Si L’express du colonel von Ryan se maintient sur les rails d’un classicisme un brin conventionnel, il n’en propose pas moins un voyage agréable de bout en bout.
Synopsis : Son avion abattu au-dessus de l’Italie quelques semaines avant l’attaque des alliés, l’aviateur Joseph Ryan se retrouve dans un camp de prisonniers de guerre. Surnommé ironiquement Von Ryan à cause de son empressement à suivre les règles, il imagine bientôt un stupéfiant plan d’évasion…
L’express du colonel von Ryan surfe sur la mode du film d’évasion
Critique : Après un léger déclin au box-office mondial, le film de guerre est à nouveau à la mode en ce début des années 60 grâce au succès impressionnant de quelques œuvres spectaculaires qui ont su attirer les foules dans les salles obscures malgré la concurrence acharnée de la petite lucarne. Le film de commando a trouvé son mètre-étalon avec Les canons de Navarone (Jack Lee Thompson, 1961), tandis que la thématique de l’évasion d’un camp de prisonnier a connu un triomphe absolu avec La grande évasion (John Sturges, 1963). Il n’en fallait pas davantage pour que les producteurs se lancent à corps perdu dans l’aventure avec des scénarios de plus en plus fantaisistes où la crédibilité historique compte moins que la dose de spectaculaire nécessaire pour faire un carton au box-office.
© 1965 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.
Cinéaste qui fut en son temps anticonformiste (dans les années 50, notamment), Mark Robson s’empare d’un livre de David Westheimer pour signer un classique film d’évasion de prisonniers américains, anglais et italiens à bord d’un train. Plutôt fidèle, le scénario suit assez scrupuleusement le roman sauf à la toute fin puisque Frank Sinatra a souhaité la disparition de son personnage pour empêcher toute possibilité de suite.
Une intrigue rocambolesque, mais menée pied au plancher
Conçu comme une photocopie des derniers grands succès en date, L’express du colonel von Ryan commence comme Le pont de la rivière Kwaï (David Lean, 1957) en décrivant par le menu la vie des prisonniers dans un camp fasciste. Entre trahisons, espoirs d’évasion déçus et sévices corporels, tout y passe. On nage ici dans les conventions du genre, avant que le film change brusquement d’aiguillage et se transforme en une équipée sauvage à bord d’un train nazi.
© 1965 Twentieth Century Fox / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.
Dès lors, le cinéaste se charge d’alimenter son intrigue de rebondissements tous plus absurdes les uns que les autres. Toutefois, malgré l’aspect rocambolesque de l’intrigue, le spectateur reste accroché à son siège par la maîtrise réelle du réalisateur en matière d’action. Grâce à des effets spéciaux plutôt réussis (les nombreuses transparences passent plutôt bien) et une caméra qui sait toujours être au bon endroit, Robson emballe un divertissement tout à fait honorable, à défaut d’être original.
Un gros succès en son temps
Il est aidé par un Frank Sinatra crédible en meneur d’hommes et un Trevor Howard qui cabotine avec une certaine jubilation. Certes, il manque sans doute à cet express une scène vraiment mémorable pour rester dans les annales du genre, mais l’ensemble se regarde encore aujourd’hui avec un plaisir non dissimulé.
© 1965 Twentieth Century Fox. Tous droits réservés.
Le succès fut d’ailleurs conséquent dans le monde entier. Ainsi, aux Etats-Unis, le film de guerre s’est classé à la 10ème place annuelle avec un total de 17,1 M$ (soit 163,8 M$ au cours de 2023). Pour la France, le long-métrage s’est classé à la quinzième marche du podium de l’année 1965 avec 1 919 437 entrées, soit le film de guerre le plus vu cette année-là dans l’Hexagone. Depuis cette époque, le long-métrage a régulièrement fait l’objet d’une exploitation en support physique, tout en étant systématiquement rediffusé à la télévision. Preuve d’une certaine popularité auprès d’un public de vieux cinéphiles.
Critique de Virgile Dumez
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© 1965 Twentieth Century Fox / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.
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Mark Robson, James Brolin, Paul Muller, Trevor Howard, Frank Sinatra, Wolfgang Preiss, Adolfo Celi, William Berger, Sergio Fantoni, Brad Dexter, John Van Dreelen, John Leyton, James Sikking, Raffaella Carrà
Mots clés
La Seconde Guerre mondiale au cinéma, Les évasions au cinéma, Les Oscars 1966