humanité. Un dilemme récurrent qui revêt l’œuvre d’une noirceur que ne connaissaient pas les autres films de la saga. Il s’agit pour Cruise, d’une certaine manière, de régler ses comptes avec l’agent 007 et les morceaux sombres de Nolan, puisqu’évidemment, on pensera beaucoup au summum que représenta Skyfall, pour l’agent britannique, tandis que dans le sens du montage et l’incroyable force expiatoire de la musique qui se construit souvent comme un effroyable crescendo à la Dunkerque, il est impossible de ne pas se remémorer l’épatante influence du réalisateur de The Dark Knight.
Grande révélation de cette apothéose d’un cinéma d’action intelligent, collectif et TTBM, le réalisateur Christopher McQuarrie s’impose de son côté comme la nouvelle force d’un cinéma américain où l’on peut encore parfois aller voir une œuvre pour son réalisateur. Spielberg, Brad Bird, Villeneuve, Nolan, font partie de ses rares auteurs. McQuarrie vient de les rejoindre.
On ne diminuera pas son plaisir, en se disant, après coup, que ce n’était qu’un excellent divertissement. Mission : Impossible est ce que l’on verra de mieux dans le cinéma d’action en 2018, et mérite donc largement cette note rarement usitée pour pareil genre, un pur quatre étoiles…
Sortie de la semaine du 1er août 2018
La critique de Mission: Impossible Dead Reckoning Partie 1
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Biographies +
Christopher McQuarrie, Tom Cruise, Rebecca Ferguson, Henry Cavill, Simon Pegg, Alec Baldwin, Vanessa Kirby, Angela Bassett, Ving Rhames, Frederick Schmidt