Desperate Hours – la maison des otages : la critique du film (1991)

Thriller | 1h45min
Note de la rédaction :
4/10
4
Desperate Hours, l'affiche

  • Réalisateur : Michael Cimino
  • Acteurs : Mickey Rourke, Anthony Hopkins, Mimi Rogers, Lindsay Crouse, Kelly Lynch, Elias Koteas, David Morse, James Rebhorn, Shawnee Smith
  • Date de sortie: 09 Jan 1991
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Desperate Hours
  • Scénaristes : Lawrence Konner, Mark Rosenthal
  • D'après un roman de : Joseph Hayes
  • Compositeur : David Mansfield
  • Directeur de la photo : Douglas Milsome
  • Monteur : Christopher Rouse
  • Producteurs : Michael Cimino, Dino De Laurentiis, Alan Ladd Jr. , Martha De Laurentiis
  • Société de production : Dino De Laurentiis Company, MGM, United Artists
  • Distributeurs : Forum Distribution (France), Metro-Goldwyn-Mayer (USA)
  • Distributeur (reprise) :
  • Date de reprise :
  • Editeur vidéo : Zeed Production (VHS, 1991), Gaumont Columbia TriStar (VHS, réédition), MGM (DVD), Carlotta (Blu-ray, DVD)
  • Date de sortie vidéo : 1991 (VHS), 2004 (DVD), 9 mars 2016 (DVD, Blu-ray),
  • Budget : 18 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie 106 840 entrées / 45 790 entrées
  • Box-office USA : 2 742 912 $
  • Format : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm) / Dolby Stéréo
  • Récompenses : 1 nomination aux Razzies 1991 (Mickey Rourke, catégorie du pire acteur)
  • Illustration : Guy Peellaert
  • Copyrights MGM © Desperate Hours (La Maison Des Otages) 1990 Dino De Laurentiis Communications. All Rights Reserved
  • Remake de : La maison des otages (The Desperate Hours) de William Wyler (1955)
Note des spectateurs :

Malgré un casting alléchant et un réalisateur culte aux commandes, Desperate Hours, nouvelle version d’un thriller domestique adapté d’un classique de William Wyler (1955), souffre d’un script incohérent et d’un montage charcuté par les producteurs. Le résultat est loin d’être satisfaisant.

Synopsis : Michael Bosworth, traduit en justice pour avoir grièvement blessé un policier, s’évade du tribunal avec l’aide de sa jeune maitresse, l’avocate Nancy Breyers. Il rejoint son frère et le compagnon de ce dernier et ils s’enfuient en direction du Mexique. En attendant l’arrivée de Nancy, qui doit les aider à passer la frontière, ils se réfugient dans un paisible pavillon d’une banlieue résidentielle où Nora Cornell est seule à cette heure matinale. Mais bientôt Tim, son mari, et leurs enfants, May et Zack, regagnent la maison, où la tension monte rapidement.

Critique : Alors qu’il vient de connaître une énième déconvenue commerciale avec Le sicilien (1987), le réalisateur Michael Cimino entame une nouvelle traversée du désert, avant que Dino De Laurentiis le rappelle pour un nouveau polar, après leur expérience commune sur L’année du dragon (1985). Mickey Rourke lui-même a, semble-t-il, suggéré son nom, après le départ de plusieurs réalisateurs dont William Friedkin. Cette œuvre de commande est une nouvelle adaptation d’une célèbre pièce de théâtre de Joseph Hayes produite au milieu des années 50 avec Paul Newman dans le rôle principal sur les planches. Rapidement, la pièce a été adaptée par William Wyler sur grand écran sous le titre La maison des otages (1955) avec Humphrey Bogart. Cette première version n’a d’ailleurs généralement pas très bonne presse, aussi il pouvait être intéressant d’en livrer une nouvelle adaptation. Avec Michael Cimino aux manettes et Mickey Rourke devant la caméra, tous les espoirs étaient permis.

Desperate Hours, la maison des otages en VOD

MGM © Desperate Hours (La Maison Des Otages) 1990 Dino De Laurentiis Communications. All Rights Reserved

Malheureusement, le cinéphile déchantera assez vite devant le résultat final, paraît-il massacré au montage par les producteurs, ce qui se ressent d’ailleurs à de nombreux moments durant la projection. Pourtant, cela commence plutôt bien avec une première séquence se déroulant dans les superbes paysages de l’Utah. On y retrouve le goût de Cimino pour les grands espaces et son sens immédiat du cadre. Cette maestria formelle s’effondre pourtant dès que le huis clos se met en place au cœur de cette maison dont Cimino cherche sans cesse à s’évader. On le sent frustré de ne pouvoir déplacer sa caméra à son aise et sa gestion des intérieurs laisse même à désirer. Par contre, dès qu’il décide de suivre le périple de David Morse dans les paysages splendides de l’Amérique mythique, le cinéaste retrouve son lyrisme et livre la meilleure séquence du métrage, et de très loin.

Le reste du temps, il se contente d’illustrer assez platement un script qui n’a guère d’intérêt et qui repose surtout sur un pitch absurde. Pourquoi s’embarrasser d’otages lors d’une cavale, alors qu’il suffisait de trouver une planque peinarde pour laisser retomber la pression ? Par la suite, d’autres incohérences viennent s’ajouter à la liste, ce qui paraît accentué par un montage étrange s’attardant parfois trop longuement sur des éléments inutiles et pratiquant des ellipses incompréhensibles sur des éléments fondamentaux de l’intrigue.

MGM © Desperate Hours (La Maison Des Otages) 1990 Dino De Laurentiis Communications. All Rights Reserved

Ajoutons également à cela une interprétation pas toujours maîtrisée d’un casting très inégal. Mickey Rourke – apparemment insupportable sur le plateau, selon ses partenaires de l’époque – frise parfois le ridicule lorsqu’il pète les plombs tandis qu’Anthony Hopkins est également à la lisière du cabotinage, lui qui allait enchaîner avec le tournage du Silence des agneaux faisant de lui une star planétaire. Mais c’est surtout du côté des femmes que les choses se gâtent : si Mimi Rogers s’en tire bien en mère de famille digne et courageuse, on est davantage réservé sur les prestations de Lindsay Crouse en flic masculine roulant des mécaniques et surtout de Kelly Lynch, totalement insipide en avocate tombée sous le charme de son malfrat de client. Par son incapacité à incarner cette femme, à la fois fatale et victime, elle amoindrit la portée du film et pousse l’ensemble vers le téléfilm de fin de soirée type Hollywood Night.

Si Cimino tente bien de glisser çà et là quelques notations personnelles sur l’Amérique, cela reste vraiment à l’état embryonnaire et il ne subsiste quasiment rien de ces intentions dans le film, à tel point que l’on est davantage marqué par l’aspect réactionnaire du récit. Il s’agit finalement ici de châtier le Mal qui s’abattrait sur une gentille famille américaine, bien bourgeoise et conventionnelle. Par l’absence d’approfondissement de la psychologie des personnages, Desperate Hours se contente d’aligner les passages obligés du thriller domestique comme il en fleurissait alors sur les écrans américains. Rien ne le distingue finalement du tout-venant, sauf son incapacité à créer la tension voulue par le genre. L’échec de Cimino est presque total puisqu’il est incapable de transformer cette commande en film d’auteur pertinent, tout en ne s’acquittant pas du contrat passé avec le spectateur en matière de frissons.

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Pas étonnant donc de constater l’échec public du film partout où il a été diffusé. Il faut dire que Mickey Rourke était déjà un acteur has-been qui entamait alors son interminable traversée du désert, tandis qu’Anthony Hopkins n’était pas encore identifié par le grand public malgré une longue carrière au cinéma. Quant à Michael Cimino, le film s’ajoute à la longue liste de ses échecs commerciaux, mais cette fois-ci largement justifié. Il ne tournera plus qu’un seul long-métrage par la suite, à savoir Sunchaser en 1996.

Sorti en France la même semaine que L’expérience interdite (Schumacher) et Le mystère Von Bulow (Schroeder), Desperate Hours n’est entré qu’à la douzième place du box-office parisien pour sa première semaine. Dans une combinaison similaire, le film de Barbet Schroeder a généré trois fois plus d’entrées. C’est dire l’ampleur du désaveu.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 9 janvier 1991

MGM © Desperate Hours (La Maison Des Otages) 1990 Dino De Laurentiis Communications. All Rights Reserved Illustrateur : Guy Peellaert

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