Richard Fleischer fait partie de cette classe de réalisateurs qui ont fait toute leur carrière au sein des grands studios hollywoodiens, tournant des films de commande dans tous les genres possibles, avec pour souci constant de proposer un divertissement de grande qualité. Il traverse ainsi plus de quarante ans de l’histoire du cinéma et signe une petite poignée de classiques. Fils de l’auteur de dessins animés Max Fleischer, il naît à New York en 1916. Il fait des études d’architecture avant de devenir journaliste, puis scénariste à partir de 1942. Il se lance dans la réalisation en 1946, avec un certain nombre de polars teigneux et de films noirs qui se réfèrent à l’expressionnisme allemand. L’œuvre la plus emblématique de cette période est L’énigme du Chicago Express (1952).
Le temps des grosses productions
Passant à la Fox, il a la droit à des budgets de plus en plus conséquents, mais le triomphe l’attend avec une luxueuse production Disney : l’adaptation de 20 000 lieues sous les mers (1954) avec Kirk Douglas et James Mason en tête d’affiche. Dès lors, le cinéaste entre dans la cour des grands et tourne de nombreuses œuvres prestigieuses auxquelles il arrive à insuffler un véritable souffle épique. Des Vikings (1958), toujours avec Kirk Douglas, au Voyage fantastique (1966) en passant par Barabbas (1962) avec Anthony Quinn, Fleischer est un artisan sérieux qui prend garde de ne pas trop s’impliquer personnellement et se met toujours au service du film et de l’histoire qu’il raconte. Il se surpasse avec l’excellent thriller Le génie du mal (1959), récompensé par un triple prix d’interprétation à Cannes.
La période la plus riche du cinéaste
La fin des années 60 et le début des années 70 constituent la période la plus riche de sa filmographie avec de nombreux grands films. Il révolutionne le thriller urbain en suivant les méfaits d’un serial killer dans L’étrangleur de Boston (1968) où il utilise le nouveau procédé du split screen (l’écran de cinéma est divisé en plusieurs parties, permettant de suivre différentes actions simultanées). Il revisite la grande épopée guerrière avec Tora ! Tora ! Tora ! (1970) et enchaîne avec un excellent thriller à huis clos, L’étrangleur de la place Rillington (1971) dont l’atmosphère étrange marque longtemps l’esprit du spectateur. Les années 70 sont moins riches en métrages majeurs, même si le cinéaste parvient à réaliser un chef-d’œuvre d’anticipation, Soleil vert (1973), et un très controversé film sur l’esclavage, Mandingo (1975).
Le temps du déclin
Dès lors, le manque d’inspiration se fait sentir et les dernières tentatives du vétéran se soldent par des échecs commerciaux autant qu’artistiques. Si son Conan le destructeur (1984) possède encore un certain charme désuet et kitsch, on sera moins tolérant envers des ratages comme Amityville 3D (1983) ou encore le risible Kalidor (1985). Richard Fleischer met officiellement fin à sa carrière en 1989, avant de s’éteindre en mars 2006, fier d’avoir, en une cinquantaine de films, visité avec passion tous les genres populaires du cinéma hollywoodien… ou comment faire rimer artisan avec artiste.