Le seul témoin (Narrow Margin) : la critique du film (1991)

Policier, Thriller | 1h37min
Note de la rédaction :
6/10
6
Le seul témoin, l'affiche

  • Réalisateur : Peter Hyams
  • Acteurs : Gene Hackman, M. Emmet Walsh, J.T. Walsh, Anne Archer, James Sikking, Harris Yulin
  • Date de sortie: 09 Jan 1991
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Narrow Margin
  • Titres alternatifs : Narrow Margin (titre vidéo français 2023) / Testigo accidental (Espagne) / O Expresso dos Malditos (Portugal) / Niewygodny świadek (Pologne) / En hårsbredd fra døden (Norvège) / Rischio totale (Italie) / Hajszál híján (Hongrie) / 12 Stunden Angst (Allemagne) / De Frente para o Perigo (Brésil)
  • Année de production : 1990
  • Scénaristes : Peter Hyams, Martin Goldsmith, Jack Leonard, Earl Felton
  • Directeur de la photographie : Peter Hyams
  • Compositeur : Bruce Broughton
  • Société(s) de production : Carolco Pictures
  • Distributeur : AMLF (France) / TriStar Pictures
  • Éditeur(s) vidéo : Delta Vidéo (VHS, 1991) / Studiocanal (DVD et blu-ray, 2023)
  • Dates de sortie vidéo : 1991 (VHS) / 25 janvier 2023 (DVD et blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 44 917 entrées / 22 761 entrées
  • Box-office nord-américain : 10 873 237 $ (soit 24,1 M$ au cours de 2023)
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39: 1 / Couleurs / Son : Dolby SR
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : ARP (affiche 1991)
  • Crédits : StudioCanal
Note des spectateurs :

Le seul témoin (Narrow Margin) est le remake solide d’une série B des années 50, porté par la réalisation efficace de Peter Hyams. L’ensemble s’avère divertissant, sans être exceptionnel pour autant.

Synopsis : Robert Caulfield, district attorney de Los Angeles, a commis une erreur. Depuis quelque temps, il tenait à l’abri Carol Hunnicut, témoin capital dans une affaire de meurtre. Et ce jour-là, il lui a rendu visite dans sa cachette, un chalet isolé du Canada, sans prendre de précautions. Or il a été suivi. Robert et Carol doivent fuir. Ils se cachent dans un train : direction Vancouver. Mais la mafia est à leurs trousses.

Le seul témoin, un remake pour se remettre sur les rails

Critique : Lorsque les années 80 s’achèvent, le réalisateur Peter Hyams est au plus mal car il vient d’enchaîner plusieurs déceptions au box-office. Ainsi, Deux flics à Chicago (1986) n’a pas laissé de souvenir impérissable, tandis que Presidio, base militaire, San Francisco (1988) fait partie des plus gros échecs de Sean Connery durant les années 80. Pour se remettre sur les rails, Peter Hyams choisit de se livrer à l’exercice délicat du remake. Dans le catalogue de films disponibles, il opte pour L’énigme du Chicago Express, une petite série B tournée par le grand Richard Fleischer en 1952.

Si le long-métrage de la RKO a ses fans parmi les cinéphiles les plus pointus, l’idée d’en livrer une nouvelle version en 1990 n’est pas incongrue. Ainsi, Peter Hyams s’est lancé à corps perdu dans la conception d’un remake de Narrow Margin qui deviendra à sa sortie française Le seul témoin. Pour porter ce projet tourné en grande partie en Colombie-Britannique au Canada, le cinéaste a convaincu le vétéran Gene Hackman d’être le héros d’un film d’action où il serait contraint de donner de sa personne. Il est ici secondé par Anne Archer qui était alors une actrice en vogue, grâce notamment au succès de Liaison fatale (Lyne, 1987). Enfin, Peter Hyams a convoqué pour l’occasion un combo gagnant de seconds couteaux typiques des années 80 comme J.T. Walsh, M. Emmet Walsh – aucun lien de parenté entre les deux – ou encore Harris Yulin en mafieux redoutable.

Le seul témoin en VHS chez Delta Vidéo

VHS française, éditeur Delta Vidéo © 1990 Carolco Pictures – StudioCanal

Un divertissement qui tient la distance

Débutant sur les chapeaux de roues, Le seul témoin établit les bases de son intrigue en seulement quelques minutes. Le spectateur ne sera pas dépaysé puisqu’il s’agit d’une classique histoire de témoin qui ne se trouve pas au bon endroit au bon moment et qui se retrouve traqué par un réseau mafieux. Dans le genre, on a déjà eu droit à des tonnes de spectacles similaires, dont le récent Midnight Run (Brest, 1988) qui s’orientait toutefois davantage vers la comédie, alors que Peter Hyams choisit clairement le premier degré.

Après une très efficace course poursuite entre un hélicoptère de la mafia et la voiture des héros lancée à vive allure en pleine forêt canadienne, les auteurs enferment les protagonistes dans un train pour la durée complète du film. Dès lors, Peter Hyams orchestre une partie de cache-cache plutôt correcte entre le couple traqué et les exécuteurs des basses œuvres de la mafia. Le réalisateur investit tous les espaces du train à l’aide d’une caméra très mobile qui fait fi des contraintes d’étroitesse. Il utilise tous les lieux emblématiques de ce moyen de transport, des compartiments aux toilettes, en passant par les dépôts techniques et, bien entendu, le toit lors d’un final spectaculaire.

Gare à l’échec commercial!

L’ensemble se regarde donc toujours avec plaisir, d’autant que le duo formé par Gene Hackman et Anne Archer fonctionne plutôt bien. Lui incarne un district attorney pas forcément habitué au terrain qui multiplie les erreurs de jugement, tandis qu’Anne Archer interprète une femme plus forte qu’elle en a l’air. Pour une fois dans la carrière de l’actrice, celle-ci ne se contente pas de n’être qu’une potiche à côté du héros masculin et démontre un certain talent d’incarnation.

Le seul témoin, Narrow Margin, jaquette

© 2023 StudioCanal. Tous droits réservés.

Programme efficace, mais limité par son script très linéaire et prévisible de bout en bout, Le seul témoin n’a pas séduit les critiques de l’époque qui n’y ont vu qu’une banale série B de plus. Leur avis n’est pas erroné, mais le joli travail de Peter Hyams sur la photographie et la pertinence de sa réalisation le place tout de même un peu au-dessus du panier. Cela n’a pas empêché le film d’être un gros échec au box-office américain en ne récoltant que 10,8 M$ (soit 24,1 M$ au cours de 2023), ce qui en fait l’un des plus mauvais résultats du réalisateur sur le territoire américain.

Narrow Margin ne fut pas la locomotive attendue

Le seul témoin n’a pas vraiment pu compter sur l’international pour se refaire une santé. En France, il sort en pleine période de crise du cinéma lors d’une semaine chargée en nouveautés autrement plus intéressantes. Ainsi, ce 9 janvier 1991, Le seul témoin doit affronter la concurrence de L’expérience interdite (Schumacher) qui va séduire la jeunesse, du Mystère von Bulow (Schroeder) qui va attirer les cinéphiles plus exigeants, de L’exorciste, la suite (Blatty) ou encore de Desperate Hours (Cimino) dans le registre similaire du remake d’un vieux classique de la série B. Le film de Peter Hyams est le grand perdant avec seulement 15 055 cheminots parisiens dans les salles. Il finit carbonisé à 22 761 entrées dans la capitale. En France, il double tout juste sa mise avec 44 917 voyageurs à son bord.

Depuis, le long-métrage a été publié une fois en VHS, puis largement oublié jusqu’à sa sortie récente en DVD / Blu-ray dans la collection Make My Day de Jean-Baptiste Thoret sous son titre original de Narrow Margin. Peut-être est-ce le moyen pour le public de découvrir enfin cette série B valeureuse, mais loin d’être exceptionnelle.

Critique de Virgile Dumez

Box-office :

Très mal sorti, avec une affiche peu attractive et un casting dépassé, Le seul témoin ne donne pas confiance aux exploitants. Ils ne sont que 11 à lui faire confiance sur Paris contre 16 pour L’exorciste III et 30 pour L’expérience interdite. Même Milena de Véra Belmont avec Valérie Kaprisky trouve 14 écrans, quant à Desperate Hours et Le mystère Von Bulow sont respectivement placés dans 12 et 13 cinémas.

Le seul témoin (Narrow Margin, en blu-ray chez StudioCanal), est la 6e sortie du mercredi 9 janvier sur Paris, avec 1 567 spectateurs. Rien d’étonnant au vu de l’échec américain, avec 10M$ de recettes et une 102e place annuelle.

A l’issue de sa première semaine, le thriller de Peter Hyams est dans de sales draps : 15e sur Paris avec 15 055 spectateurs. La périphérie est réfractaire ‘(2 écrans) et en intra-muros les 9 salles le projetant ne comptent pas le garder longtemps, malgré l’appui du distributeur AMLF. Le George V, les Pathé Marignan/Clichy/ Montparnasse / Hautefeuille / Français, la Fauvette, le Gaumont Alésia et le Forum Horizon le projettent sans espoir d’en faire grand-chose.

Aussi, en deuxième semaine, Le seul témoin perd 5 écrans et ne reste diffusé que sur l’intra-muros dans 6 cinémas, dont le Forum Orient Express, l’antichambre du Forum Horizon, pour les fins d’exclusivités. Avec 5 995 entrées, la messe est dite. Ce film noir est à 21 050 témoins gênants.

C’est donc en troisième semaine que la mort frappe : 1 711 spectateurs au George V et au Pathé Français, pour un total désolant mais prévisible de 22 761 spectateurs.

Sur la province, Narrow Margin est très mal exploité, avec peu de cinémas qui le diffuseront. La plupart des grandes villes passeront. Il faudra attendra la cassette vidéo chez Delta, éditeur puissant de l’époque, pour que le visuel soit repensé afin de mieux attirer la clientèle. Effectivement, la jaquette lui sera beaucoup plus avantageuse. On ne parle même pas du visuel très seventies qui lui est attribué en blu-ray, dans la collection de Jean-Baptiste Thoret. A chaque fois, ce n’est plus le même film qui est marketé.

Box office de Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 9 janvier 1991

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Le seul témoin, l'affiche

© 1990 Carolco Pictures – StudioCanal / Affiche : A.R.P. (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

Peter Hyams, Gene Hackman, M. Emmet Walsh, J.T. Walsh, Anne Archer, James Sikking, Harris Yulin

Mots clés

Les trains au cinéma, Les cavales au cinéma

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Le seul témoin, l'affiche

Bande-annonce de Le seul témoin (VO)

Policier, Thriller

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