Polar mou du genou, Presidio, base militaire, San Francisco souffre d’un script un peu trop léger et de digressions sentimentales ineptes. Quelques bonnes scènes d’action viennent agrémenter la projection, sans en relever pleinement le niveau.
Synopsis : Au sein de la base militaire de Presidio à San Francisco, un meurtre a été commis. Le policier Jay Austin mène l’enquête auprès du colonel Caldwell. Les deux hommes qui se connaissaient dans le passé ne se réjouissent pas de ces retrouvailles. Leur mésentente va grandissante jusqu’au jour où Jay et la fille de Cadwell, Donna, tombent amoureux.
Critique : Ecrit par Larry Ferguson (Highlander, A la poursuite d’Octobre Rouge) au milieu des années 80, le scénario de Presidio, base militaire, San Francisco a traîné pendant quelques temps dans les tiroirs de la Paramount, avant d’être enfin exhumé en 1988. Le projet devait tout d’abord échoir à Tony Scott, mais c’est finalement le cinéaste Peter Hyams qui se retrouve à la barre.
Mêmes hésitations au niveau du casting puisque Jeff Bridges, Kevin Costner et Don Johnson ont été tour à tour pressentis pour tenir le rôle du flic incarné dans le produit fini par Mark Harmon. Plutôt connu comme acteur de séries télévisées, ce dernier arrive sur le tournage au dernier moment grâce au succès remporté par sa prestation dans la série Clair de lune en 1987. Il est opposé ici à Sean Connery qui est alors au sommet de sa popularité et retrouve ici son cinéaste de l’excellent Outland (1981).
Cela démarre d’ailleurs plutôt bien, avec une première séquence de meurtre correcte, suivie de près par une impressionnante course-poursuite nocturne dans les rues de San Francisco. Certes, on est loin de la maestria de la poursuite de Bullitt (Yates, 1968), mais Peter Hyams est un réalisateur parfaitement à l’aise dans l’action, sachant impulser rythme et lisibilité à ses images. Par la suite, l’affaire contraint un policier civil à venir enquêter dans la fameuse base de Presidio qui est célèbre aux Etats-Unis. Le jeune loup devra faire face à l’opposition de la hiérarchie militaire, hostile à une intrusion extérieure.
Posé dès le début du film, l’antagonisme entre le personnage de tombeur incarné par Mark Harmon et celui du militaire bourru interprété par Sean Connery est trop rapidement établi. Il se trouve que le flic est déjà passé par cette base et qu’une autre affaire interne a déjà opposé les deux hommes. Une fois cet antagonisme posé, les auteurs ont cru bon d’introduire un personnage féminin en la personne de Meg Ryan. Dès lors, le long-métrage s’oriente vers une sorte de drame romantique. La fille du militaire devient elle aussi un enjeu de dispute entre les deux protagonistes masculins.
Cette sous-intrigue prend malheureusement trop souvent le pas sur une enquête qui lambine sévèrement. On devine donc quasiment tout une bonne demi-heure avant les personnages, tandis que leurs atermoiements personnels ne nous intéressent guère. Au bout qu’une quarantaine de minutes, Presidio semble s’enliser dans des digressions narratives qui n’ont d’autre objet que de prolonger inutilement une intrigue trop légère pour tenir sur la durée.
Comme on n’éprouve aucune sympathie particulière pour des personnages globalement antipathiques, le film sombre peu à peu dans le téléfilm du pauvre et nous ennuie.
Ce ne sont pas les deux ou trois petites scènes d’action qui parsèment le tout qui permettent de nous éveiller, même si cela relance durant quelques minutes notre intérêt. Il s’agit en tout cas d’une vraie déception puisque le cinéaste Peter Hyams a parfois su nous captiver. Il échoue ici en partie, ce qui peut sans doute expliquer la contre-performance du long-métrage au box-office.
Ainsi, aux Etats-Unis, le film n’a glané que 20,3 millions de dollars. A l’international, son écho fut également minime comme on peut le voir en France où il n’a attiré que 337 399 spectateurs, soit l’un des plus mauvais scores de Sean Connery au box-office national durant les années 80. Il est important de noter également que le film a stoppé net les espoirs de succès de Mark Harmon sur grand écran. Ce dernier a toutefois obtenu sa revanche à la télévision dans les années 2000. Quant à Meg Ryan, elle allait enchaîner avec Quand Harry rencontre Sally (Reiner, 1989) qui allait en faire une star de comédie romantique.
Critique du film : Virgile Dumez
© 1988 Paramount Pictures. Tous droits réservés.